Déconfinement, relance, racisme… Ce que va dire Macron aux Français – Le Journal du dimanche

Que va dire ­Emmanuel Macron, dimanche soir à 20 heures, à l’occasion de sa quatrième allocution depuis le début de la crise sanitaire? Ne s’agit-il que de clôturer cette douloureuse période? D’aborder les réponses à la grave crise économique et sociale qui s’annonce? Ou encore, à plus long terme, de dessiner les pistes pour la fin de son quinquennat? Réponse : tout cela à la fois… “Ça m’étonnerait que le Président prenne la parole de façon solennelle pour n’aborder que le déconfinement”, pronostique une ministre, qui s’attend à un “discours passerelle” destiné à sortir de cette “séquence”, comme disent les politiques.

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Un membre du premier cercle confirme : “Il avait besoin d’un temps d’arrêt pour dire d’où on vient et où on va, d’un moment pour passer d’une séquence à l’autre, du déconfinement au retour à la vie normale, de la crise sanitaire à la crise économique, de la sauvegarde à la relance.”

Municipales, écoles et restaurants pour fermer la page du confinement

Un Macron en trois temps, donc. D’abord, fermer le chapitre du confinement. Fort de données épidémiques encourageantes, le chef de l’État devrait annoncer le passage de l’Île-de-France en zone verte, et dans la foulée le maintien du second tour des élections municipales le 28 juin. Il évoquera également la réouverture des frontières, mais ne devrait rien changer au dispositif prévu pour accueillir les élèves dans les établissements scolaires d’ici aux vacances d’été. Il abordera aussi la réouverture complète des restaurants, peut-être avant le 22 juin, date envisagée jusque-là. Cette annonce, il avait à cœur de la faire en personne. Car il brûle de tourner la page.

Certes, il jettera un “dernier regard rétrospectif” et fera un “retour sur la gestion de la crise sanitaire, ce qui a marché ou non”, selon l’Élysée. Il tentera d’ailleurs d’en souligner les aspects positifs : “Pendant le confinement, on a réussi quelque chose de collectif à travers tout le pays, dans les villes, les banlieues, les campagnes, selon un macroniste historique. Et on aura encore besoin de tout le monde.” Sur cette base, le chef de l’État commencera à lever le voile sur ce qu’il ambitionne pour les deux dernières années de son quinquennat. Or il a lui-même placé la barre très haut.

Macron va rencontrer ses prédécesseurs VGE, Sarkozy et Hollande

“Sachons nous réinventer, moi le premier”, promettait-il y a deux mois. De quoi laisser espérer à certains un tournant du quinquennat, voire un virage à gauche dans un contexte de crise sociale aiguë. Crédible? Le Président, depuis quelques jours, consulte tous azimuts, politiques, partenaires sociaux, intellectuels. La semaine prochaine, outre une visite dans l’entreprise Sanofi, mardi à Lyon, et un déplacement à Londres pour le 80e anniversaire de l’appel du 18 juin – son premier voyage à l’étranger depuis le confinement -, il recevra les différentes associations d’élus.

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Il attend aussi les rapports commandés aux présidents des deux Assemblées et du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Et ­rencontrera ses prédécesseurs Valéry Giscard d’Estaing, Nicolas Sarkozy et ­François Hollande. Mais Macron, en pleine réflexion, semble loin d’être en mesure de livrer son plan de vol. Juste la direction. Et celle-ci n’a rien d’un tête‑à-queue. “Je ne crois pas au grand virage socialo-écolo, assure un membre du premier cercle. Ce sera une synthèse, un nouvel ‘en même temps’ qui consolidera notre base actuelle et qui passera par des alliances.”

Il veut mener à leur terme certaines réformes déjà lancées

Pas question de renier ce qui avait été au fondement de la première moitié de son quinquennat. Macron l’a indiqué ces derniers jours : il a la ferme intention de mener à leur terme certaines réformes déjà lancées, comme l’emblématique mise en place d’un système de retraite par points. “Macron a été élu sur le thème de l’émancipation par le travail, il faut qu’il continue là-dessus, conseille un haut responsable de la majorité. Il faut qu’il arrive à le revivifier.” Une ministre confirme, alors que se profile le cortège des plans sociaux : “Le diptyque de la campagne, ‘libérer et protéger’, est plus que jamais d’actualité. Mais on a désormais un enjeu très fort d’incarnation sur le ‘protéger’.”

Macron a le sentiment que le gouvernement n’arrive pas à faire ce qu’il demande

Pas question d’un quelconque mea culpa, donc, ni d’une table rase du passé macroniste. Et si la ligne reste la bonne, il faut bien trouver des responsables aux vicissitudes de ce quinquennat : ce sont les hauts fonctionnaires et certains de ses ministres. “En ce moment, je sens le Président exaspéré, témoigne un visiteur régulier. Il a l’impression d’être empêché par son administration, que le système ne sait pas délivrer. Il a le sentiment que le gouvernement n’arrive pas à faire ce qu’il demande. Au fond, on a peut-être un problème de management…” Le maintien de cette ligne, même relookée, implique donc de nouvelles têtes. Comme l’affirmait ­Tancrède dans Le Guépard de Luchino Visconti : “Il faut que tout change pour que rien ne change…”

“Quelques mots” attendus sur le racisme et les discriminations

Mais le remaniement ­gouvernemental qui se ­prépare ne sera pas abordé ce soir. ­Contrairement à la question du racisme et des violences policières : au lendemain de la manifestation “Justice pour Adama”, samedi place de la ­République à Paris, il ne pourra échapper, comme il l’a fait jusqu’ici, à une prise de ­position. Celle-ci sera ­particulièrement prudente et équilibrée : le ­Président dira “quelques mots pour une ­dénonciation catégorique du ­racisme et des discriminations” et dans le même mouvement “réaffirmera sa confiance dans les forces de l’ordre et la République”.

Il ­pourrait aussi lever un coin du voile sur ses intentions pour la fin du quinquennat. D’abord une ­réforme de la décentralisation, mais aussi de déconcentration, avec davantage de fonctionnaires sur le terrain. Et aussi la “souveraineté” économique, mais ­également sociale et écologique (avec le volet portant sur les circuits courts, les relocalisations et les créations d’emplois), et la création d’un “­colbertisme de proximité”. Sur ce point, comme au sujet du nouveau gouvernement, il faudra pourtant attendre l'”atterrissage” de ses ­réflexions, selon l’Élysée, prévu entre le second tour des ­municipales, le 28 juin, et le 14 juillet.

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