Disney, la SVOD sinon rien ?

Si on s’en tenait au cœur de métier de Disney, le bilan de l’année tiendrait en quelques chiffres alarmants : parcs fermés sans perspective de réouverture à court terme, films reportés de semaines en semaines, recettes publicitaires des chaînes en repli, 28.000 licenciements en cours, baisse de 82% de son résultat trimestriel, 2,8 milliards de dollars de pertes sur l’exercice. 

Disney+ flambe 

Pourtant, son nouveau patron Bob Chapeck affiche un solide optimisme. La raison ? L’incroyable performance de son offre SVOD globale qui dépasse les 120 millions d’abonnés à fin septembre.  Disney+, qui n’a pas encore un an, compte 73,7 millions d’abonnés répartis dans 20 pays au 3 octobre, dépassant son objectif initial à cinq ans au bout de 11 petits mois. Mais la firme de Burbank peut aussi compter sur ses autres services de streaming : Hulu qui comptabilise 36,6 millions d’abonnés (+27 %) et ESPN qui en a 10,3 millions, soit le triple de l’année précédent). 

Pour l’instant, et malgré les performances impressionnantes de Disney +, le streaming est synonyme de pertes : la division D2C a perdu 580 millions de dollars au cours du trimestre contre 751 millions de dollars le trimestre précédent et cela devrait continuer jusqu’en 2022 avec un début de rentabilité attendu pour 2024. L’amélioration de la perte d’exploitation du trimestre qui s’est achevé fin septembre est liée à l’amélioration des résultats de Hulu et de ESPN+, alors que Disney+ continue de brûler du cash. Hulu améliore sa situation grâce à la hausse du nombre d’abonnés et à l’augmentation des recettes publicitaires ; ESPN+ gagne aussi des abonnés et voit les revenus d’Ultimate Fighting augmenter.

Enfin, l’augmentation de plus de 16 millions d’abonnés par rapport au troisième trimestre 2020 est à mettre à l’actif de Hotstar (le service indien) qui est le principal facteur de cette hausse : les abonnés de Disney+ Hotstar représentent désormais un peu plus d’un quart de la base mondiale des abonnés au nouveau service de streaming du studio.

La pression des actionnaires

La crise liée à la COVID-19 a poussé le patron du fond activiste Third Point LLC et actionnaire minoritaire de The Walt Disney Company, Daniel S. Loeb, à demander à Bob Chapek de renoncer à verser un dividende de 3 milliards de dollars pour l’investir dans le DTC. Dans ce courrier l’actionnaire partage sa vision de ce que devrait faire Disney pour faire évoluer son modèle : « Depuis sa fondation, Disney se définit par sa créativité, sa vision audacieuse et sa maîtrise de l’avenir du divertissement. Nous partageons l’avis que Disney se lance dans l’une des plus importantes transitions de son histoire : le déplacement de la distribution des marques de divertissement les plus emblématiques du monde de la salle à la maison. » Depuis, Disney a engagé un vaste plan de transformation qui fait du streaming un axe stratégique de sa croissance.

Une fin d’année mouvementée

Disney+ doit également faire face à une promotion massive qui arrive à échéance. À partir de cette semaine, les quelques millions de clients de l’opérateur télécom américain Verizon qui se sont inscrits à Disney+ grâce à une offre gratuite d’un an doivent commencer à payer 7 dollars par mois ou annuler. Ce qui pourrait mettre un coup d’arrêt à la progression du portefeuille d’abonnés américains. Mais le groupe dirigé par Bob Chapek pourra compter sur le lancement de ses services en Amérique latine, notamment au Brésil, au Mexique, au Chili et en Argentine, puis dans d’autres pays au cours de l’année à venir. Et ce n’est pas fini, Disney lancera bientôt Star, une version étrangère de Hulu contenant des programmes provenant des propriétés de Disney comme ABC, FX, Freeform, Searchlight et 20th Century Studios.

Disney espère aussi limiter la casse grâce à ses films que le studio n’a pas pu sortir en salles : « Mulan » (déjà sorti aux Etats-Unis, « Soul » pour Noël et la série Marvel « WandaVision » début janvier. Le cabinet d’analyse Parrot Analytics souligne d’ailleurs que la nouvelle série Marvel pourrait être un accélérateur d’abonnements pour Disney+ :  la demande de pré-commercialisation de « WandaVision » aux Etats-Unis a réussi à attirer l’équivalent de 64% de la demande de pré-commercialisation de « The Mandalorian », qui reste la série la plus vue du service de streaming.

Et ce n’est sans doute pas terminé si la réouverture des salles de cinéma ne se fait pas dans des délais courts.

Bob Chapek a donné rendez-vous aux investisseurs le 10 décembre prochain pour une journée virtuelle au cours de laquelle il présentera des chiffres détaillés des activités D2C aux investisseurs.

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