Depuis Washington, Emmanuel Macron fustige les subventions américaines « super agressives » à l’égard des entreprises françaises – Le Monde

Le président français, Emmanuel Macron, s’exprime lors d’un déjeuner de travail sur les questions climatiques et de biodiversité, en présence de l’envoyé spécial américain pour le climat John Kerry, devant les membres du Congrès, à la Bibliothèque du Congrès à Washington, le 30 novembre 2022.

Il s’agit de l’un des dossiers les plus épineux qui doivent être abordés entre Paris et Washington. Lors du premier jour de sa visite d’Etat de trois jours aux Etats-Unis, mercredi 30 novembre, Emmanuel Macron a fustigé les subventions prévues dans le grand plan climat de Joe Biden, qui favorisent les produits « made in USA » face aux biens importés d’Europe et de France.

« C’est super agressif pour nos entreprises », a déclaré M. Macron, lors d’un déjeuner sur les enjeux climatiques et la biodiversité organisé au Congrès. Le chef de l’Etat français faisait référence au programme massif de soutien à la transition énergétique voulu par le président américain, baptisé « Inflation Reduction Act » (IRA). Ce dernier vise à accorder de généreuses subventions aux entreprises produisant notamment des véhicules électriques, batteries ou énergies renouvelables, à condition qu’ils soient fabriqués sur le territoire américain.

Risque de « détruire de nombreux emplois »

« Mettez-vous à ma place », « personne ne m’a contacté quand l’IRA était en discussion », a plaidé le président français, demandant à être « respecté comme un bon ami ». Il a ajouté : « Peut-être que cette loi va régler votre souci, mais vous allez augmenter mon problème », en référence à la situation économique difficile en Europe, sur fond de guerre en Ukraine, d’inflation galopante et de crise énergétique.

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La loi qui entrera en vigueur le 1er janvier 2023 fait craindre à Paris et Bruxelles une grande vague de délocalisation d’industries. Emmanuel Macron a ainsi mis en garde les élus américains et le président Biden contre le risque de « détruire de nombreux emplois » s’il n’y a pas de coordination entre l’Europe et les Etats-Unis. M. Biden entend en particulier doper la filière des véhicules électriques, dans une optique à la fois de relance de l’emploi industriel, de transition énergétique et de compétition technologique avec la Chine.

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Si le président français a dit qu’il ne « croyait pas une seconde » à une volte-face américaine sur cette législation jugée cruciale par la Maison Blanche, il a donc plaidé pour une meilleure synchronisation entre les Etats-Unis et l’Europe. A Washington, on considère que cet Inflation Reduction Act sera un projet « gagnant-gagnant » susceptible de stimuler aussi l’économie européenne.

« Allié vital pour les Etats-Unis », selon Kamala Harris

La visite d’Etat d’Emmanuel Macron, premier dirigeant étranger à qui Joe Biden réserve cet honneur diplomatique, avait commencé sur un ton plus policé. La vice-présidente, Kamala Harris, avait salué en la France un « allié vital pour les Etats-Unis », lors d’une rencontre au siège de la NASA, et une coopération « fondées sur des principes démocratiques et des valeurs partagées ».

Après son échange franc avec les élus du Congrès, le chef de l’Etat s’est ensuite rendu au cimetière national d’Arlington, où il a déposé une gerbe sur la tombe du soldat inconnu mais aussi une rose blanche sur la sépulture de Pierre Charles L’Enfant, l’architecte français qui a dessiné les plans de la capitale américaine.

Il doit ensuite se rendre à une réunion sur le nucléaire civil puis rencontrer des membres de la communauté française, avant de dîner en compagnie de son épouse Brigitte Macron avec Joe et Jill Biden. Un repas se voulant intime, loin du faste protocolaire que va déployer jeudi la Maison Blanche pour le président français, entre coups de canon, réunion dans le bureau Ovale et dîner de gala.

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Le Monde avec AFP

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