Crise en Ukraine : les Occidentaux menacent la Russie de « sanctions drastiques » en cas d’invasion – Le Monde

Des soldats américains déployés sur la base militaire Mihail Kogalniceanu en Roumanie, en renfort de l’OTAN, vendredi 11 février 2022.

Les Etats-Unis ont affirmé vendredi 11 février que la Russie pourrait envahir l’Ukraine « à tout moment » dans les prochains jours. Une déclaration qui ravive le spectre d’une guerre en Europe après une phase d’intense diplomatie.

Face à cette menace présentée comme imminente, les sonneries téléphoniques retentissent de plus belle des deux côtés de l’Atlantique pour tenter de relancer le dialogue.

Le président américain Joe Biden, qui passe le week-end dans la résidence de Camp David, va s’entretenir samedi au téléphone avec son homologue russe Vladimir Poutine, dans la foulée d’un coup de fil vendredi entre leurs chefs d’état-major. Le général Mark Milley et le général Valéri Guerassimov « ont discuté de plusieurs sujets de préoccupation en matière de sécurité », a précisé le porte-parole de l’état-major américain, le colonel Dave Butler. D’un commun accord, ils ont décidé de ne pas publier les détails de leur conversation.

Un appel est aussi prévu samedi entre le maître du Kremlin et le président français, Emmanuel Macron. L’Elysée a souligné vendredi que les Occidentaux voulaient résoudre cette crise par « la voie diplomatique, le dialogue et la dissuasion ».

« Soutien ferme » des Etats-Unis à l’Ukraine

Les dirigeants occidentaux, dont Joe Biden, le chancelier allemand, Olaf Scholz, et Emmanuel Macron, promettent des sanctions « rapides et drastiques » si la Russie envahit l’Ukraine, a déclaré le porte-parole du chancelier allemand, vendredi 11 février, à l’issue d’une téléconférence entre les alliés.

Vendredi, le Kremlin a relevé que des discussions réunissant la veille à Berlin des représentants de la Russie, de l’Ukraine, de l’Allemagne et de la France n’avaient produit « aucun résultat ».

Plusieurs dizaines de milliers de soldats russes ont entamé jeudi des exercices de grande ampleur en Biélorussie, pays voisin de l’Ukraine, qui doivent en théorie durer jusqu’au 20 février. Selon les Occidentaux, la Russie prépare une invasion imminente de l’Ukraine. Moscou rejette ces accusations, et dit vouloir simplement assurer sa sécurité face à l’hostilité de Kiev et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Lire l’analyse : Article réservé à nos abonnés L’Ukraine en alerte après le début d’exercices militaires russo-biélorusses

Une invasion de l’Ukraine par la Russie peut « survenir à tout moment », y compris avant la fin des Jeux olympiques de Pékin, le 20 février, a déclaré vendredi soir le conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, Jake Sullivan. « Nous continuons à voir des signes d’escalade russe, y compris l’arrivée de nouvelles forces à la frontière ukrainienne », a-t-il affirmé à la presse, ajoutant : « Nous ne disons pas qu’une décision finale a été prise par le président [russe, Vladimir] Poutine. »

Echec de plusieurs séries de pourparlers

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré vendredi son homologue ukrainien du « soutien ferme » des Etats-Unis à Kiev « face à une menace de plus en plus aiguë » d’invasion russe. Le secrétaire d’Etat a dit au téléphone à Dmytro Kouleba que l’Ukraine continuait de « bénéficier du soutien durable et inébranlable des Etats-Unis pour sa souveraineté et son intégrité territoriale », ont rapporté ses services dans un communiqué. Il a ajouté que « toute agression russe » provoquerait des « conséquences rapides, sévères et unitaires » de la part des Occidentaux.

Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Face à la Russie, les Etats-Unis se risquent à la dénonciation préventive

Plus tôt vendredi, le chef des services de renseignement militaire norvégiens a affirmé que tout était prêt d’un point de vue opérationnel pour un vaste spectre d’opérations militaires russes en Ukraine. Les Russes « ont tout ce dont ils ont besoin pour tout mettre à exécution, d’une invasion mineure à l’est, d’attaques mineures un peu partout en Ukraine, à une invasion complète avec, éventuellement, une occupation de toute l’Ukraine ou de certaines parties » du pays, a dit le vice-amiral Nils Andreas Stensones. « Maintenant, c’est en premier lieu au président Poutine de choisir de le faire ou de ne pas le faire », a-t-il ajouté.

L’est de l’Ukraine est depuis 2014 en proie à une guerre entre Kiev et des séparatistes prorusses dont le Kremlin est largement considéré comme le parrain militaire et financier. Plusieurs séries de pourparlers ces derniers jours n’ont pas permis de progresser pour résoudre de façon diplomatique cette crise, que les Occidentaux décrivent comme la plus dangereuse depuis la fin de la guerre froide.

Londres recommande à ses ressortissants de quitter l’Ukraine

Vendredi, l’Union européenne a recommandé aux personnels non essentiels de sa représentation à Kiev de quitter l’Ukraine pour télétravailler depuis l’étranger, a dit le porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. « Nous ne procédons pas à une évacuation. Pour l’instant, le personnel non essentiel a la possibilité de télétravailler depuis l’extérieur du pays, a expliqué Peter Stano. Nous continuons à évaluer la situation au fur et à mesure compte tenu de son évolution, en étroite consultation et en coordination avec les Etats membres de l’UE. » Le chef de la délégation de l’UE à Kiev, l’Estonien Matti Maasikas, a recommandé aux personnels non essentiels de quitter l’Ukraine « dès que possible » dans un e-mail publié par le quotidien EU-Observer. Peter Stano s’est refusé à commenter ce courriel.

Plus tôt dans la journée, le Royaume-Uni a conseillé à ses ressortissants de quitter « immédiatement » l’Ukraine « par des moyens commerciaux tant qu’ils restent disponibles ». Le Canada puis la Norvège ont fait des recommandations similaires. Le gouvernement israélien a décidé « d’évacuer les familles des diplomates et du personnel de son ambassade en Ukraine ». Jeudi, le président des Etats-Unis a exhorté ses concitoyens à quitter le pays sans attendre, parce que « les choses pourraient très vite s’emballer ».

Lire le reportage : Article réservé à nos abonnés En Ukraine, des civils s’entraînent à la guerre « pour être prêts » face à la menace russe

Le Monde avec AFP

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *