Des erreurs de comptage relevées dans la première cartographie du coronavirus – Le Monde

La carte de l'épidémie par départements dévoilée jeudi 30 avril par le gouvernement.

La carte de l’épidémie par départements dévoilée jeudi 30 avril par le gouvernement.

De la surprise, de l’incompréhension, de l’indignation parfois aussi… Les réactions se sont multipliées après la présentation, par le ministre de la santé jeudi 30 avril, de la première cartographie des départements classés en rouge, orange ou vert selon le risque infectieux. En cause : la présence, parmi les trente-cinq départements en rouge, de départements plutôt épargnés à ce jour par l’épidémie de Covid-19, tels que le Lot, la Haute-Corse et le Cher.

Annoncées mardi par le premier ministre, ces cartes ont été mises au point par les autorités sanitaires en vue du déconfinement à compter du 11 mai. Une première carte représente l’intensité de la circulation du virus, mesurée par la part des patients consultant les services d’urgence hospitalière pour une suspicion de Covid-19. Une seconde carte représente l’état de tension dans les hôpitaux, en particulier la capacité d’accueil dans les services de réanimation. Un troisième critère évoqué par Edouard Philippe – la capacité à tester les personnes symptomatiques et celles ayant été en contact avec des malades – permettra de graduer le déconfinement selon les territoires. Dans les départements en vert, une moindre présence du virus permettra d’organiser un déconfinement plus large.

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Or, des doutes se sont fait entendre sur le classement en rouge de certains départements. C’est le cas en Haute-Corse, où la carte a laissé les habitants « plus que perplexes », rapporte sur Twitter le président nationaliste de l’exécutif de l’île, Gilles Simeoni. Les deux départements de l’île apparaissent en vert sur la carte présentant la tension hospitalière, mais la Corse-du-Sud est en vert et la Haute-Corse en rouge sur la carte estimant la circulation du virus.

Dans un communiqué publié jeudi soir, l’Agence régionale de santé (ARS) de Corse reconnaît que le nombre de passages aux urgences pour Covid est « en décalage avec le nombre de cas testés positifs ». « Les modalités du codage par le centre hospitalier de Bastia entraînent une surestimation du nombre de passages aux urgences pour Covid », affirme l’Agence, qui promet en conséquence « une fiabilisation et une correction des données (…) au plus vite ».

Une seule personne en réanimation dans le Lot

Même constat dans le Lot, classé rouge sur la carte de la circulation du virus, alors que le département enregistre une baisse du nombre de personnes hospitalisées de vingt-sept personnes (au 22 avril) à quinze (au 30 avril) et une baisse du nombre de personnes en réanimation (de neuf à une seule personne entre le 22 avril et le 30 avril), selon l’ARS Occitanie.

Interrogé par La Dépêche du Midi, le maire de Cahors, Jean-Marc Vayssouze-Faure, évoquait jeudi soir un « zonage inexplicable », tandis que le président du Conseil départemental, Serge Rigal, se disait choqué : « Je ne comprends pas comment le Lot peut se retrouver en zone rouge dans ce classement et le seul d’Occitanie. » Des députés, comme Aurélien Pradié ou Huguette Tiegna, ont également fait part de leur incompréhension.

Face à ces réactions, l’ARS a apporté des explications dans un communiqué : « Un nombre de prélèvements récemment effectués par des services d’urgence lotois [ont] conduit ces dernières semaines à surévaluer le pourcentage de passages aux urgences pour suspicion de coronavirus par rapport à la réalité. L’indicateur retenu au niveau national s’en est trouvé vraisemblablement faussé pour le département du Lot. » L’Agence assure que ces « données imputées par erreur » seront rectifiées pour que l’indicateur calculé dans le Lot le « soit de la même manière que dans les autres départements ».

Un indicateur à affiner

Par ailleurs, l’ARS Occitanie fait savoir qu’elle a saisi Santé publique France pour que « les indicateurs retenus au plan national évoluent en prenant en compte plusieurs paramètres pour qualifier la situation épidémiologique des départements ». Jeudi soir, le ministre de la santé, Olivier Véran, avait prévenu que le critère de la circulation active du virus serait affiné par d’autres informations que le taux de passage aux urgences, comme les remontées du réseau de médecins généralistes Sentinelles ou encore le taux de tests positifs au coronavirus dans chaque territoire.

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Enfin, dans le Cher, « il y a eu des erreurs de données et l’objectif est que la correction puisse être apportée le plus rapidement possible », selon Christophe Lugnot, directeur de cabinet de l’ARS Centre-Val de Loire. Selon les derniers chiffres publiés jeudi par cette ARS, le Cher compte actuellement trois personnes testées positives en réanimation et a enregistré 129 morts depuis le début de l’épidémie.

Dans Le Berry républicain, Jean-Christophe Bouvier, le préfet du Cher, confirme que le département n’a pas de « pression sensationnelle » en ce qui concerne l’épidémie. « J’ai eu l’explication par la directrice [d’un] hôpital qui m’a expliqué que les tests réalisés en grand nombre dans certains Ehpad ont été enregistrés dans la colonne des passages aux urgences. Forcément, nous avons donc un taux de Covid au passage aux urgences qui est important », explique-t-il, ajoutant que ce chiffrage devrait rapidement être modifié. « Je le souhaite, car il y a une dynamique hyper positive entre tous les acteurs du territoire pour travailler sur le plan de déconfinement, et on était tous assez sereins. C’est une mauvaise surprise. »

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Le Monde

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