Crise à l’hôpital. Des milliers de blouses blanches dans la rue, Macron promet des « décisions fortes » – Ouest-France

« Il est urgent d’agir », « l’hôpital est mort, réanimez-le », « hôpital public en urgence vitale » : la gravité des slogans sur les banderoles tranche avec l’ambiance festive et bon enfant du cortège parti de Port-Royal vers 14 h, ce jeudi 14 novembre, à Paris.

Fanfare, pétards, sifflets et sirènes pour se faire entendre, fumigènes et « die-in » pour le côté théâtral, les manifestants, qui dénoncent un système de santé au bord de l’explosion, avancent en direction des Invalides, en espérant qu’une délégation soit reçue à Matignon en fin de journée.

La manifestation des personnels hospitaliers, jeudi 14 novembre 2019, dans les rues de Paris. | STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le Président dit avoir « entendu la colère et l’indignation »

« Cette situation, elle n’a pas commencé il y a un mois, 6 mois ou un an. Soyons lucides et honnêtes avec nous-mêmes: nous en héritons et elle est le résultat d’années et d’années de mise sous tension qui on fait peser sur l’hôpital l’essentiel de l’effort de maîtrise de dépenses de santé », a réagi Emmanuel Macron, lors d’un déplacement à Epernay, dans la Marne.

Le président de la République dit avoir « entendu la colère et l’indignation » du personnel soignant face à des conditions de travail « parfois impossibles » et admis que « le plan qui a été mis en oeuvre ne va pas assez vite ».

Des annonces le 20 novembre

« J’ai demandé au gouvernement de travailler avec vigueur pour un plan d’action renforcée et des décisions fortes qui seront annoncées par le Premier ministre au sortir du conseil des ministres de mercredi prochain » 20 novembre, a ajouté Emmanuel Macron.

« Ces décisions redonneront des marges de manoeuvres financières, plus de moyens mais pas seulement. Nous devons investir et assumer investir plus fortement que nous n’avions au début envisagé de le faire parce que la situation est encore plus grave que celle que nous avions analysée », a-t-il précisé.

Emmanuel Macron est dans la Marne ce jeudi 14 novembre 2019. | FRANCOIS NASCIMBENI / AFP / POOL

« Revoir la gouvernance à l’hôpital »

Il y aura donc, selon le chef d’Etat, dans les annonces qui seront faites à l’issue du prochain Conseil des ministres, « des choses très structurantes qui ne figuraient pas dans le plan santé 2022 mais qui viennent corriger des choses qu’on connaît parfois depuis 15, 20 ans et qui ont conduit au blocage dans l’hôpital ».

Emmanuel Macron souhaite une « vraie logique de réorganisation » et de « revoir la gouvernance à l’hôpital » en redonnant « plus de place et de sens à ceux qui soignent ». « Si l’hôpital public ne fonctionne plus, le système de santé français ne peut pas bien fonctionner », a-t-il insisté, disant sa « reconnaissance à tous ceux qui le font vivre chaque jour ».

« Je les écoute, les considère et je veux que nous puissions répondre à cette alarme », a-t-il assuré.

Galop d’essai avant le 5 décembre

« Il faut faire pression, montrer notre rapport de force », a déclaré Oriane Plumet, infirmière à la Pitié-Salpêtrière et vice-présidente du collectif Inter-Urgences, précisant que son collectif tiendrait une assemblée générale à l’hôpital Cochin après la manifestation.

« Il y a des chances pour qu’on appelle à la mobilisation le 5 décembre », a-t-elle ajouté. Plusieurs syndicats dont la CGT et FO appellent à partir de cette date à une grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites, qui s’annonce très suivie à la SNCF et la RATP.

Philippe Martinez (au centre), leader de la CGT, est dans le cortège. | STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Pour Patrick Pelloux, « ça ne va pas s’arrêter comme ça »

Une autre assemblée générale est prévue en même temps à la Pitié-Salpêtrière, où le collectif Inter-Hôpitaux « décidera de la suite du mouvement ».

Sa porte-parole, Anne Gervais, hépatologue à l’hôpital Louis Mourier (Colombes, Hauts-de-Seine) a estimé qu’« il faut que l’hôpital public soit maintenu, s’il ne l’est pas le gouvernement en verra les conséquences dans les urnes et ce sera catastrophique ».

L’emblématique Patrick Pelloux, médecin au Samu de Paris et président de l’Association des urgentistes de France (Amuf) a pour sa part exhorté le gouvernement « à prendre cette crise au sérieux », avertissant que « ça ne va pas s’arrêter comme ça »

Une délégation reçue au Sénat

En marge de la manifestation  et de l’examen en cours dans l’hémicycle du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2020, la commission des Affaires sociales du Sénat a reçu une délégation de soignants.

La commission a reçu Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie de l’hôpital Henri-Mondor (Créteil, Val-de-Marne) et membre du collectif Inter-Hôpitaux, ainsi que deux membres du collectif Inter-Urgences, a indiqué en séance son président, Alain Milon (LR).

« Ça n’est pas l’habitude du Sénat de recevoir des manifestants, nous l’avons fait parce que nous sommes dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale et que depuis maintenant plusieurs années la commission des Affaires sociales alerte les gouvernements successifs sur les difficultés de l’hôpital », a-t-il précisé.

« Le malaise est grand, il ne date pas d’aujourd’hui », a poursuivi Alain Milon. « Maintenant nous ne sommes plus dans le mouvement des Gilets jaunes, mais dans le mouvement des blouses blanches, et celui là est particulièrement dangereux pour notre pays »

Alain Milon a plaidé pour l’organisation d’« états généraux de la santé un peu partout sur le territoire national, afin de faire comprendre à nos concitoyens que ce malaise là ne pourra être réglé que par une augmentation des personnels soignants et donc par une augmentation des financements et donc par une augmentation des cotisations ».  

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