Derrière la victoire de Lamia El Aaraje à Paris, les enseignements de la législative partielle – Le HuffPost

POLITIQUE – Ça passe pour le PS. Lamia El Aaraje, la candidate de la formation menée par Olivier Faure, soutenue par plusieurs pontes de son camp à quelques encablures du scrutin, remporte ce dimanche 6 juin l’élection législative partielle organisée dans le XXe arrondissement de Paris face à Danielle Simonnet, la candidate de la France insoumise.

Arrivée en tête au premier tour, elle recueille 56,56% des voix, quand son adversaire du soir, qui espérait devenir la dix-huitième députée LFI, plafonne à 43,44%. Il s’agit d’une petite bouffée d’air pour le parti à la rose qui garde ainsi sa dernière circonscription dans la capitale, remise en jeu après la démission de l’ancienne ministre George Pau-Langevin, devenue adjointe de la Défenseure des droits en novembre dernier.

Certes, ce duel fratricide dans un bastion acquis au PS depuis des années ne dit pas grand chose de l’état actuel des équilibres politiques dans le pays. Certes, le faible taux de participation atténue sans doute encore plus la portée nationale de cette élection. Il n’empêche, la campagne, surtout son entre-deux-tour, est venue apporter son lot de surprises et d’enseignements quant à l’état des relations entre les différentes forces à gauche de l’échiquier. 

Les Écolos embarrassés

Car les deux candidates n’ont pu compter sur le soutien de personne, ou, autrement dit, de tout le monde. Si les communistes se sont déchirés quant à l’opportunité de se ranger derrière la candidate socialiste ou l’insoumise, les Écolos ont eux fait le choix collégial de ne pas choisir, alors qu’ils étaient en position de faiseurs de reines avec leur quatrième place au premier tour, fort de 18,42% des suffrages. 

La cheffe de file locale, Antoinette Guhl, dont la formation est pourtant alliée aux Socialistes à la mairie de Paris, n’a pas appelé à voter, comme on pouvait s’y attendre, pour Lamia El Aaraje, la protégée d’Anne Hidalgo, quand cette dernière prônait, dès le soir du premier tour, le “rassemblement” de “la majorité municipale de gauche et écologiste” derrière sa candidate.

Comme elle l’avait fait en 2017, alors que le duel opposait déjà une Socialiste à un Insoumis, l’Écolo a préféré “faire confiance au libre arbitre et aux sensibilités” des électeurs de la circonscription. Et cela n’a rien de surprenant, selon l’état-major d’EELV.

“Nous ne donnons jamais de consignes de vote quand il n’y a pas de risque de basculement à droite ou à l’extrême droite”, expliquait la porte-parole Sandra Regol à Libération quelques heures après le premier tour, sans oublier de glisser une pique à l’adresse de la maire de Pairs: “En revanche, ce que j’ai trouvé plus surprenant, c’est l’offensive d’Anne Hidalgo contre les Verts en général, même si elle a depuis reconnu qu’elle avait exagéré.” 

Divorce acté entre Insoumis et Communistes?

De quoi expliquer l’attitude réservée des Écolos pour cette législative partielle? “L’élection dans la quinzième circo de Paris est un épiphénomène. Ce n’est pas représentatif de ce qui peut se passer en 2022”, martèle Sandra Regol, quand les critiques de son collègue, Jérôme Gleizes, élu Vert du XXe arrondissement sur la participation de Lamia El Aaraje à la fameuse marche des policiers témoignent malgré tout d’une sorte de nouvelle ligne de fracture, et peut-être d’alliance à gauche. 

Chez les Communistes, en tout cas, cette élection locale aura mis au jour plusieurs positions différentes… et une incompréhension toujours plus grande avec les troupes Insoumises: le candidat local, Thomas Roger, qui a recueilli quelque 10% au premier tour, a reconnu “volontiers qu’on se sent bien plus proche de Danielle Simonnet” dans un entretien à Regards le 31 mai, tout en respectant le choix des militants du XXe de ne pas donner de consignes de vote. 

Mais c’était sans compter sur le conseil national exécutif du Parti qui se fendait, quelques heures plus tard, d’un communiqué appelant ”à se rassembler pour faire élire les candidates de gauche les mieux placées dans ces circonscriptions (Indre-et-Loire, et Paris, Ndlr à l’issue du premier tour.” Une façon d’appeler à voter, sans le dire, pour Lamia El Aaraje, arrivée en tête le 30 mai dernier, au grand dam de plusieurs parlementaires du PCF qui ferraillaient aux côtés de leurs collègues insoumis depuis quatre ans à l’Assemblée nationale.

“On peut avoir une nouvelle députée de gauche combative. Il n’y a pas à réfléchir, lançait par exemple l’élue des Hauts-de-Seine Elsa Faucillon au cours de la semaine sur les réseaux sociaux, avant d’être rejointe dans la fronde par son collègue Sébastien Jumel. Les Insoumis eux, n’ont pas hésité à faire entendre bruyamment leur consternation, sur fond de candidature autonome du patron du PCF Fabien Roussel en 2022.

Et l’élection de Lamia El Aaraje au Palais Bourbon ne devrait pas être de nature à apaiser ces tensions.

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