Déconfinement : Philippe précipite le vote à l’Assemblée, les oppositions s’insurgent – Le Figaro

Changer de méthode trois jours avant, est-ce bien raisonnable ? La question est posée au premier ministre par des oppositions courroucées. Samedi soir, les députés ont découvert, comme les Français, qu’Édouard Philippe accélérait la cadence, en présentant le plan de déconfinement du gouvernement mardi, à 15 heures, à l’Assemblée nationale. En lieu et place du débat et du vote spécifiques prévus sur «StopCovid», l’application de traçage des malades du coronavirus.

En lui réservant la primeur d’annonces très attendues, le chef du gouvernement se félicite ainsi de «respecter» le Parlement. Mais des députés de plusieurs bords pointent une atteinte à la «démocratie»: ils devaient débattre et voter à deux reprises – ce mardi sur le traçage numérique, le suivant sur le plan de déconfinement -, et ne s’exprimeront finalement qu’une seule fois, dans la foulée de la déclaration du premier ministre. Sans temps de réflexion suffisant, déplorent-ils.

● Les Insoumis voteront contre le plan

Jean-Luc Mélenchon prévient d’avance : les députés Insoumis ne voteront pas le plan de l’exécutif, «car ce n’est pas sérieux, il faut respecter le calendrier prévu». Le chef de file de La France insoumise (LFI) a regretté, dimanche sur France 3, une «imposture» et une «méthode insupportable», qui ne laisse «aucun temps d’examen critique».

«Ça a l’air d’être de la démocratie, c’est seulement de la brutalité», a-t-il estimé. LFI devrait publier «sans doute lundi ou mardi» son «contre-projet» de déconfinement, a indiqué l’ex-candidat à la présidentielle, convaincu que la date du 11 mai, choisie par Emmanuel Macron pour lever progressivement le confinement, «est une décision tout à fait hasardeuse».

● Le PS et LR exigent un temps de réflexion

Les députés Les Républicains (LR) n’ont pas encore décidé s’ils voteraient le plan du gouvernement. Mais ils réclament déjà un délai supplémentaire. Plutôt que «juste voter sur un discours», après les déclarations du premier ministre, le président du parti, Christian Jacob, souhaite un «débat digne de ce nom» sur la sortie de crise. Avec un «vrai travail en commission», a-t-il insisté lors du «Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

«C’est un sujet extrêmement grave. Il faut peut-être laisser 24 ou 48 heures aux parlementaires pour avoir un temps de réflexion et émettre un vote solide», a abondé en ce sens le député Éric Woerth, lors de l’émission «Questions politiques» (France Inter-Le Monde-France Télévisions). Le président des députés LR, Damien Abad, a demandé «un délai de 24 heures» sur France Info.

Le vœu est partagé dans les rangs socialistes. «Le débat parlementaire, ça ne peut pas consister à mettre les députés au pied du mur», estime sur Twitter le porte-parole du Parti socialiste, Boris Vallaud. «Ainsi va la démocratie au temps du macronisme», pointe le premier secrétaire du mouvement, Olivier Faure.

● Des «Marcheurs» protestent

Même au sein de la majorité, des députés réclament un report du vote. Une façon de «se prononcer en sérénité», insiste la députée (La République en marche, LREM) Martine Wonner, dans une lettre adressée au président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand. Une autre figure de l’aile gauche de LREM, Aurélien Taché, estime que la méthode présentée «ne correspond pas, au regard des enjeux, à un niveau de démocratie parlementaire suffisant».

Froissés, des macronistes «frondeurs» pourraient de nouveau se manifester mardi, dans l’hémicycle du Palais Bourbon. Malgré l’appel d’Emmanuel Macron à l’«union nationale» face au virus.

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