Crise en Ukraine : un cessez-le-feu de moins en moins respecté dans l’est du pays – Le Monde

A Stanytsia Luhanska, dans la région de Louhansk, des baches ont été tendues sur les toits endommagés par les obus tombés la veille.

Les craintes d’une invasion russe en Ukraine sont à leur comble. Samedi 19 février, les forces ukrainiennes et les séparatistes prorusses se sont mutuellement accusés de violations du cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine. Les dernières attaques ont fait au moins un mort, un soldat ukrainien tué par un éclat d’obus, selon Kiev.

Les forces armées ukrainiennes ont toutefois affirmé, dans un communiqué, qu’elles « contrôl[aient] la situation » et « poursuiv[aient] leur mission de repousser l’agression armée de la Russie ». De leur côté, les séparatistes de la « république populaire de Donetsk » (Etat prorusse autoproclamé en 2014), qui accusent Kiev de vouloir reprendre leur territoire, ont qualifié la situation de « critique » et ont annoncé une « mobilisation générale », tout comme leurs voisins de la région de Louhansk.

Les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont affirmé, samedi, avoir constaté une « augmentation spectaculaire » des violations du cessez-le-feu – un total de 870 pour la journée de vendredi. Selon l’OSCE, le nombre d’incidents armés sur la ligne de front est désormais identique à celui d’avant juillet 2020, date à laquelle avait été conclu un accord pour renforcer le cessez-le-feu.

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« La diplomatie est toujours une possibilité »

Le Kremlin continue de nier toute intention d’attaquer son voisin, mais réclame des garanties pour la sécurité de la Russie, comme le retrait de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Europe de l’Est, ce que l’Occident refuse.

Vendredi, le président des Etats-Unis, Joe Biden, s’est déclaré « convaincu » que M. Poutine avait décidé d’envahir l’Ukraine et que la multiplication des heurts visait à créer une « fausse justification » pour lancer une offensive :

« Nous avons des raisons de penser que les forces russes ont l’intention d’attaquer l’Ukraine (…) dans les prochains jours. (…) Nous pensons qu’ils prendront Kiev pour cible, une ville de 2,8 millions d’innocents ».

Le président américain a toutefois laissé la porte ouverte au dialogue. Tant qu’une invasion ne s’est pas produite, « la diplomatie est toujours une possibilité », a-t-il estimé, annonçant une rencontre entre son secrétaire d’Etat, Antony Blinken, et le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, jeudi.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, doit, lui, se rendre à Munich, en Allemagne, samedi pour rencontrer des dirigeants occidentaux, dont la vice-présidente américaine, Kamala Harris.

De son côté, le Kremlin a confirmé samedi que M. Poutine allait s’entretenir dimanche au téléphone avec son homologue français, Emmanuel Macron. Vendredi soir, l’Elysée a annoncé cet appel, destiné à « éviter le pire » en Ukraine.

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Des sanctions économiques dévastatrices

Après les bombardements de la veille sur une école et des maisons de Vrubivka, près de la ligne de contact dans la région de Louhansk ( Louhansk Oblast), le 18 février 2022.

Selon Washington, Moscou dispose de 190 000 hommes aux abords de l’Ukraine et sur son territoire, en comptant les forces séparatistes. C’est « la plus grande concentration de troupes militaires » depuis la guerre froide, a dit le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

Vendredi, le Pentagone a affirmé qu’entre 40 % et 50 % de ces troupes russes étaient « en position d’attaque » et que les heurts sur la ligne de front faisaient partie d’une « campagne de déstabilisation de l’Ukraine » préliminaire à une invasion. La Russie n’a jamais divulgué le nombre de ses soldats massés aux frontières de l’Ukraine.

Le ministère de la défense russe, Sergueï Choïgou, a annoncé que M. Poutine superviserait personnellement samedi des manœuvres militaires, avec notamment des tirs de missiles balistiques et de croisière capables de porter des charges nucléaires. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré qu’il s’agissait d’un « processus d’entraînement régulier ».

Ces exercices mobiliseront des forces du district militaire Sud, les forces aérospatiales, les flottes du Nord et de la mer Noire ainsi que les « forces stratégiques ». Ces dernières sont équipées de missiles à portée intercontinentale, de bombardiers stratégiques, de sous-marins, de navires de surface et d’une aviation navale porteuse de missiles conventionnels.

L’Occident, unanime, a promis à Moscou des sanctions économiques dévastatrices en cas d’invasion de l’Ukraine. Elles feraient de la Russie un « paria », a encore affirmé vendredi un responsable américain. M. Poutine a de nouveau balayé la menace : « Les sanctions seront introduites quoi qu’il arrive. Qu’il y ait une raison ou pas, ils en trouveront une, car leur but est de freiner le développement de la Russie. »

Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Faute de retrait militaire russe, la fébrilité s’installe autour du sort de l’Ukraine

Le Monde avec AFP

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