Divisés, les dirigeants européens échouent à se mettre d’accord sur le budget de l’UE – Le Monde

Le président du Conseil européen, Charles Michel, à Bruxelles, le 21 février.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, à Bruxelles, le 21 février. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »

Ce devait être le grand rendez-vous de l’Europe avec la relance de son projet après le Brexit, sa remobilisation – notamment pour le « Green Deal » –, sa modernisation, et l’affirmation de sa capacité à tenir son rang sur la scène mondiale. L’occasion, aussi, pour les nouveaux dirigeants de l’Union européenne (UE) – le Belge Charles Michel au Conseil et l’Allemande Ursula von der Leyen à la Commission – d’affirmer leur rôle. Mais ce fut surtout un échec.

Après deux jours de négociations denses, et souvent tendues, les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement ont quitté Bruxelles, vendredi 21 février dans la soirée, sans parvenir à se mettre d’accord sur le budget européen pluriannuel pour la période 2021-2027, fixé, selon la proposition faite par Charles Michel, à 1 094,8 milliards d’euros, soit 1,074 % du revenu national brut européen. Aucune unanimité ne s’est dégagée autour de cette feuille de route amputée des 75 milliards d’euros de contribution britannique.

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Le sommet s’est tout au contraire achevé sur le sentiment d’un flagrant désaccord que quelques discours se voulant sereins n’ont pas apaisé. « Ce n’est pas une catastrophe », tentait de relativiser le libéral néerlandais Mark Rutte qui, durant deux jours, aura retoqué toutes les tentatives de compromis, en prenant la tête du camp des « frugaux ».

Pour Merkel, « les différences étaient trop importantes »

Ce club, dit aussi des « 4 + 1 » (Autriche, Danemark, Pays-Bas, Suède, et Allemagne), n’a en effet eu de cesse de monopoliser les négociations pour obtenir notamment le maintien de leurs rabais – un héritage légué par Margaret Thatcher en 1984 lors de sa fameuse sortie « I want my money back » (« Je veux qu’on me rende mon argent »), qui permet aux contributeurs nets d’obtenir une réduction évaluée, globalement, à 5 milliards d’euros par an.

La chancelière allemande, Angela Merkel, au Conseil européen, à Bruxelles, le 21 février.

La chancelière allemande, Angela Merkel, au Conseil européen, à Bruxelles, le 21 février. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »

Paris et d’autres capitales ont bien tenté, jusqu’au bout, de mettre un terme à cette pratique jugée par trop symbolique et injustifiée. En vain. Interrogé sur le fait de savoir s’il représentait le « nouveau Royaume-Uni », Mark Rutte a préféré botter en touche. « Non, nous ne parlons pas la même langue. »

Lors d’une brève intervention, la chancelière allemande Angela Merkel feignait, elle aussi, de minimiser l’impact de trente-six heures de négociations serrées pour rien. « On savait qu’un accord ne serait pas possible tout de suite. Les différences étaient trop importantes. » Elle ajoutait, en guise de critique (feutrée) adressée au Conseil et à la Commission, auteurs d’une proposition de dernière minute, qu’en réalité « il n’y avait pas de plan B, avec une explication quant à ce qu’il aurait signifié pour l’Allemagne ». Laquelle, selon plusieurs sources, refusait surtout de voir le montant de son rabais plafonné : il devait, selon la proposition mise sur la table, rester stable, mais seulement en terme nominal.

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