Dans le cortège de la manifestation #NousToutes, un appel pour que la vie des femmes « ne soit plus classée sans suite » – Le Monde

Hermione Hostatur et Zoé Harrang, 19 ans, étudiantes, place de la République, à Paris, le 19 novembre 2022.

Violets sont les manteaux, les pantalons, les foulards, les paillettes ou encore les traits d’eye-liner qui ornent le visage de quelques manifestantes. Elles portent la couleur emblématique de mouvements féministes, dont celle du collectif #NousToutes, qui coordonne, samedi 19 novembre, l’organisation du rassemblement à Paris et dans plusieurs villes françaises. Cette cinquième édition dénonce les dysfonctionnements de la justice pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles et poursuivre leurs auteurs.

Pour inciter les victimes à prendre la parole et améliorer les prises en charge, les associations réclament un budget public de 2 milliards d’euros par an, ainsi qu’une loi-cadre qui instaurerait notamment des brigades et juridictions spécialisées. Les faits dénoncés restent en hausse : entre 2017, début du mouvement #metoo, et 2021 le nombre de viols ou tentatives de viols recensés par le ministère de l’intérieur a doublé. Il est passé de 16 900 à 34 300, comptant principalement des faits anciens, selon le ministère.

Dans le cortège parisien, au départ de la place de la République et en direction de Nation, elles sont quelque 80 000, selon les organisatrices, et 18 500, d’après la police. Nombre d’entre elles ont été victimes de violences, à l’instar de Camille (les témoins dont le nom n’apparaît pas ont souhaité garder l’anonymat), chercheuse de 24 ans. Elle a déposé une plainte pour viol et agression sexuelle en 2021 à la permanence policière de la Maison des femmes en Seine-Saint-Denis, trois ans après les faits. Depuis, son dossier semble avoir disparu et son agresseur n’a jamais été convoqué, selon son avocate.

Lors de la marche contres les violences sexistes et sexuelles organisée par #NousToutes, le 19 novembre 2022.

La sœur de Sokhona, 45 ans et coordinatrice d’une association d’entraide, a, elle, porté plainte en 2015 lorsqu’elle était enceinte et victime de violence conjugale. Au commissariat, « on lui a répondu “encore une qui vient chercher des papiers” », se souvient Sokhona. « En plus du racisme et du sexisme, justice n’a jamais été rendu », conclut-elle. Alors, « pour que nos vies ne soient plus classées sans suite », comme le réclame une pancarte distribuée par NousToutes, Sokhona défile.

Boycotter la justice

Après une courte hésitation, Charlotte, 19 ans, en deuxième année de lettres, opte pour la pancarte reprenant le chiffre tiré de la dernière enquête de victimation de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) : seulement 0,6 % des viols ou tentatives de viols ont donné lieu à une condamnation en 2020. L’étudiante le complète du slogan #rasleviol. « Cette pancarte me correspond le plus », explique-t-elle à son amie venue la soutenir.

Il vous reste 49.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading