DOCUMENT FRANCEINFO. Karting en prison : “Je comprends l’émoi mais Fresnes ce n’est pas ça”, se défend le dire – franceinfo

Ce sont les premiers mots du directeur de la prison de Fresnes depuis le début de la polémique “Kohlantess”, fin juillet. Un jeu inspiré de Koh Lanta dans lequel des détenus affrontaient des surveillants et des habitants de la commune du Val-de-Marne. L’épreuve de karting a choqué, jusqu’au ministre de la Justice, qui a lancé une enquête. “C’était une activité de prévention, pas de réinsertion”, assure aujourd’hui Jimmy Delliste. Il s’est expliqué à l’occasion d’une visite à Fresnes de la députée Renaissance Caroline Abadie que franceinfo a pu suivre, mercredi 24 août.

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“Je pense qu’il faut ramener les choses à leur juste valeur, même si je comprends l’émoi que ça peut générer au niveau de l’opinion. Mais Fresnes, ce n’est pas ça”, se défend Jimmy Delliste devant la député Caroline Abadie, vice-présidente de la Commission des lois. Il resitue la course de karting dans le dispositif. “Ce projet, ce n’était pas uniquement la participation de détenus au karting : il y a deux personnes détenues qui ont concouru, deux agents et deux membres de l’association extérieure, pour une épreuve de dix minutes.” Mais il reconnaît aujourd’hui que “le choix des épreuves était inadapté”. “Il suffit de voir ce qu’en pense l’opinion publique, que je respecte énormément.”

Jimmy Delliste reste convaincu que cette journée “avait énormément de sens. “La genèse du projet, c’était que la prison fasse passer un message auprès des jeunes du quartier”, explique-t-il. Il insiste sur cette notion d’ouverture et la participation de jeunes de la ville. “On est en prison, c’est normal que ce soit l’occupation de la population incarcérée qui soit mise en lumière, mais c’était une activité de prévention, pas de réinsertion, à l’initiative d’une assocation de jeunes du quartier, qui étaient présents, insiste-t-il. À Fresnes, on essaye de montrer que ce qui se passe à l’extérieur peut aussi se produire dans l’établissement mais il faut que cela ait du sens”, poursuit le directeur du centre pénitentiaire. Il raconte ce que l’association à l’origine de “Kohlantess” lui a dit pour présenter son projet : “Ils m’ont dit : ‘on voit ces gros murs depuis qu’on est petits à Fresnes, on milite pour que nos jeunes arrivent à s’en sortir, on vous propose cette journée-là’.”

Jimmy Delliste a étudié le projet et a dit oui, à plusieurs conditions. “Il fallait que le personnel accepte d’y participer et que le coût ne soit pas supporté par l’établissement.”

“Ce n’était pas uniquement un concours, insiste Jimmy Delliste. Le but était aussi de concourir pour une association, sinon on ne le faisait pas. Les jeunes l’ont fait pour leur association, et les surveillants pour une association du personnel en mémoire d’une de leurs collègues décédée. Pour moi, c’était une opération de prévention à laquelle il me semblait utile d’associer les personnes détenues. Il y avait vraiment une satisfaction générale chez tous ceux qui étaient présents, au-delà de tout ce qu’on peut dire après coup.

“‘Kohlantess’ a peut-être été une autorisation malheureuse, mais cette journée est à souligner en termes de cohésion entre les jeunes du quartier, les personnes incarcérées et les surveillants.”

Jimmy Delliste, directeur de la prison de Fresnes

à franceinfo

“KohLantess” a aussi été l’occasion pour les surveillants pénitentiaires de Fresnes d’acquérir “du respect et de l’autorité” auprès des détenus, selon le directeur de la prison Jimmy Delliste. “C’est aussi une manière de lutter contre les violences, ajoute-t-il. Être surveillant, c’est réserver beaucoup de son temps à maintenir la sécurité mais c’est aussi changer le positionnement de l’agent vis-à-vis des personnes détenues.” Outre la course de karting, des matchs de football entre détenus et surveillants sont d’ailleurs parfois organisés dans ce but dans la prison.

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