Dans la Creuse, le quasi-candidat Macron tente de casser son image de « président des villes » – Le Monde

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Publié aujourd’hui à 02h28, mis à jour à 05h33

La question est directe, la réponse un peu plus floue. « Est-ce que vous vous représentez aux élections ? » demande un jeune du lycée agricole d’Ahun, une commune de 1 400 habitants de la Creuse. « J’annoncerai ma décision en temps voulu », répond Emmanuel Macron. Alors que son intention de briguer sa succession ne fait aucun doute, celui qui fait de plus en plus office de « président candidat » a une nouvelle fois pris le soin de temporiser, lundi 24 janvier, lors de la première étape de son déplacement dans ce département, consacré aux problématiques de la ruralité, qui se poursuivra dans la Haute-Vienne jusqu’à mardi.

« Je vais continuer à me battre jusqu’au bout car on a encore beaucoup de choses à faire. Si tout avait été réglé… Ce n’est pas le cas ! » a-t-il ensuite éludé, manifestement soucieux de profiter le plus longtemps possible de sa position de chef de l’Etat face à ses adversaires. Avant de résumer, tout sourire : « Réponse au prochain épisode. »

Emmanuel Macron échange avec des élèves du lycée agricole d’Ahun (Creuse), le 24 janvier 2022.

Banderole de paysans mécontents

Comme s’il souhaitait évacuer dès le départ le sujet de sa candidature à l’élection présidentielle, prévue les 10 et 24 avril, pour se pencher sur les sujets spécifiques de ce « territoire ». A moins de trois mois du premier tour, M. Macron a décidé d’effectuer une plongée sur ces terres enclavées du centre de la France, afin d’envoyer un message à l’ensemble des électeurs vivant à la campagne. Une manière de casser l’image de « président des villes », qui lui colle à la peau depuis le début du quinquennat. Cette étiquette, qui lui a été vivement reprochée lors du mouvement des « gilets jaunes », découle d’une réalité électorale : lors de la présidentielle de 2017, il avait réalisé ses meilleurs scores dans les métropoles. Elle lui vaut d’être régulièrement accusé par l’opposition d’être « déconnecté des territoires », « hors sol », et de ne pas connaître « la France profonde ».

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Pour tordre le cou à ce que l’Elysée considère comme une caricature infondée, Emmanuel Macron a donc commencé par manier les symboles. On le dépeint comme un urbain ? Dès son arrivée, il est allé admirer une imposante vache limousine, qui fera le voyage au Salon de l’agriculture, en février. Une sorte de passage obligé dans ce type de déplacement, depuis que Jacques Chirac a popularisé l’image du président « tâtant le cul des vaches ». Puis le chef de l’Etat a surtout longuement vanté son bilan pour la ruralité.

Emmanuel Macron admire une imposante vache limousine, qui fera le voyage au Salon de l’agriculture, le 24 janvier 2022, à Ahun (Creuse).

D’abord, en cherchant à convaincre de sa détermination à améliorer le sort des agriculteurs. « On doit complètement revaloriser vos métiers », a-t-il lancé à certains d’entre eux lors d’un échange dans l’étable du lycée agricole, en promettant que la mise en œuvre de la loi Egalim 2 allait produire ses effets rapidement, après un premier volet décevant. « Le revenu, c’est la mère des batailles », a appuyé le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, présent aux côtés de M. Macron – en compagnie du ministre de la santé, Olivier Véran, et du secrétaire d’Etat à la ruralité, Joël Giraud. Des propos volontaristes, loin de rassurer les exploitants locaux. Sur le trajet du président de la République, une immense affiche avait été dressée dans un champ par des paysans mécontents, avec l’inscription : « L’agriculture meurt à petit feu, vous en avez rien a foutre. »

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