Crise en Ukraine : Biden avertit Poutine, manœuvres russes… le point sur la situation ce samedi – Le Parisien

Les efforts diplomatiques marqués par une frénésie d’appels téléphoniques samedi entre les dirigeants occidentaux et Moscou ont échoué à atténuer les tensions autour de l’Ukraine, le Kremlin dénonçant « l’hystérie » américaine et Joe Biden menaçant Vladimir Poutine de « répercussions sévères et rapides » en cas d’invasion.

La question de savoir si la Russie va mener une offensive en Ukraine se fait de plus en plus insistante, alors que la journée de vendredi a été marquée par une certaine montée des tensions. Ces derniers mois, la Russie a massé des dizaines de milliers de soldats aux frontières ukrainiennes, faisant craindre une attaque. Mais elle dément tout projet en ce sens et réclame des garanties pour sa sécurité, dont le rejet d’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan, une alliance militaire occidentale. Le Parisien fait le point sur les événements de cette journée.

Biden promet des «répercussions sévères et rapides»

En fin d’après-midi, Joe Biden et Vladimir Poutine se sont entretenus environ une heure au téléphone. Lors de cette conversation, l’Américain a à nouveau averti son homologue russe des «répercussions sévères et rapides» que subirait Moscou en cas d’attaque de l’Ukraine. Les Etats-Unis et leurs alliés « répondront de manière résolue et imposeront des répercussions sévères et rapides à la Russie » si cette dernière envahit l’Ukraine, a indiqué l’exécutif américain.

« L’hystérie a atteint son apogée », a réagi Iouri Ouchakov, le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, tout en précisant que «les présidents ont convenu de poursuivre les contacts à tous les niveaux». « Ces derniers jours et ces dernières heures, la situation a été menée à l’absurde », a critiqué le conseiller, affirmant que « les Américains annoncent la date même de l’invasion russe, et en même temps gonflent les muscles militaires de l’Ukraine ». Il a néanmoins noté que la conversation était « restée de nature assez équilibrée et professionnelle ».

L’Elysée : un «dialogue sincère» n’est «pas compatible avec une escalade»

Avant cela, le dirigeant russe s’était entretenu durant 1h40 avec Emmanuel Macron. Selon l’Elysée, le président français a averti son homologue de Moscou qu’un « dialogue sincère » n’est « pas compatible avec une escalade ». Les chefs d’Etat « ont tous deux exprimé une volonté de poursuivre le dialogue » sur « les voies pour avancer sur la mise en oeuvre des accords de Minsk » sur le Donbass et sur « les conditions de la sécurité et de la stabilité en Europe », a ajouté la présidence française.

Emmanuel Macron s’est aussi « fait le relais des inquiétudes de ses partenaires européens et de ses alliés », a-t-elle précisé. Les accusations contre la Russie sur l’Ukraine sont des « spéculations provocatrices », a de son côté indiqué le chef d’Etat russe. Contrairement à plusieurs autres capitales européennes, Paris ne recommande pas à ses ressortissants de quitter le sol ukrainien mais, comme elles, déconseille aux Français de voyager dans ce pays.

Blinken voit «des signes d’escalade», Lavrov dénonce «une provocation»

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, s’est entretenu ce samedi avec son homologue russe, Sergeï Lavrov. « Nous continuons à voir des signes très troublants d’escalade russe, notamment l’arrivée de nouvelles forces aux frontières de l’Ukraine », a déclaré le chef de la diplomatie américaine. La voie diplomatique reste « ouverte », mais exige une « désescalade » de Moscou.

Pendant cette discussion au téléphone, Sergeï Lavrov « a souligné que la campagne de propagande lancée par les États-Unis et ses alliés sur une agression russe contre l’Ukraine a pour objectif la provocation, en encourageant les autorités de Kiev », la capitale ukrainienne, à se lancer dans une « résolution militaire du problème du Donbass ». Cette région se trouve à l’est de l’Ukraine et est frontalière de la Russie. Les forces ukrainiennes y affrontent depuis huit ans des séparatistes pro-russes soutenus par Moscou..

Nouvelles manœuvres russes

La Russie a lancé ce samedi de nouvelles manœuvres navales d’ampleur en mer Noire. Le ministère de la Défense explique qu’il s’agit de « défendre la côte maritime de la péninsule de Crimée (NDLR : région prise à l’Ukraine par la Russie en 2014), les bases des forces de la flotte de la mer Noire, ainsi que les objets du secteur économique du pays (…) d’éventuelles menaces militaires ».

Côté Pacifique, un destroyer de la flotte russe a chassé de ses eaux territoriales un sous-marin nucléaire américain de classe Virgina, au large des îles Kouriles, a affirmé ce samedi le ministère russe de la Défense. Le bâtiment russe « Maréchal Chapochnikov » avait diffusé un message sous-marin ordonnant au navire américain « de faire surface ». Face à son refus, des « moyens » non-identifiés ont été utilisés forçant le submersible à « quitter les eaux territoriales de la Russie à pleine vitesse », selon un communiqué du ministère qui précise que l’incident a eu lieu samedi à 7h40 GMT (8h40 à Paris).

Volodymyr Zelensky demande de rester « calme »

La diplomatie ukrainienne estime ce samedi qu’il est « extrêmement important de garder le calme » et de ne pas céder à la panique face à la menace d’une invasion russe. « En ce moment, il est extrêmement important de garder le calme, se consolider à l’intérieur du pays, éviter les actes qui déstabilisent la situation et sèment la panique », insistent les Affaires étrangères.

« Actuellement, le meilleur ami de nos ennemis est la panique dans notre pays. Et toutes ces informations (quant à une attaque) ne font que provoquer la panique et ne nous aident pas », a déclaré le chef d’Etat ukrainien, Volodymyr Zelensky.

A Kiev, des milliers de manifestants ont défilé samedi, disant refuser de céder à la panique justement, même s’ils prennent la menace au sérieux. « La panique, ça sert à rien. Il faut s’unir et lutter pour notre indépendance », déclare l’étudiante Maria Chtcherbenko, tenant une pancarte « Je reste calme. J’aime l’Ukraine ».

Le Pentagone retire la quasi-totalité de ses derniers soldats d’Ukraine

Mais samedi en milieu d’après-midi, le Pentagone a ordonné le retrait des 160 soldats américains, qui entraînaient les forces ukrainiennes pour les « repositionner ailleurs en Europe ». Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a pris cette décision concernant ces soldats de la Garde nationale de Floride « en gardant à l’esprit la sûreté et la sécurité des effectifs », selon le communiqué. « Ce repositionnement ne constitue pas un changement dans notre détermination à soutenir les forces ukrainiennes, mais offrira une certaine souplesse pour rassurer nos alliés et empêcher toute agression », a ajouté le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

L’ambassade américaine à Kiev, elle aussi, se vide en partie de son personnel. Les Etats-Unis ont fait savoir ce samedi qu’ils retirent des lieux leurs salariés non essentiels. Vendredi, Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, a assuré son homologue ukrainien, Dmytro Kouleba, du « soutien ferme » des États-Unis. De manière plus générale, le ministère américain de la Défense a annoncé l’envoi de 3000 soldats en Pologne, voisine de l’Ukraine. Le but est de « rassurer les alliés de l’Otan ».

Belgique, Allemagne, Pays-Bas et Suède conseillent de quitter Kiev

L’Allemagne a également annoncé qu’elle allait réduire son activité diplomatique à Kiev. « Nous maintiendrons notre ambassade ouverte, mais réduirons le personnel diplomatique », a déclaré la cheffe de la diplomatie, Annalena Baerbock. Les Pays-Bas vont également réduire au minimum leur activité diplomatique sur place. Les deux pays ont invité leurs ressortissants à quitter l’Ukraine ou à ne pas s’y rendre. Le Canada a annoncé samedi fermer temporairement son ambassade à Kiev et déplacer ses opérations dans un bureau temporaire à Lviv, à l’ouest du pays « en raison de la détérioration de la situation causée par le déploiement des troupes russes à la frontière ».

La Belgique conseille ce samedi à ses ressortissants de partir et déconseille les voyages dans ce pays. Les Suédois sont invités à quitter l’Ukraine dès que possible, a averti Stockholm. Le Royaume-Uni, le Canada, la Norvège ou encore l’Australie, le Japon et Israël ont fait de même.

Les institutions de l’Union européenne ont recommandé à leurs personnels non essentiel de la représentation à Kiev de quitter l’Ukraine pour télétravailler depuis l’étranger. La compagnie aérienne KLM a annoncé samedi la suspension jusqu’à nouvel ordre des vols vers l’Ukraine.

Moscou a aussi rappelé une partie de son personnel diplomatique, affirmant craindre des « provocations » adverses.

Le scénario américain de l’attaque russe

Les Américains, qui ont partagé avec leurs alliés les analyses de leurs services de renseignement, ont esquissé un scénario dramatique en cas d’offensive russe. Celle-ci « commencerait probablement par des bombardements aériens et des tirs de missiles qui pourraient évidemment tuer des civils », a dit un conseiller de la Maison Blanche, Jake Sullivan. Elle pourrait aussi inclure « un assaut rapide » contre Kiev.

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