Docker est dans le pétrin, voici pourquoi
L’entreprise Docker est en difficulté. Dans une note de service qui a fait l’objet d’une fuite, le PDG de Docker, Rob Bearden, a fait l’éloge des collaborateurs – malgré “l’incertitude [qui] entraîne des défis importants” et “la persévérance malgré le manque de clarté que nous avons connue ces dernières semaines”.
Manque de clarté à quel propos ? Des sources proches de l’entreprise disent que c’est assez simple en fait : Docker a besoin de plus d’argent.
En effet, Rob Bearden a commencé sa note en disant : “Nous nous sommes engagés auprès des investisseurs pour obtenir plus de financement afin de continuer à mettre en œuvre notre stratégie. J’aimerais vous faire part d’une mise à jour rapide de notre situation. Nous sommes actuellement en négociation active avec deux investisseurs et nous travaillons sur les modalités définitives. Nous devrions être en mesure de vous fournir une mise à jour plus complète d’ici quelques semaines.”
La cash vient à manquer
Docker a déjà amassé 272,9 millions de dollars, mais l’entreprise n’est pas rentable. Ses investisseurs originels – ME Cloud Ventures, Benchmark, Coatue Management, Goldman Sachs et Greylock Partners – regrettent que Docker ne soit toujours pas proche d’une IPO.
L’ancien PDG, Steve Singh, avait promis en mai 2019 que Docker aurait un flux de trésorerie positif à la fin de l’exercice actuel. Cela ne semble pas être le cas. Sinon, Docker n’aurait pas besoin de chercher des capitaux supplémentaires.
Que s’est-il passé ? En fait, Docker a des problèmes depuis un moment. Il y a eu des rumeurs selon lesquelles l’entreprise pourrait être vendue.
Où est le business plan ?
Mais son problème central est le même depuis longtemps : Docker n’a pas de business plan viable. C’est en partie parce que Docker espérait faire de l’orchestration de conteneurs, avec Docker Swarm comme centre de profit. Puis vint Kubernetes, et ce fut la fin de cet espoir. Kubernetes est devenu l’orchestrateur de conteneur le plus utilisé, laissant peu de place aux autres. Et Docker a également adopté Kubernetes.
Dans un récent entretien, Scott Johnston, chef produit de Docker, a déclaré : “Docker peut ajouter des services de développement, des services CI/CD, des services de gestion de contenu et des services de sécurité sur ce substrat, qu’il s’agisse de notre cluster Kubernetes ou de celui d’un autre.”
Cela peut sembler bien. Mais comme tout le monde est allé sur Kubernetes, il est difficile de voir ce que Docker a à offrir en plus que d’autres ne peuvent offrir.
Fâché avec la communauté open source
Docker ne s’est pas non plus fait d’amis dans la communauté open-source. L’investisseur et technologue Ben Kepes a tweeté : “Docker a été victime de sa propre arrogance et d’hubris. Ils pensaient qu’ils pouvaient créer un jardin propriétaire à l’arrière d’un projet OSS (open source) et ne voyaient pas qu’il n’y avait pas de moyen évident d’extrapoler les revenus de leur modèle.”
Docker a également pris des décisions techniques très tôt avec le programme Docker, ce qui a mis de côté quelques acteurs de l’écosystème. Red Hat, par exemple, a remplacé Docker pour des raisons de sécurité.
En l’absence d’une vaste communauté open-source et avec un business plan dépendant de Kubernetes, les nuages sombres s’accumulent au dessus de Docker.
Article “Docker is in deep trouble” traduit et adapté par ZDNet.fr