Derrière le désastre brésilien, l’ombre de Bolsonaro – Libération

C’est donc cela, une épidémie hors de contrôle : 4 000 morts par jour ; des hôpitaux au bord de l’effondrement ; le plus grand nombre de décès au monde cette semaine, trois fois plus qu’aux Etats-Unis ; et comme un accident nucléaire provoquant des réactions incontrôlées, une chaine de mutations d’un virus qui pourraient tenir tête aux vaccins, qui de toute façon sont inaccessibles à la population générale. Derrière la catastrophe nationale au Brésil, il y a un homme, son président élu Jair Bolsonaro, personnification extrême du populisme de droite qui consistait jusqu’à il y a quelques mois à relativiser la pandémie du Covid-19, puis à ridiculiser les porteurs de masque, et enfin à douter de l’urgence de la vaccination. Et 358 000 morts plus tard, il est trop tard : le Brésil est devenu un paria au niveau mondial, perçu comme une usine géante de variants inconnus dirigée par un irresponsable.

Après avoir tenté d’ignorer la nervosité des Français face aux dangers du variant brésilien, du moins celui qui est connu pour l’instant, le Premier ministre, Jean Castex, a dû annoncer à l’Assemblée nationale cette semaine la suspension des vols entre la France et le Brésil. C’est une décision pleinement justifiée, mais qui ne peut pas suffire. En effet, laisser le Brésil seul face à son sort n’est pas une vraie option. «Aujourd’hui, le Brésil n’est plus seulement une menace pour les Brésiliens : c’est devenu un problème pour toute la communauté internationale», nous explique le neuroscientifique brésilien Miguel Nicolelis, car à son avis, «la pandémie ne sera pas contrôlée dans le monde si elle ne l’est pas au Brésil». Le pays a certainement le potentiel de s’en sortir, avec son histoire héroïque et un des meilleurs systèmes de santé au monde. Alors comment aider un ami aux tendances suicidaires ? Avec de la patience, sans doute, mais aussi beaucoup de fermeté.

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