De la difficulté de mesurer l’empreinte carbone des télécoms

De la difficulté de mesurer l’empreinte carbone des télécoms

« On ne gère bien que ce que l’on mesure. » La célèbre formule s’applique aussi au domaine du numérique responsable. Une organisation a besoin d’identifier ses principaux postes d’émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de définir ses priorités et dresser un plan d’action visant à réduire son empreinte carbone.

Comme d’autres industries, les acteurs du monde des télécoms ont du mal à s’accorder sur une approche commune de la mesure de l’impact environnemental de leurs métiers. Selon un rapport publié en 2022 par l’Arcep et l’Ademe, respectivement l’autorité de régulation des télécoms et l’agence de la transition écologique, 91 % des études sectorielles publiées ces dernières années ne faisaient mention d’aucun référentiel. Faute de cadre méthodologique commun, ces études aboutissent à des écarts significatifs dans les résultats d’évaluation.

C’est dans un but d’harmonisation que l’Arcep et l’Ademe viennent de publier un rapport pour aider les acteurs de la filière à mieux mesurer leur impact environnemental. Son « comité d’experts techniques sur la mesure » a déterminé une grille d’analyse synthétisant les exigences méthodologiques et de fiabilité des données selon le standard défini en 2018 par l’Union internationale des télécommunications (UIT).

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Améliorer le standard existant

Baptisé « recommandation L.1450 », ce référentiel de méthodologie d’évaluation de l’UIT, bien que faisant autorité, est faiblement utilisé. Pour améliorer son appropriation, le comité a passé au crible trois études dédiées au numérique responsable, publiées par l’équipementier Ericsson, le think tank The Shift Project (sur le déploiement de la 5G), l’Ademe et l’Arcep.

Résultat : les trois études se conforment partiellement aux dispositions du standard de l’UIT, notamment sur le périmètre à prendre en compte, le mode de comptabilisation des émissions émises lors de la phase de fabrication des équipements et pour l’extraction des matières premières nécessaires, et la qualité des données.

Sur la base de cette analyse, le comité d’experts propose 15 pistes d’amélioration. L’une d’elles vise à élargir la notion d’impact environnemental pour prendre en compte, en plus du changement climatique, la consommation de ressources naturelles ou la protection de la biodiversité.

Il convient par ailleurs d’intégrer les technologies émergentes comme la blockchain, l’intelligence artificielle et l’internet des objets dans les études d’impact environnemental du numérique. Le minage des cryptomonnaies ou l’exploitation d’algorithmes de machine learning et de deep learning s’avèrent de fait particulièrement énergivores.

Orange, Huawei ou Google parties prenantes

Créé en décembre 2020 à l’initiative de l’Arcep et de l’Ademe, le comité d’experts techniques sur la mesure vise « à favoriser une compréhension mutuelle entre les acteurs du numérique et les acteurs de l’environnement ». Présidé par Catherine Mancini, « leader portfolio management » chez Nokia, il regroupe des acteurs de l’industrie comme Altice (SFR), Bouygues Telecom, Iliad (Free), Orange, Intel, Cisco, AWS, Apple, Google ou Huawei, des chercheurs et des think tanks environnementaux.

« Courant avril », l’Arcep publiera la deuxième édition de son enquête annuelle “Pour un numérique soutenable”. Elaborée à partir d’indicateurs collectés auprès des quatre opérateurs télécoms nationaux, elle intègrera des indicateurs portant sur le reconditionnement et le recyclage des box et décodeurs TV. Une troisième édition, élargie aux fabricants de terminaux et opérateurs de datacenters, est prévue pour fin 2023.

A l’attention cette fois du grand public, l’Arcep a mis en ligne en janvier une liste de conseils et de bonnes pratiques pour aider les utilisateurs à limiter leur impact environnemental. L’Autorité recommande par exemple de privilégier le Wi-Fi aux réseaux 4G/5G, et de prolonger au maximum la durée de vie de ses équipements. Récemment, elle rappelait que 79 % de l’empreinte carbone du numérique provient de nos smartphones, tablettes et autres terminaux.

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