Deux-Sèvres: Gérald Darmanin dénonce des «modes opératoires qui relèvent de l’écoterrorisme» – Le Figaro

RÉCIT – Après un samedi émaillé de violences, avec soixante gendarmes blessés, des militants ont sectionné dimanche une canalisation de la future réserve d’eau.

Avant l’opération Halloween à Sainte-Soline, prévue ce lundi, les opposants à la construction d’une méga- bassine d’environ 650.000 mètres cubes – soit l’équivalent de 260 piscines olympiques – sur la commune éponyme des Deux-Sèvres ont poursuivi leur mobilisation ce dimanche. Dans l’après-midi, des militants cagoulés, en bleu de travail et équipés d’une meuleuse, de pelles et de pioches, ont sectionné l’une des six canalisations censée alimenter la future réserve d’eau.

Une eau ensuite utilisée pour irriguer les cultures. « C’est une canalisation reliée à un forage de remplissage de la bassine de ­Sainte-Soline qui appartient à une Cuma (coopérative d’utilisation de matériel agricole, NDLR) ­regroupant plusieurs agriculteurs, confirme l’eurodéputé Vert Benoît Biteau, paysan présent sur les lieux samedi aux côtés de Yannick Jadot.

Des barricades en bois

Dans un climat plus calme que la veille, sous l’observation d’un hélicoptère de la gendarmerie, « 2000 personnes » étaient encore présentes dimanche sur ce terrain privé, selon la préfète du département, Emmanuelle Dubée. Une présence deux fois moins importante que la veille, où ils étaient 4000 selon les autorités, 7000 selon les organisateurs, à protester contre ce projet d’« accaparement de l’eau par l’agro-industrie (…) aberrant à l’heure du réchauffement climatique et des sécheresses à répétition ».

Les plus aguerris aux zones à défendre (ZAD) ont profité du ­repos dominical pour édifier des barricades en bois ainsi que des tours de vigie en tôle. Des installations situées à proximité du chantier où les engins de travaux publics doivent revenir dès mercredi pour creuser cette réserve d’eau. Samedi, certains radicaux ont réussi à s’introduire dans le chantier malgré l’interdiction préfectorale et la présence de nombreuses forces de l’ordre pour protéger le site. Cela a provoqué des heurts violents avec les 1 500 gendarmes, qui sont parvenus non sans mal à repousser les militants. Au total, une soixan­taine de gendarmes ont été blessés, dont un a été hospitalisé, ­selon le ministère de l’Intérieur.

En fin de journée, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a affirmé sa «volonté qu’aucune ZAD (Zone à défendre) ne s’installe dans les Deux-Sèvres comme ailleurs en France», en annonçant le maintien sur le site de «plus de 1000 gendarmes». Estimant, lors d’une déclaration, que les gendarmes mobilisés avaient «fait leur travail, de faire respecter l’Etat républicain», le ministre de l’Intérieur a dénoncé «l’écoterrorisme» dont ont fait preuve, à ses yeux une partie des manifestants – «une quarantaine de fichés S, de l’ultra gauche radicalisée (…) qui veulent le désordre et le chaos». Gérald Darmanin a reproché à Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, d’être du «côté des professionnels du désordre». Comme on lui a fait remarquer que des élus présents à la manifestation ont dit avoir été «frappés», il n’a pas répondu.

Les manifestants ont érigé des tours de guet. PASCAL LACHENAUD / AFP

«En démocratie, la loi de la majorité l’emporte»

Par ailleurs, selon les organisateurs de la manifestation, environ cinquante manifestants ont également été blessés, dont cinq hospitalisés. « L’image qu’on a vue n’était pas celle d’un rassemblement pacifique, avec des tirs de mortier en direction du visage des forces de l’ordre, s’est insurgé le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, au lendemain de l’intrusion. Ce type de manifestation ne respecte pas l’État de droit. »« En démocratie, la loi de la majorité l’emporte, a ajouté de son côté le président de la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres, Jean-Marc Renaudeau. Ces minorités violentes ne respectent pas le protocole passé avec de nom­breuses associations environnementalistes pour construire ces réserves de substitution destinées à prélever moins d’eau au printemps et à l’été. »

Les réactions politiques n’ont pas manqué. Plus particulièrement chez les Verts, à moins d’un mois de l’élection de la nouvelle direction générale du parti. « Il faut que Yannick Jadot entende qu’on a besoin de retrouver l’écologie de combat », a commenté Sandrine Rousseau, députée ­Nupes, sur BFMTV, dimanche. À droite, l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy, au micro ­d’Europe 1, a déploré une ­« certaine dérive de l’écologie ­politique » qui « renonce aux ­principes de la vie civique ».

À VOIR AUSS – Sainte-Soline: des milliers de manifestants rassemblés contre le projet de «mega bassine»

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