Déploiement de la fibre : après le sprint, l’heure est à la consolidation

Déploiement de la fibre : après le sprint, l’heure est à la consolidation

Lancé en 2013, le plan France Très Haut Débit a atteint son objectif de mailler tout le territoire en 10 ans. A priori, tout Français a désormais accès, quel que soit son lieu de résidence, à une offre internet de qualité via la fibre, le câble, l’ADSL, le satellite ou une liaison radio (4G/5G).

Quelle suite donner à ce plan ? Pour les acteurs de la filière réunis au sein de la fédération InfraNum – opérateurs, constructeurs intégrateurs, équipementiers – une nouvelle phase s’ouvre après ce « sprint des déploiements ».

Dans son plan stratégique baptisé « Priorités 2023, le numérique au cœur des territoires », le syndicat professionnel estime qu’il faut tout d’abord parachever le déploiement de la fibre et de la 5G afin de garantir à tous l’accès au très haut débit effectif, « comme le service universel l’a longtemps permis sur le réseau téléphonique historique ».

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Les entreprises rurales en retard

En dépit d’un déploiement soutenu – « chaque mois, plus de 300 000 Français souscrivent à une offre en fibre optique » – il reste des zones géographiques mal desservies.

Sur ce sujet, l’Arcep, autorité de régulation des télécoms, a engagé un bras de fer juridique avec Orange pour contraindre l’opérateur à tenir ses engagements en matière de déploiement dans les zones moyennement denses, dites « Amii » pour « appel à manifestation d’intention d’investissement ».

L’Arcep se fait ainsi l’écho de la grogne des élus locaux. Sa présidente, Laure de la Raudière, a d’ailleurs rencontré vendredi 17 février les maires des Sables-d’Olonne et de La Roche-sur-Yon, qui accusent Orange de retards dans le raccordement de leurs agglomérations à la fibre optique.

Les PME en retard

Alors que la généralisation de la fibre devrait être atteinte en 2025, InfraNum pointe de son côté le retard pris par les petites et moyennes entreprises.

Le syndicat rappelle que seulement un gros tiers (36 %) des entreprises en zone rurale s’est doté de la fibre. La fermeture du réseau cuivre et la fin programmée des offres ADSL en 2025 représente à ses yeux une opportunité pour les TPE-PME de basculer sur les technologies tout IP.

En ce qui concerne les réseaux mobiles, InfraNum plaide pour un passage à l’échelle de la 5G industrielle. Pour l’heure, les premières expérimentations de la 5G privée concernent des entreprises pionnières comme Alcatel Submarine Networks ou ArcelorMittal.

Consolider les réseaux

La seconde priorité d’InfraNum porte sur la consolidation des réseaux. Cela passe tout d’abord par l’amélioration de la qualité de service. Inéligibilité, dysfonctionnements, débranchements sauvages… le passage de l’ADSL à la fibre est vécu comme un véritable parcours du combattant.

La moitié des litiges entre les abonnés à la fibre et les opérateurs portent sur des problèmes techniques, rappelle le dernier rapport de la Médiation des communications électroniques.

Pour réduire le nombre de coupures intempestives, il convient par ailleurs d’assurer la pérennité des infrastructures existantes. Parfois déployés à la va-vite, les réseaux restent vulnérables aux intempéries météorologiques ou aux actes de malveillance. Fin avril, plusieurs câbles de fibre optique majeurs ont été sectionnés, provoquant des pannes ou des ralentissements du réseau sur tout le territoire.

10 milliards d’euros pour enfouir les câbles aériens

Dans une étude publiée avec La Banque de Territoires, InfraNum esquissait quelques pistes pour renforcer la résilience des réseaux comme la redondance des nœuds techniques ou la sécurisation des équipements – armoires de raccordement, pylônes – avec le recours notamment à la vidéosurveillance.

Le principal chantier portera sur l’enfouissement des infrastructures. Le réseau en France présente « l’originalité », à la différence de pays voisins comme la Belgique, d’être aérien pour une partie importante de son tracé. Les poteaux de téléphonie ou d’électricité servent de support pour assurer la desserte des câbles de fibre optique.

Plus de de 500 000 kilomètres de linéaire, en particulier dans les zones rurales, sont ainsi vulnérables aux tempêtes. L’étude de La Banque de Territoires et d’InfraNum chiffre à 10 milliards d’euros le budget nécessaire pour enfouir 50 % de ce génie civil aérien. Soit la moitié du coût mobilisé par le plan Très Haut Débit en 10 ans.

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