Destitution : un témoin-clé change de version et déclare avoir conditionné l’aide militaire à l’Ukraine aux investigations sur les Biden – Le Monde

L’ambassadeur américain auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland, a révisé son premier témoignage dans le cadre de la procédure de destitution de Donald Trump.

Le Monde avec AFP Publié hier à 22h08, mis à jour à 03h37

Temps de Lecture 3 min.

L’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland, arrive à son audition devant la Chambre des représentant, à Washington, le 17 octobre.

L’ambassadeur américain auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland, a admis, dans un témoignage aux parlementaires qui mènent l’enquête pour destituer le président américain, avoir conditionné une aide militaire destinée à l’Ukraine à l’ouverture d’une enquête sur l’un des rivaux démocrates de Donald Trump, Joe Biden. Les déclarations écrites du diplomate accompagnent la transcription d’une précédente audition devant les membres de la Chambre des représentants, rendue publique le mardi 5 novembre.

Riche professionnel du secteur hôtelier, Gordon Sondland a contribué à financer la campagne et la cérémonie d’investiture de Donald Trump, dont il est devenu proche. Il est apparu une première fois, le 17 octobre, devant la commission d’enquête de la Chambre des représentants. Les démocrates, qui y sont majoritaires, sont convaincus de tenir la preuve d’un « abus de pouvoir » du président avec les pressions exercées sur Kiev.

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Selon son témoignage, diffusé mardi sous la forme d’une révision écrite à sa première déclaration, Gordon Sondland explique avoir dit à un proche conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, lors d’une discussion en Pologne le 1er septembre, que cette enveloppe d’aide militaire – environ 353 millions d’euros – ne serait « sans doute » pas débloquée par les Etats-Unis tant que l’Ukraine n’annoncerait pas publiquement qu’elle allait enquêter sur les affaires des Biden dans le pays :

« Je me souviens maintenant avoir eu une discussion en tête à tête avec [Andreï] Yermak [conseiller de M. Zelensky] pendant laquelle je lui ai dit que le versement de l’aide américaine ne serait sans doute pas débloquée tant que l’Ukraine ne [publierait] pas la déclaration contre la corruption dont nous discutons depuis plusieurs semaines. »

L’entreprise du fils de Joe Biden mentionnée

Dans cette déclaration écrite, Gordon Sondland dit également avoir « toujours cru » que la suspension de l’aide américaine n’était pas souhaitable, tout en expliquant : « Je ne savais pas (et ne sais toujours pas) quand, pourquoi, ou par qui cette aide a été suspendue. » Avouant ne pas pouvoir se baser sur des certitudes, l’ambassadeur explique avoir « présumé que la suspension de l’aide avait été liée à une déclaration suggérée [par des proches de M. Trump] contre la corruption » et qui mentionnerait l’entreprise employant Hunter Biden, le fils de Joe Biden. C’est sur cette « présomption » qu’il aurait fait cette déclaration au conseiller du président ukrainien.

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Aux parlementaires qui lui demandaient, le 17 octobre, si la requête faite à l’Ukraine d’enquêter sur les Biden, et donc d’impliquer Kiev dans la campagne présidentielle américaine de 2020, pouvait être « illégale », M. Sondland avait répondu : « Je ne suis pas avocat mais je le suppose. »

Le directeur de cabinet de Donald Trump convoqué

Le directeur de cabinet de Donald Trump, Mick Mulvaney, a par ailleurs été convoqué pour témoigner vendredi dans l’enquête menée par les démocrates. M. Mulvaney est le plus haut responsable de la Maison Blanche à recevoir une telle convocation. Dénonçant une « mascarade », l’exécutif refuse de coopérer à l’enquête et le chef de cabinet devrait donc probablement ignorer cette demande.

L’« enquête a révélé que vous avez pu être directement impliqué dans la tentative, orchestrée par le président Trump, son agent personnel Rudolph Giuliani, et d’autres », de faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle enquête sur son rival démocrate Joe Biden, ont écrit mardi les chefs démocrates chargés de l’enquête à la Chambre des représentants.

Mardi, un conseiller de la Maison Blanche, Wells Griffith, ne s’est pas présenté à sa convocation. La veille, quatre témoins avaient ignoré le rendez-vous fixé par les démocrates. Malgré le refus de coopérer de la Maison Blanche, la commission a déjà entendu une dizaine de témoins à huis clos. Elles prévoient d’organiser bientôt des auditions publiques, qui pourraient conduire à la mise en accusation (l’impeachment) de Donald Trump. Celle-ci devra ensuite être confirmée au Sénat, tenu majoritairement par les républicains, du même parti de Donald Trump. Compte tenu du soutien dont le président dispose à la Chambre haute, cette issue paraît improbable.

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