Donald Trump veut nommer un nouveau juge à la Cour suprême « sans délai » – Le Monde

Donald Trump, le 18 septembre 2020, à la Maison Blanche.

Donald Trump a affirmé samedi 19 septembre qu’il était dans « l’obligation » de nommer un nouveau juge à la Cour suprême « sans délai » au lendemain de la mort de sa doyenne Ruth Bader Ginsburg.

Nommer les magistrats du temple du droit est « la décision la plus importante » pour laquelle un président est élu, a-t-il justifié dans un Tweet, alors que l’opposition démocrate lui demande de ne pas exercer ce pouvoir avant la présidentielle du 3 novembre.

Mais Donald Trump semble décidé à s’engager dans la désignation au pas de charge d’un nouveau juge, qui ferait basculer la Cour suprême dans le camp conservateur pour plusieurs décennies.

Enjeu considérable

L’enjeu est considérable puisque l’institution tranche les principales questions de société, comme l’avortement, le droit de porter des armes ou les droits des homosexuels, qui sont souvent aussi les lignes de fracture d’une société américaine plus divisée que jamais. La Haute Cour a aussi le dernier mot sur les litiges électoraux, comme lors de la présidentielle de 2000 finalement remportée par George W. Bush face à Al Gore.

Selon la Constitution des Etats-Unis, le président nomme à vie les neuf sages de la Cour suprême, qui doivent tout de même obtenir un feu vert du Sénat. Les républicains disposent d’une majorité de 53 sièges sur 100 à la Chambre haute et leur chef, Mitch McConnell, maître de l’ordre du jour, a déjà fait savoir qu’il organiserait un vote si Donald Trump annonçait son choix. Il avait pourtant refusé d’auditionner un candidat nommé par Barack Obama en 2016, au motif qu’il ne fallait pas prendre une telle décision en pleine année électorale.

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Certains élus républicains modérés, qui font face à des campagnes de réélection compliquées, pourraient être gênés par ce changement de pied et la lutte pour les convaincre devrait être acharnée. La sénatrice républicaine de l’Alaska Lisa Murkoswki avait ainsi déclaré, vendredi 18 septembre, avant l’annonce du décès de Ruth Bader Ginsburg, qu’elle n’approuverait pas la nomination d’un nouveau juge au sein de la Cour suprême à moins de cinquante de jours de l’élection.

Biden et Obama appellent Trump à la retenue

De leur côté, les progressistes veulent en effet à tout prix éviter que Donald Trump fasse entrer un troisième juge à la Cour suprême car cela ancrerait de manière durable dans le conservatisme cette institution clé, arbitre des grands débats de la société américaine.

Donald Trump a déjà nommé deux juges lors de son mandat. Neil Gorsuch, investi en avril 2017, avait remplacé Antonin Scalia, mort un an plus tôt. Un autre juge conservateur, Brett Kavanaugh, a lui pris la place d’Anthony Kennedy, en 2018. Le camp conservateur dispose actuellement de cinq juges.

A 45 jours de l’élection présidentielle, le candidat démocrate Joe Biden et l’ex-président Barack Obama ont immédiatement mis en garde Donald Trump. « Les électeurs doivent choisir le président, et le président doit proposer un juge au Sénat », a dit Joe Biden. Barack Obama a appelé son successeur républicain à s’abstenir alors que « des bulletins de vote sont déjà déposés » pour le scrutin du 3 novembre, par anticipation ou par correspondance.

Le Monde avec AFP

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