Disparus du Luberon : deux corps retrouvés enterrés – Le Parisien

« Les gendarmes ont dit à ma mère qu’on avait sûrement fait une connerie, ça m’a scié les jambes ». Au portail de sa maison de Revest-du-Bion (Alpes-de-Haute-Provence), Frédéric M. s’agaçait à la mi-janvier d’être dans le collimateur des enquêteurs qui étaient à la recherche de Julien Boumlil et Gabriel Ferchal, deux intérimaires de 25 et 26 ans, disparus depuis plusieurs semaines. Plus de deux mois plus tard, deux corps ont été découverts mardi matin sur la propriété qu’occupent Frédéric M., son petit frère Vincent et leur mère. L’aîné, un homme d’une trentaine d’années, a été placé en garde à vue, tandis que Vincent M. reste introuvable.

Le 3 décembre dernier, Julien Boumlil et Gabriel Ferchal quittent Malves-en-Minervois (Aude), un village proche de Carcassonne, et avalent plus de 300 km de route pour se rendre à Revest-du-Bion, un village des hauteurs du Lubéron. Là, les deux copains ont rendez-vous avec Vincent M., une connaissance rencontrée en « teuf », pour « un dépannage poids lourds », avait expliqué Gabriel à sa grand-mère avant de partir.

À partir de cette fin de journée, les garçons ne donnent plus de nouvelles à leurs proches. Vincent M. reconnaît auprès de la famille qu’ils sont venus chez lui mais qu’ils ont quitté sa propriété vers 21h30. Les familles donnent l’alerte et après plusieurs jours une information judiciaire pour enlèvement et séquestration sans libération volontaire est confiée à une cellule formée par la section de recherche de Marseille, les gendarmes de la brigade de recherche de Forcalquier et la Cellule d’identification criminelle de Digne-les-Bains.

« Ils ont fouillé la maison, le terrain, soulevé des branchages »

Pendant plusieurs semaines, les militaires frappent aux portes à la recherche de témoins, tendent les portraits des disparus aux automobilistes. Des plongeurs fouillent les plans d’eau et des hélicoptères scrutent la Provence, ses hauteurs rocailleuses, ses flancs escarpés et ses champs de lavande. Ces investigations se poursuivent jusqu’à Rognes, à une petite soixantaine de kilomètres au sud de Revest-du-Bion, là où le portable de l’un des disparus bornait pour la dernière fois la nuit où ils se sont volatilisés.

Mais les enquêteurs ont toujours gardé en tête la fratrie M., décrite comme « des teufeurs itinérants qui se sont un peu sédentarisés à Revest ». « Ils sont venus trois fois, ils ont fouillé la maison, le terrain, soulevé des branchages, creusé, je leur ai même prêté des pioches », nous décrivait Frédéric M à la mi-janvier.

Mardi matin, les gendarmes sont donc arrivés une nouvelle fois sur le terrain entouré de pins et de carcasses de voitures, en contrebas du bourg de Revest. Et cette fois, c’est accompagnés de membres du groupe national d’investigation cynophile (GNIC) venus de Gramat (Lot) qu’ils ont poussé le portail rouillé des frères M. Leurs chiens, éduqués à la recherche de restes humains, et dont le flair aiguisé avait permis en 2018 de retrouver la dépouille de la petite Maëlys en Savoie, ont de nouveau prouvé leur efficacité : deux corps sont découverts enterrés, nous informe une source proche de l’enquête. « Tout porte à croire qu’ils pourraient être ceux des disparus », confirme Achille Kiriakides, procureur de la République d’Aix-en-Provence. En fin de semaine, une autopsie devrait confirmer l’identité des deux cadavres.

« On les a retrouvés mais ce n’est pas ce qu’on espérait »

« Ici, nous sommes soulagés pour les familles des deux jeunes gens et satisfaits qu’il y ait une issue à cette affaire », commente Raymond Le Moign, maire de Revest-du-Bion, ce petit village d’à peine 600 habitants.

Mais dans le Sud-Ouest, à Malves-en-Minervois, le village où Julien et Gabriel ont grandi, c’est « le choc » et la douleur. Tard mardi soir, leurs familles ont été informées de la terrible découverte. « Depuis deux mois, on a tout mis en œuvre pour les trouver. Là, on les a retrouvés mais ce n’est pas ce qu’on espérait », souffle tristement un proche de la famille de Julien.

On ignore encore les circonstances de la disparition des deux amis d’enfance mais l’information judiciaire a été requalifiée et l’enquête se poursuit désormais pour homicide volontaire.

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