Docaposte, Sofrecom et leurs ambitions communes en Afrique et au Moyen-Orient

Docaposte, Sofrecom et leurs ambitions communes en Afrique et au Moyen-Orient

Docaposte, la division numérique de La Poste, et Sofrecom, la filiale d’Orange spécialisée dans le conseil et l’ingénierie dans les télécoms, se rapprochent pour monter des projets numériques communs en Afrique et au Moyen-Orient. Dans le cadre d’un partenariat, ils vont fournir du conseil, des études, des solutions et des méthodes agiles aux opérateurs télécoms, gouvernements et institutions présents sur ces marchés.

Leur offre commune va de la définition d’une stratégie numérique au déploiement de solutions numériques de confiance. L’avènement de la 5G, du haut débit ou encore le développement du cloud sont autant de thématiques qui peuvent intéresser ces pays en quête de numérisation et les acteurs telcos sur le terrain, à divers stades de leur développement. Si les ambitions sont immenses, le jeu en vaut la chandelle. A travers ce partenariat, Docaposte espère bien étendre sa présence à l’international, après la France et l’Europe, tandis que Sofrecom saisit cette occasion pour se projeter davantage vers la fourniture de services numériques de bout en bout.

« La digitalisation, cela fait une dizaine d’années que nous en parlons. En tant que cabinet de conseil et d’ingénierie, nous accompagnons gouvernements et opérateurs télécoms à définir et à déployer des stratégies du numérique qui sont les premières étapes d’un projet de digitalisation. Il semble essentiel aujourd’hui d’aller au-delà et de  proposer des briques d’e-services car les besoins sont là » indique Claire Khoury, directrice du digital, du marketing et de la communication de Sofrecom, à ZDNet.

Et les deux partenaires ne partent pas de rien dans cette aventure, car ils ont appris à travailler ensemble par le passé. « Dans le secteur du numérique, ce partenariat est la concrétisation d’un travail de fond que Docaposte a engagé avec Sofrecom il y a quelques années, et qui a permis de construire un esprit de confiance et de travail commun pour œuvre à l’intérêt général dans des secteurs où nous agissons au quotidien, comme le secteur public » souligne Smara Lungu, directrice marketing stratégique, veille concurrentielle et écosystèmes stratégiques chez Docaposte, à ZDNet.

En tout état de cause, « cela ne sert à rien d’avoir des réseaux très haut débit si il n’y a pas de services à apporter » fait remarquer Olivier Nicolas, directeur de Softeam (marque de Docaposte).

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Poser les bases de la confiance numérique

Ces services, c’est sur le terrain de la confiance numérique qu’il faut les chercher, l’un des sujets de prédilection de Docaposte. Les trois spécialistes déclarent que les solutions d’identification figurent en haut de la liste des priorités en Afrique et au Moyen-Orient. « Ce qui me semble très important, c’est le fait qu’au-delà d’être un facteur d’inclusion, de sécurisation et de développement économique, c’est aussi en réalité une étape indispensable dans le parcours client. Nous sommes sur des marchés en démarrage sur ces sujets. Plus nous proposerons des bases de  confiance de sécurité de bout en bout, mieux nous serons en capacité par la suite de décliner des offres de valeur sans être obligé de repasser par la législation et la réglementation pour corriger ce qui n’a pas été correctement posé. Pour nous, c’est un asset indispensable » déclare Smara Lungu.

Olivier Nicolas constate de son côté que « les pays africains souhaitent introduire de la transparence dans leurs processus, notamment administratifs. Ils souhaitent aussi introduire de la digitalisation avec des solutions de confiance ou encore de la preuve sur la longue durée avec de  l’archivage numérique. » En Côte d’Ivoire, par exemple, Docaposte et Sofrecom ont participé à la numérisation des relations entre les entreprises et les tribunaux de commerce. « Tous ces processus-là étaient auparavant sur papier, et nous les avons formalisés et digitalisés » dit-il.

Docaposte et Sofrecom apprennent à composer avec des profils de clients très divers selon les régions. Tout d’abord, « dans les pays africains, beaucoup de projets d’infrastructures numériques sont financés par les bailleurs de fonds. On peut constater aussi que des partenariats internationaux se tissent pour déployer ces  infrastructures. La première difficulté rencontrée dans ces pays est de capitaliser sur ces infrastructures pour les transformer en services  pour les entreprises et les citoyens. Le premier défi, après le déploiement des infrastructures numériques, comme la fibre, la 4G et bientôt la 5G, consiste donc à aider les gouvernements et les opérateurs nationaux, à développer les services qui apportent du progrès social et économique » observe Claire Khoury. « Ensuite, la question de la monétisation de ces services est également  importante, avec un enjeu de privatisation ou de partage des infrastructures, une vraie tendance qui se développe » ajoute-t-elle.

Au Moyen-Orient, « c’est l’inverse » déclare Claire Khoury. Ces pays « ont les moyens et les technologies, mais sont plutôt en attente d’innovations et de solutions de bout en bout. Ce qui leur faut, ce sont des solutions de confiance. La question est de savoir ici comment utiliser le  numérique pour faire grandir un pays sur la place mondiale, et faire en sorte que l’innovation devienne une source d’attractivité pour le pays. » Olivier Nicolas acquiesce : « chaque État est très demandeur de passer devant le voisin dans les classements internationaux de maturité digitale » dit-il.

Les projets liés à l’environnement dans le numérique sont encore timides dans ces régions. « C’est une tendance qui émerge et sur laquelle nous travaillons actuellement pour répondre à trois enjeux des opérateurs telcos : l’adaptation des  environnements techniques aux enjeux RSE , la consommation des réseaux  mobiles et fixes et les datacenter » évoque Claire Khoury. Pour ce qui est des projets à court terme ou à moyen terme, « la demande arrive tout juste » avec « des premières demandes de nos clients au Moyen-Orient et au Maroc ». La prochaine COP 27 en Egypte devrait être « un moment privilégié pour partager des  propositions et un retour d’expériences des actions menées en Europe » espère Claire Khoury.

Le Covid a laissé des traces

La pandémie a été l’occasion de prendre conscience de certains enjeux du numérique en Afrique et au Moyen-Orient, comment dans le reste du monde. Selon Claire Khoury, « de nouveaux sujets ont émergés et les besoins se sont accélérés tel que les besoins en développement de stratégie d’hébergement de données. Il y a un recentrage des stratégies à mesure que les gouvernements prennent conscience qu’ils ont une responsabilité envers leurs citoyens dans la  protection de leurs données personnelles mais également dans la continuité de service public via le digital » indique-t-elle.

Smara Lungu place l’inclusion financière parmi les « tendances réelles » qui explosent dans les pays du Sud. « Je trouve qu’il y a une attention particulière des pays en Afrique sur ces sujets-là, car si vous ne disposez d’aucun outil, l’exclusion peut venir rapidement. » D’ailleurs, Sofrecom veut pousser plus loin l’inclusion financière particulièrement sur le secteur du « mobile money », très populaire auprès des populations et des entreprises locales, note Claire Khoury.

De manière plus pragmatique, Olivier Nicolas obseve que le Covid a aussi laissé des traces dans la manière de collaborer sur des projets. Dorénavant, les discussions entre Docaposte, Sofrecom et leurs clients passent par la visioconférence. Cela n’aurait jamais fonctionné avant la pandémie, car les rencontres physiques étaient toujours privilégiées au reste, assure ce dernier. Toutefois, même si le numérique s’immisce de plus en plus dans les relations commerciales, Olivier Nicolas est convaincu que la présence physique demeure incontournable, soit à travers des partenaires locaux ou des filiales, comme on en trouve notamment au Maroc et en Tunisie pour l’Afrique du Nord.

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