De Berlin à Paris, Elisabeth Borne jongle avec les crises – Le Monde

Le chancelier allemand Olaf Scholz et la première ministre Elisabeth Borne, à Berlin, le 25 novembre 2022.

Il y a des journées comme ça. Des moments symptomatiques où toute une période se retrouve condensée en quelques heures. Vendredi 25 novembre, Matignon, lieu d’atterrissage de tous les sujets et, parfois, de toutes les crises, a vécu une saison en accéléré.

Petit-déjeuner de la première ministre à Paris avec des femmes engagées contre les violences, départ à la mi-journée vers Berlin pour rencontrer le chancelier Olaf Scholz et évoquer l’épineux dossier du gaz et de l’électricité, soirée à l’Assemblée nationale pour affronter une motion de censure et annoncer un nouveau 49.3… « Il va en falloir justement de l’énergie aujourd’hui », glissait-on en fin de matinée, à Matignon. En une douzaine d’heures à peine, Elisabeth Borne a jonglé avec les dossiers chauds qui ont rythmé toutes ses semaines depuis sa prise de fonction. Comme un parfait résumé d’une période orageuse.

15 heures, à Berlin. La première ministre française est accueillie par le chancelier allemand. Dans la cour, le grand sapin de Noël est éteint. Sobriété oblige, il ne sera éclairé que quatre heures par jour, contre vingt-quatre heures sur vingt-quatre en 2021. Une heure et quart plus tard, après un entretien en face-à-face puis en format élargi, les deux chefs de gouvernement signent devant les caméras une « déclaration commune de solidarité énergétique ».

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Confrontés aux risques de pénuries, les deux pays « s’engagent à mettre en œuvre des mesures concrètes de soutien mutuel » : autrement dit, la France continuera à fournir du gaz, comme elle le fait depuis des semaines, à une Allemagne fortement touchée par l’arrêt des importations russes, et Berlin délivrera de l’électricité vers l’Hexagone, obligé d’en importer pour la première fois depuis quarante-deux ans à cause de l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires. « Des amis se soutiennent dans l’adversité », résume M. Scholz.

Eviter le scénario noir de coupures d’électricité

Entourée de sa garde rapprochée dans l’avion, Elisabeth Borne avait peaufiné chaque mot de la déclaration commune. Le fruit de longues heures de négociations entre les deux pays pour officialiser ce dispositif, qui ne devait être formalisé qu’en janvier 2023. Les Allemands tenaient à s’assurer que cette aide ne nuirait pas à leur capacité à approvisionner leurs régions du Sud, éloignées des champs d’éoliennes du Nord.

« L’Allemagne et la France avaient besoin de cet accord et c’est un bel exemple de solidarité face à la crise, confie la première ministre. Nous avons le devoir de continuer à montrer que l’Europe continue à protéger ses concitoyens et ses entreprises, comme cela a été le cas pendant le Covid, même si, en ce moment, il peut nous arriver parfois d’avoir des intérêts divergents en raison de mix énergétiques très différents. »

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