Des policiers accusés de maltraitances, racisme et vols dans les cellules du tribunal de Paris – franceinfo

Dans des rapports datant de 2018 et 2019, un policier met en cause plusieurs de ses collègues en poste au dépôt du tribunal de grande instance de Paris. Il dénonce les insultes racistes, les vols et la maltraitance infligés aux personnes retenues en cellule.

Un policier dénonce une série d’insultes, des actes de maltraitances et des vols commis par des collègues policiers travaillant au sein du dépôt du tribunal de grande instance de Paris, a appris franceinfo lundi 27 juillet, confirmant des révélations du site Streetpress.

En 2018 et 2019, le brigadier-chef Amar Benmohamed a, à plusieurs reprises, alerté sa hiérarchie sur les agissements de plusieurs membres de l’équipe de nuit assurant la surveillance des personnes retenues dans ces cellules situées sous le palais de justice, dans l’attente de leur présentation à un magistrat.

Il a également témoigné auprès de l’IGPN dans le cadre d’une enquête pour “mauvais traitements, propos à caractère discriminatoire et propos injurieux susceptibles d’avoir été infligés à des personnes déférées au tribunal de grande instance de Paris”. Achevée en février 2020, l’enquête conclut à des faits de racismes répétés, et possiblement de maltraitance. Elle n’a pas donné lieu à un signalement au procureur, d’après son avocat Arié Alimi. Contacté par franceinfo, le parquet de Paris ne confirme aucune information.

Également contactés par franceinfo, les services de la préfecture de police de Paris confirment l’existence d’un signalement d’Amar Benmohamed en mars 2019. A l’issue de l’enquête IGPN, le préfet a décidé de saisir le conseil disciplinaire pour l’un des policiers mis en cause et a récemment pris des sanctions administratives pour cinq autres policiers allant du blâme à l’avertissement. Le gardien de la paix le plus incriminé doit passer en septembre prochain devant le conseil de discipline.

Dans un des rapports de mars 2019 que franceinfo a pu consulter, le brigadier-chef dénonce la tenue “de façon régulière” de “propos racistes à l’égard des déférés d’origine étrangère, qu’il s’agisse de personnes de type maghrébin ou africain”. Des insultes racistes et homophobes comme “Ferme ta gueule sale bougnoule, sale race, négro, sale pd” étaient fréquemment employées devant les autres fonctionnaires et même dans les hauts-parleurs du site. Amar Benmohamed cite également plusieurs collègues qui ont “pris l’habitude de traiter régulièrement de ‘bâtards’ tous les déférés qui arrivaient dans nos locaux”.

Il raconte par ailleurs que des déférés étaient “privés de nourriture durant plusieurs heures voire même durant la nuit entière” et le refus de la “remise d’un gobelet plastique permettant au déféré de boire dans un verre”. Des policiers ont également enterré des demandes d’examens médicaux formulées par les personnes retenues, affirme le brigadier-chef.

Dans un autre rapport datant de janvier 2019, Amar Benmohamed dénonce une série de vols d’objets électroniques et de liquidités appartenant à des personnes maintenues au dépôt. Il relate notamment le vol d’une tablette par un policier, ce dernier déclarant avoir “l’habitude, c’est la parole d’un bâtard contre la nôtre et je ne prends que des mecs qui ne parlent pas un mot de Français”.

Plusieurs mails de la hiérarchie, sous forme de rappels déontologiques, avaient été envoyés aux équipes en mars et en août 2019, rappelant que les “propos à caractère raciste/injurieux/discriminatoires constituent des manquements graves susceptibles de poursuites judiciaires et administratives” et que les détenus devaient “bénéficier de l’ensemble de leurs droits, en particulier les repas, la boisson, le médecin ainsi qu’une couverture”.

Arie Alimi, l’avocat qui dénonce les violences policières et qui défend Amar Benmohamed, dénonce sur franceinfo l’inertie supposée de la hiérarchie dans cette affaire : “C’est particulièrement grave, car c’est sous les pieds des magistrats que tout cela se passe, au vu et au su de toutes les autorités préfectorales, puisque le dépôt du palais de justice dépend de la préfecture de police de Paris. Ce que l’on attend, c’est qu’enfin les autorités judiciaires se saisissent de ces faits d’une gravité extrême, et fassent le ménage dans ces écuries d’Augias que constitue le dépôt du palais de justice de Paris”.

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