Des aviateurs biélorusses formés en Russie pour piloter des avions dotés de munitions “spéciales” – Zone Militaire

Le président russe, Vladimir Poutine, n’est pas venu les mains vides à Minsk, où il a rencontré son homologue biélorusse, Alexandre Loukachenko, le 19 décembre. Et si la relation entre les deux pays a pu connaître quelques difficultés il n’y a pas encore si longtemps, ce n’est absolument plus le cas… Mieux : la politique de la Biélorussie est plus que jamais alignée sur celle de la Russie, notamment dans le domaine militaire.

Il y a quelques mois, M. Loukachenko fit par de son intention d’obtenir auprès de la Russie des batteries de défense aérienne S-400 « Triumph » et des missiles balistiques à capacité nucléaire Iskander-M [soit la même version en dotation au sein des forces russes]. Ses voeux ont été exaucés.  »

« Je vous remercie Vladimir Vladimirovitch [Poutine] […] pour avoir tenu votre promesse. Aujourd’hui, nous avons un système S-400 que vous avez remis à la Biélorussie. Et surtout le missile Iskander, que vous nous avez également remis après l’avoir promis il y a six mois », a en effet déclaré le président biélorusse, au côté du chef du Kremlin.

Alors que les responsables ukrainiens redoutent une nouvelle offensive russe en direction de Kiev depuis la Biélorussie, M. Poutine a affirmé que des « plans militaires conjoints sont en cours d’élaboration dans le cadre de l’Union de la Russie et de la Biélorussie » et que le groupe militaire régional, dont la création avait été annoncée en octobre dernier, est désormais « opérationnel ». Et d’ajouter : « Un système commun de défense aérienne a été créé et fonctionne ».

En outre, Minsk et Moscou ont l’intention de « continuer à prendre conjointement toutes les mesures nécessaires pour assurer une sécurité adéquate » et « d’accorder une attention prioritaire à la formation des troupes, à l’amélioration de leur préparation au combat ».

Par ailleurs, en juin, M. Poutine avait affirmé que l’industrie russe allait moderniser les avions d’attaque Su-25 « Frogfoot » de la force aérienne biélorusse… Et que les pilotes de celle-ci devaient suivre une « formation appropriée » en Russie. Et cela alors que, précédemment, M. Loukachenko lui avait demandé des appareils « pouvant transporter des charges utiles nucléaires ».

Or, le Su-25 « Frogfoot » a été conçu pour des missions d’appui au sol… pas pour emporter des armes nucléaires. En revanche, la Biélorussie dispose de chasseurs multi-rôles Su-30SM « Flanker » qui pourraient avoir une telle capacité…

Toujours est-il que, deux mois plus tard, Minsk a affirmé que les premiers appareils modifiés promis par Moscou lui avaient été remis. « Poutine et moi avons dit un jour, à Saint-Pétersbourg, que nous moderniserons, entre autres, les avions biélorusses Sukhoï afin qu’ils puissent transporter des armes nucléaires. Pensez-vous que nous disions des bêtises? Tout est prêt! », a en effet affirmé M. Loukachenko, en août dernier, sans préciser s’il parlait du Su-25 ou du Su-30.

À Minsk, le président russe est de nouveau revenu sur ce sujet, en évoquant un « accord pour poursuivre la formation des équipages sur les avions de la force aérienne biélorusse modifiés pour emporter des munitions dotées d’ogives spéciales ». Faut-il comprendre que ces appareils pourront emporter des armes nucléaires?

Pour rappel, en février, la Biélorussie a modifié sa Constitution afin d’autoriser le déploiement d’armes nucléaires sur son sol.

Quoi qu’il en soit, Alexandre Loukachenko a conformé indirectement que les Su-25 seront bien les avions devant posséder une telle capacité.

« Vous venez d’aborder un sujet très sensible concernant la formation de nos équipages [pour les avions] capables de porter des armes spéciales et des munitions spéciales », a dit l’homme fort de Minsk à M. Poutine. « Il s’avère que nous avions de tels avions depuis l’époque soviétique. Nous les avons testés en Russie. Nous travaillons maintenant avec les Russes pour former les équipages capables de les pilotes », a-t-il ajouté.

Les Su-30SM « Flanker » n’ont été livrés que très récemment à la force aérienne biélorusse… Ce qui n’est évidemment pas le cas des Su-25 « Frogfoot », dont elle en a conservé 70 exemplaires depuis l’implosion de l’Union soviétique.

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