Déconfinement, crise économique : Macron poussé à une clarification – Les Échos
Il était grand temps de prendre la parole. Après avoir opposé dans un premier temps un « sans commentaire », l’Elysée a formellement démenti jeudi l’hypothèse avancée par « Le Figaro » d’une démission d’Emmanuel Macron suivie d’une nouvelle candidature. Il l’aurait lui-même évoquée lors d’une visioconférence avec un cercle de donateurs londoniens pour sa campagne de 2017. Se déclarant « sûr » de gagner une élection présidentielle anticipée, Emmanuel Macron se représenterait dans la foulée pour se « relégitimer » et ainsi reprendre la main. « Il n’a jamais évoqué sa possible démission », a indiqué l’Elysée dans le cours de l’après-midi, démentant l’existence d’une visioconférence d’Emmanuel Macron avec des donateurs.
Autre intervention mi-juillet
L’épisode montre qu’avant l’intervention présidentielle attendue pour ce dimanche à 20 heures , le monde politique est en surchauffe et de plus en plus fébrile, dans l’attente d’en savoir plus sur les intentions du président. Si beaucoup de scénarios sont sur la table, il faudra néanmoins encore de la patience, car Emmanuel Macron veut procéder par étapes. Une autre intervention est déjà programmée pour la mi-juillet. Ce dimanche, il entend remettre en perspective le bilan de la crise sanitaire et les mesures qui ont été prises tant au niveau français qu’européen depuis le début du confinement.
La prise de parole est attendue. Emmanuel Macron ne s’est pas exprimé de façon solennelle depuis le 13 avril, quand il avait annoncé la première étape du déconfinement . L’intervention avait été suivie par près de 37 millions de téléspectateurs, un record.
L’Ile-de-France en vert ?
Il évoquera aussi la suite du déconfinement , alors qu’une réunion avec les membres du Conseil scientifique et la tenue d’un Conseil de défense sont prévus ce vendredi. Les voix sont de plus en plus fortes pour aller plus vite, l’épidémie donnant des signes tangibles de ralentissement. Ces réunions pourraient acter une accélération du processus et le basculement de l’Ile-de-France en zone verte, ce qui pourrait conduire à anticiper la réouverture complète des cafés et des restaurants (attendue jusque-là pour le 22 juin).
La question de l’école , dont la reprise très lente est de plus en plus contestée, est également sensible. L’exécutif rappelle sa ligne prudente – qui « fonctionne », selon Matignon -, mais la pression se fait de plus en plus forte pour accélérer le tempo.
Aller plus vite dans la reprise
Jeudi, Bruno Le Maire a plaidé pour que l’activité reprenne « au plus vite », alors que le choc économique lié à l’épidémie de coronavirus est sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. « Il faut bien peser, dans cet équilibre entre économique et sanitaire, le coût que peut avoir la crise économique pour les plus fragiles », a souligné le ministre de l’Economie et des Finances, qui souhaite que le « retour au travail soit plus massif » et l’activité économique « normale dès cet été ». Le Medef plaide aussi pour une accélération du déconfinement, alors que l’économie française est attendue en chute de 11 % cette année et que la facture budgétaire de l’épidémie et du confinement atteint le niveau stratosphérique de 134 milliards d’euros.
Faux plat
Engagé dans un faux plat jusqu’au second tour des municipales , Emmanuel Macron veut tenter de casser ce climat anxiogène et de remettre les choses en ordre avant d’évoquer plus clairement le maintien de son cap et ses initiatives politiques, le tout étant attendu pour la mi-juillet. Si l’inquiétude des Français baisse de concert avec la décrue de l’épidémie, la défiance envers l’exécutif reste forte, selon le baromètre quotidien OpinionWay réalisé pour « Les Echos ». « Le déconfinement se passe bien mais il y a encore des zones de flottement », estime un proche.
A l’heure où la question des violences policières est revenue avec fracas sur le devant de la scène, la question de l’unité nationale vient s’inviter et sera sans doute aussi évoquée lors de l’intervention présidentielle. De plus en plus contesté par les syndicats policiers après ses propositions avancées en début de semaine , le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, se retrouve fragilisé.