Derrière la chute de Benjamin Griveaux, enquête sur le rôle d’un trio sans foi ni loi – Le Monde

Benjamin Griveaux, le 11 juillet 2019 à Paris.

Benjamin Griveaux, le 11 juillet 2019 à Paris. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

C’était il y a deux mois, le lundi 9 décembre 2019, dans l’amphi Poincaré de l’Ecole polytechnique. « Dr. Juan Branco » – comme le jeune avocat d’extrême gauche se fait désormais appeler sur son compte Twitter – est invité par une association d’élèves de l’X, l’école d’ingénieurs la plus prestigieuse de France. Sujet : les élites.

Devant cette « masse d’héritiers », ces « immenses privilégiés » de 20 ans qui se trouvent face à lui, Juan Branco, 30 ans, gronde : « La République ne vous appartient pas. » « Vous aurez en toutes circonstances une certitude, se désole l’avocat des « gilets jaunes » dans l’un des principaux amphis du campus de Palaiseau, celle de préserver, au sein du petit Paris et de l’Etat, un capital qui vous permettra de vivre agréablement. » Pendant ce temps, « la République périt de sa corruption » et « le pays choit par sa tête. Sa décomposition (…) est le fruit d’une décadence dévastatrice ». A eux « de corriger ce monde qui va à sa perte » et de « l’aider à se relever, avant qu’une nouvelle crise ne finisse de mettre fin à ces processus qui se nourrissent des restes cadavériques de l’Etat », exhorte-t-il.

Corriger ce monde, c’est la mission que s’est fixée ce fils d’une psychanalyste et du producteur de cinéma Paulo Branco. Par tous les moyens. Le succès de son livre Crépuscule, d’abord téléchargé gratuitement une centaine de milliers de fois avant d’être édité Au Diable Vauvert (2019) et de s’écouler à 130 000 exemplaires supplémentaires (sans compter les 20 000 en format poche depuis sa sortie, il y a quatre mois), lui a ouvert de nombreuses portes, y compris dans les cénacles les plus élitistes.

Juan Branco, dans son bureau parisien, le 14 février.

Juan Branco, dans son bureau parisien, le 14 février. LIONEL BONAVENTURE / AFP

Le défenseur du « gilet jaune » Maxime Nicolle, alias « Fly Rider », court d’un amphi de Polytechnique aux pages d’Elle, du Web Summit de Lisbonne – un des plus grands rendez-vous de la « tech » européenne – à France Culture, où l’ancien candidat de La France insoumise (LFI) aux élections législatives de 2017 dans la 12e circonscription de Seine-Saint-Denis (13,94 %, en quatrième position) défendait, il y a quelques jours encore son dernier ouvrage, Assange. L’antisouverain (Editions du Cerf, 496 p., 20 euros).

Curieux personnage

Au même moment, un autre trentenaire, un Russe réfugié en France, fait lui aussi le tour des universités. Le 19 décembre, le performeur Piotr Pavlenski planche devant un parterre d’étudiants dans les locaux de l’école de droit de Panthéon-Assas (Paris-II), place du Panthéon, sur « l’art politique ». Efflanqué, le visage émacié, ce natif de Leningrad (l’ancien nom de Saint-Pétersbourg) au français tâtonnant s’est fait connaître par ses automutilations, oreille coupée, lèvres cousues, scrotum cloué, sa manière de protester contre le régime du président russe Vladimir Poutine. Il avait également été incarcéré après l’incendie place de la Bastille des portes d’une succursale de la Banque de France.

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