Déconfinement : Emmanuel Macron passe un deal avec les intermittents – 20 Minutes

Emmanuel Macron le 6 mai 2020. — Ludovic Marin/AP/SIPA
  • Emmanuel Macron a présenté mercredi les grandes lignes du plan de soutien à la culture.
  • Les droits des intermittents seront automatiquement prolongés jusqu’à l’été 2021.
  • En contrepartie, il leur est demandé de s’engager, notamment pendant le temps périscolaire.

​Place à Monsieur Loyal pour les annonces. Emmanuel Macron est entré en piste ce mercredi pour soutenir le secteur culturel. Le chef de l’État a présenté en visioconférence plusieurs mesures qui tentent de répondre à l’appel à l’aide des artistes. Dans une tribune publiée le 30 avril, de nombreuses personnalités de la culture (Clara Luciani, Jean Dujardin, Catherine Deneuve) avaient demandé au président une action en faveur d’un secteur, qui fait vivre « 1,3 million de personnes ». Ils l’exhortaient notamment à prolonger automatiquement les droits des intermittents jusqu’à l’été 2021, via une « année blanche ».

Les intermittents (techniciens, ingénieur du son, artistes…) doivent normalement justifier d’au moins 507 heures travaillées sur une année pour être indemnisés par Pôle emploi lorsqu’ils n’ont pas de contrats. Or, le coronavirus a forcé les théâtres et autres lieux culturels à fermer pour une durée indéterminée. Les grands événements culturels de cet été, comme les festivals de musique (Eurockéennes, etc), n’auront pas lieu. Beaucoup d’intermittents craignaient donc une année noire en 2020, avec un risque de perdre leur statut.

« Enfourcher le tigre »

Lors de son échange à distance avec différents acteurs de la culture – la chanteuse Catherine Ringer, les réalisateurs Eric Tolédano et Olivier Nakache, le metteur en scène Stanislas Nordey, et d’autres – Emmanuel Macron a voulu les rassurer. En chemise, manches retroussées, le président a acté le principe d’une prolongation automatique des droits des intermittents jusqu’à l’été 2021. « Beaucoup ne pourront pas faire leurs heures (…), je vais donner suffisamment de confiance » a assuré le chef de l’État.

Mais la philosophie d’Emmanuel Macron est celle du donnant-donnant. « Je n’aime pas cette idée d’une année blanche, parce que ça laisse entendre qu’on ne fait rien » a-t-il expliqué. En contrepartie d’avoir l’assurance de garder leur statut, les intermittents sont appelés à participer à de nouvelles formes de spectacles ou d’expression culturelle dans les mois qui viennent. « Il faut enfourcher le tigre » a affirmé le chef de l’État, signifiant, par cette métaphore animale (ou circassienne), que le monde de la culture ne devait pas rester inactif malgré la présence du coronavirus.

Une « révolution » de l’accès à la culture

En quoi pourrait consister le travail des intermittents dans les prochains mois ? « Nous avons des écoles que l’on va progressivement rouvrir, a exposé le chef de l’État. Utilisons cette période pour faire une révolution de l’accès à la culture et à l’art ». Très concrètement, les intermittents pourraient être mobilisés pendant le temps périscolaire des élèves. « Si on [les intermittents] est prêt à donner une à deux heures par semaine, on va trouver le moyen de les comptabiliser », a promis Emmanuel Macron.

Comme lui, le chef de l’État veut aussi qu’ils se retroussent les manches en juillet et en août. « On va devoir réinventer un été différent, a-t-il lancé. On a des millions d’enfants, de jeunes, qui ne pourront pas partir loin en vacances ». Le président rêve donc « d’un été apprenant et culturel » où les jeunes des quartiers défavorisés pourraient par exemple assister à des répétitions dans les théâtres. « On va changer leur vie si on arrive à faire ça » s’est-il exclamé.

Voilà pour la vision présidentielle. Elle doit maintenant se concrétiser sur le terrain. Charge donc aux ministères de la Culture et du Travail de trouver la bonne formule pour valider les annonces de ce mercredi. Quant au ministère des Comptes publics, il va devoir ajouter une nouvelle ligne à l’ardoise déjà conséquente de la crise du coronavirus. Dans un document publié fin mars, l’Unédic estimait en effet que chaque mois d’inactivité de l’ensemble des intermittents entraînerait un surcoût d’au moins 70 millions d’euros (en faisant l’hypothèse que tous les intermittents ont leurs droits maintenus pendant la période).

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