Des drones pourraient rendre la 5G accessible aux déserts numériques

Des drones pourraient rendre la 5G accessible aux déserts numériques

Alors que les pays du monde entier réfléchissent à la manière de mettre en place une infrastructure sûre, fiable et rentable pour leurs futurs réseaux 5G, deux sociétés britanniques viennent de proposer une solution peu orthodoxe pour assurer une connectivité plus rapide.

La société d’ingénierie Cambridge Consultants et la société de télécommunications Stratospheric Platforms Limited (SPL) ont en effet dévoilé une nouvelle preuve de concept, qui pourrait voir les faisceaux 5G diffusés depuis le ciel grâce à des antennes installées sur des drones volant à quelques 20 000 mètres au-dessus du sol.

Le prototype qui a été testé jusqu’à présent n’est qu’à un huitième de la taille réelle prévue, mais les entreprises espèrent que le produit final prendra la forme d’une antenne de 3 m2 capable d’émettre des faisceaux 5G directement sur des zones allant jusqu’à 140 kilomètres de diamètre. Les antennes seront intégrées dans des avions sans émission alimentés à l’hydrogène, et capables de transporter l’équipement jusqu’à neuf jours d’affilée.

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Antenne aéroportée

Selon Cambridge Consultants, une flotte de 60 avions équipés d’antennes serait suffisante pour couvrir en 5G un territoire de la taille de l’ensemble du Royaume-Uni, offrant des vitesses mobiles de plus de 100 Gb/s de manière uniforme dans tout le pays. Les équipements de la société SPL fonctionnent discrètement depuis 2014 sur des plateformes de haute altitude comme moyen de fournir des services de communication sur la Terre. Pour ce faire, l’entreprise développe des avions à hydrogène qui peuvent être équipés d’équipements de télécommunications et qui servent essentiellement de mât de télécommunications dans la stratosphère.

Pesant 3,5 tonnes, soit 150 fois moins qu’un Boeing 747, ces avions ne peuvent supporter qu’une charge utile maximale de 140 kilogrammes, ce qui signifie qu’il a fallu réduire au maximum l’encombrement des antennes 5G. C’est là qu’interviennent les ingénieurs de Cambridge Consultants, qui ont conçu des antennes ultra-minces pesant 120 kilogrammes, ce que la société appelle « une percée » dans la conception des radios.

« Il était essentiel que nous surmontions des défis techniques importants dans la conception de l’antenne pour nous permettre de fournir des débits de données massifs dans un environnement unique où la puissance était limitée, où le poids était critique et où le refroidissement dans l’air stratosphérique mince était difficile », raconte Richard Deakin, responsable de SPL. Mission réussie selon ce dernier. « Le développement et les tests de l’antenne ont atteint ou dépassé les critères de conception et travailler avec une équipe aussi talentueuse chez Cambridge Consultants a été l’un des points forts du programme à ce jour. »

« Peindre » le territoire en 5G

Chaque antenne à échelle réelle devrait créer 480 faisceaux individuels ciblant différents endroits de la surface de la Terre. Les faisceaux sont orientables et peuvent être façonnés en motifs, pour « peindre » certaines zones avec de la 5G, comme une route ou une voie de navigation spécifique. Cela pourrait être particulièrement utile pour améliorer la connectivité des zones isolées et éloignées, plus difficiles d’accès pour les opérateurs terrestres.

En reconfigurant les faisceaux, il sera également possible de cibler et de suivre des utilisateurs spécifiques, par exemple les conducteurs d’une voiture autonome, et d’assurer une couverture exactement là où c’est nécessaire, en s’arrêtant si nécessaire aux frontières nationales. Une seule antenne avec des faisceaux de forme appropriée, par exemple, suffirait pour assurer la couverture de l’autoroute M25, longue de 188 kilomètres, au Royaume-Uni.

Jusqu’à présent, SPL a testé une version de la technologie dans le cadre d’un partenariat avec Deutsche Telekom, mais l’essai a été réalisé à une altitude plus basse (14 kilomètres), et avec des antennes conçues pour fournir des données LTE/4G. Bien que l’avion télécommandé se soit intégré avec succès dans le réseau terrestre de Deutsche Telekom, offrant des vitesses de téléchargement en aval de 70 Mb/s et en amont de 23 Mb/s, le produit 5G est donc encore un prototype. SPL a néanmoins confirmé que la prochaine étape sera la 5G stratosphérique, le déploiement du premier service commercial devant commencer en Allemagne en 2024.

Obstacles réglementaires

« Notre rôle, qui consiste à concevoir et à construire cette “méga-tour de téléphonie cellulaire dans la stratosphère”, nous a permis de faire de nombreuses percées et nous sommes ravis de mettre à profit ces innovations avec SPL, sur la voie du déploiement commercial », a déclaré Tim Fowler, directeur des ventes chez Cambridge Consultants.

Une fois le système produit à l’échelle, SPL et Cambridge Consultants estiment que la technologie pourrait connecter plus de 500 millions de personnes, à une fraction seulement du coût de maintenance des centaines de mâts terrestres qui seraient nécessaires pour faire le travail d’une seule antenne stratosphérique.

Certains défis restent toutefois à relever, notamment en matière de réglementation. Si Cambridge Consultants confirme que les avions sont certifiés pour voler en toute sécurité dans l’espace aérien civil, l’obtention des autorisations appropriées pourrait bien être l’un des plus grands obstacles à l’avenir pour la mise en place de ces antennes d’un genre un peu particulier.

Source : ZDNet.com

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