
Des néonazis appellent au meurtre de Jean-Luc Mélenchon, Danièle Obono et deux journalistes – Le Parisien

Le photomontage, publié la semaine dernière sur le canal Telegram d’extrême droite Les Vilains Fachos, ne laisse aucune place à l’ambiguïté. On y voit des viseurs d’armes sur des caricatures racistes de noir, juif, musulman, mais aussi sur des photos ou caricatures de personnalités : Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, Danièle Obono, députée du même parti, le journaliste Taha Bouhafs (Le Média) et Mathieu Molard, rédacteur en chef de StreetPress. En commentaire, les administrateurs de cette chaîne ont poussé le cynisme jusqu’à insérer un lien vers un site Internet permettant d’acheter des pistolets « létaux pour 130 euros, sans contrôle et livrés par la poste », révèle StreetPress.
Le site d’information relève que le score si on abat telle ou telle cible atteint la plupart du temps 88 points, une référence néonazie explicite. Le « H » étant la huitième lettre de l’alphabet, le code 88 se rapporte à HH pour « Heil Hitler ».
Danièle Obono, Jean-Luc Mélenchon, Taha Bouhafs et Mathieu Molard ont indiqué déposer plainte dès ce lundi. Ce dernier, auteur d’une enquête sur les militants pro-Zemmour, a fait un signalement à la procureur de la République de Paris pour des faits de « provocation à commettre des crimes ».
« D’autres militants ou cadres ont également été menacés par l’extrême droite ces derniers jours et ils vont déposer plainte », confie auprès de StreetPress l’entourage de Jean-Luc Mélenchon. La caricature de la députée LFI Danièle Obono est la même qui avait valu au journal Valeurs actuelles une condamnation pour injure publique à caractère raciste.
« J’ai l’habitude »
« On constate que ces groupes ont un réel sentiment d’impunité et ne se cachent même plus, explique par mail à StreetPress Jean-Luc Mélenchon. Les menaces se diffusent sur YouTube, sur des messageries, sur les réseaux sociaux… On peut légitimement craindre que les passages à l’acte se multiplient. (…) Il est temps que le gouvernement se saisisse sérieusement de cette menace et réagisse enfin ! ».
Journaliste engagé, Taha Bouhafs est régulièrement la cible de groupes d’extrême droite. « J’ai l’habitude », lâche-t-il à nos confrères. « J’ai l’impression qu’il n’y a pas de volonté politique d’agir… Ces groupes d’extrême droite se sentent dans l’impunité. » Le journaliste du Média avait révélé sur Twitter qu’ils constituaient une « grande liste de tous les juifs impliqués dans la crise du Covid ».
« Ces menaces racistes de l’extrême droite sont de plus en plus inquiétantes. Ce qui est aussi inquiétant c’est l’absence de réaction du ministère public et du ministère de l’Intérieur, puisque l’absence de réaction favorise toujours le passage à l’acte », a réagi auprès de l’AFP Me Arié Alimi, qui a déposé plainte lundi à Paris contre X, pour menaces de mort et provocation à commettre des infractions non suivies d’effet au nom de MM. Mélenchon et le journaliste Taha Bouhafs.
Ce déferlement de haine fait aussi suite à une enquête de StreetPress montrant des militants pro-Zemmour, la « Famille gallicane », tirer à l’arme à feu sur des caricatures racistes. Au lendemain de ces révélations, le journaliste Mathieu Molard, auteur de l’article, était invité sur les plateaux de BFMTV et Le Média pour parler de ce sujet. Très vite, des internautes de cette « mouvance » ont harcelé, menacé et insulté en ligne le rédacteur en chef.
« Ce n’est pas la première fois que je reçois des insultes ou des menaces de mort, mais c’est la première fois qu’elles sont d’une telle ampleur », explique Mathieu Molard.