Dans les Deux-Sèvres, confrontation entre les opposants et les défenseurs des « mégabassines » d’irrigation – Le Monde

Le cortège arrive sur l'une des bassines destinées à l'irrigation des terres agricoles, à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres), le 6 novembre 2021.

Plusieurs milliers de personnes – 3 000 selon les organisateurs, « un peu plus de 1 500 » pour la préfecture – ont manifesté à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres), samedi 6 novembre, contre un projet de construction de seize « mégabassines » destinées à l’irrigation. Début septembre, les travaux pour creuser la première d’entre elles, à proximité du village, ont mis le feu aux poudres, les opposants jugeant le chantier illégal. Ces réserves sont destinées à permettre, selon les mots de Thierry Boudaud, président de la Coop de l’eau, maître d’œuvre du projet, l’alimentation en eau de « 450 irrigants ». Avec un objectif de fin des travaux en 2026.

L’imposant cratère de ce qui s’appelle une « réserve de substitution » est déjà terminé, alors que le tribunal administratif de Poitiers a rejeté, le 27 mai, neuf des seize bassines, arguant de leur taille excessive. Une décision insuffisante pour une dizaine d’associations qui ont fait appel du jugement, dénonçant une « mauvaise information du public », le « surdimensionnement » de l’ensemble des ouvrages prévus, les « impacts sur les milieux terrestres, en particulier les habitats et les espèces protégées, voire menacées comme l’outarde canepetière »

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Pour les opposants, la manifestation de samedi devait être une action d’envergure. Dans la foule bigarrée, les drapeaux de toutes les couleurs témoignaient de la diversité des organisations et associations présentes, d’Attac à l’association de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, ainsi que de l’imagination des participants qui avaient confectionné leurs pancartes, « Bassasine’s Creed », « Apocalypse d’eau », « Eau rage, eau désespoir »…

Des milliers de personnes ont manifesté contre un projet de seize « mégabassines », à l'appel notamment de Bassines Non Merci, de la Confédération paysanne, de la Ligue pour la protection des oiseaux et des Soulèvements de la terre, à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres), le 6 novembre 2021.
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Au cœur de la mobilisation, la question du modèle agricole et la préservation de la biodiversité. « Je suis là pour défendre les sols et l’eau, et une agriculture à l’opposé du modèle actuel », avance Lune (un prénom d’emprunt), une jeune femme de 29 ans, constructrice dans le bâtiment, venue de Paris, qui a choisi de devenir « activiste », bougeant de lutte en lutte, de ZAD en ZAD [zone à défendre], masque argenté sur le visage et toute de bleu vêtue, comme bon nombre de manifestants habillés de bleus de travail, de blouses de la même couleur, selon les consignes données par les organisateurs.

« Mauzé sur bassines »

Pascale Pavageau, elle, ne porte pas de bleu mais son écharpe tricolore d’adjointe (sans étiquette) au maire, à La Rochelard, petite commune de 580 habitants qui jouxte Mauzé. « Nous avons voté une motion contre ces bassines au printemps 2020 [une quarantaine de communes ont fait de même], car nous sommes contre cette infrastructure qui va profiter à certains, alors qu’elle est financée en partie par des fonds publics. Et, contrairement à ce qu’on nous a dit, elles ne vont pas se remplir avec les eaux de pluie mais bien par des forages, des prélèvements dans la nappe phréatique », s’indigne l’élue de 58 ans.

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