Criminalité : les nouvelles technologies sont-elles la solution ?
La criminalité est un sujet récurrent de l’actualité. Pour faire face à la violence et aux délits, les autorités exploitent les dernières avancées techniques et technologiques existantes comme l’intelligence artificielle. Cependant, l’IA est un outil qui se trompe encore régulièrement. Et, résultat : en se basant uniquement sur ses données erronées, des individus se retrouvent inculpés à tort.
24 février 2024. Les autorités allemandes annoncent avoir arrêté Daniela Klette, une femme aujourd’hui âgée de 65 ans, présumée terroriste du groupe Fraction armée rouge qui a sévi entre 1968 et 1998. Disparue et recherchée depuis 30 ans par la police, c’est finalement un journaliste qui l’a retrouvée. Comment ? Grâce à l’intelligence artificielle ! Michael Colbone, le journaliste, aurait utilisé l’outil de reconnaissance faciale Pimeyes pour remonter jusqu’à elle. Il aurait découvert son compte FacebookFacebook et aurait ainsi pu l’identifier juste en une trentaine de minutes.
Pas le temps de lire ? Découvrez cette actu au format audio dans notre podcast Vitamine Tech, animé par Adèle Ndjaki. © Futura
La technologie a toujours été un puissant allié dans la lutte contre la criminalité. Deux types d’innovations technologiques ont profité au système de justice pénale : les technologies dures, qui comprennent les innovations dans les matériaux, les appareils et les équipements utilisés – ce sont des outils qui permettent de prévenir une infraction – et les technologies douces qui comprennent les innovations concernant les logiciels, les systèmes de classification, les techniques d’analyse de la criminalité, de partage de données et d’intégration de systèmes.
Une sécurité garantie par l’IA
Pour faire face à l’évolution constante des menaces numériques, les forces de l’ordre et les services du renseignement doivent constamment adapter leurs méthodes de travail, une flexibilité offerte par les nouvelles technologies. En France, les autorités l’ont bien compris. Pour l’organisation des JO de Paris 2024, l’État a décidé de mettre à la disposition des forces de l’ordre et du service de renseignement SPECTRA, un logiciel développé par l’entreprise OPPSCIENCE, et qui arrive à transformer des volumesvolumes importants de données en connaissances exploitables. Un programme informatique assez puissant sous fond d’IA qui réussira à réduire le temps de traitement des enquêteurs jusqu’à 60 %. Apprentissage automatique, analyse et traitement de données, reconnaissance faciale…
Avec l’intelligence artificielle, tout va beaucoup plus vite ! Selon une étude de l’Université internationale de Floride, aux États-Unis, grâce à l’IA, il y aurait plus de 66 % de chances de trouver des suspects dans des crimes violents. D’ailleurs, l’utilisation de cet outil par les autorités compétentes aurait permis de résoudre, l’année dernière 68 % des meurtres survenus et 58 % des crimes violents cette année-là. Alors que, toujours selon cette étude américaine, avant la démocratisation de l’intelligence artificielle, la police n’était en mesure d’arrêter les suspects que dans 45 % des cas de meurtre et moins de 38 % des cas de crimes violents. De surcroît, selon une récente étude, les États-Unis auraient connu une baisse « historique » de la criminalité en 2023 avec près de moins de 13 % d’homicides et plus de moins de 6 % de cambriolages.
Des résultats fondés sur des préjugés
L’intelligence artificielle va très vite, peut-être même un peu trop vite. Aux États-Unis, lors d’une récente audience au Sénat de Floride, des inquiétudes ont été soulevées quant à l’utilisation de l’intelligence artificielle par les services de police. Car un constat aurait été fait : de plus en plus d’arrestations injustifiées auraient été relevées depuis que les autorités compétentes exploitent l’IA. C’est un problème quand on sait que l’intelligence artificielle est une technologie fondée consciemment ou inconsciemment sur des biais cognitifs humains. des biais qui faussent les données d’entraînement d’origine ou l’algorithme d’IA qui entraîne des résultats faussés et potentiellement dangereux. Car les modèles apprennent à partir de données historiques et viennent donc absorber tous les partis pris de la société. C’est la raison pour laquelle les sénateurs américains proclament être profondément préoccupés par le fait que la technologie de reconnaissance faciale puisse renforcer les préjugés raciaux dans leur système de justice pénale et ainsi contribuer à des arrestations fondées sur des preuves erronées.
Prenons l’exemple de la santé. La sous-représentation des données des femmes ou des groupes minoritaires peut fausser les algorithmes d’IA prédictive. Il a d’ailleurs été constaté que les systèmes de diagnosticdiagnostic assisté par ordinateur renvoient des résultats moins précis pour les patients Afro-américains que pour les patients blancs. Il faut donc être précautionneux avec l’utilisation que nous faisons de l’IA et ne pas s’appuyer entièrement sur ces données. Il serait d’ailleurs faux de croire que les progrès technologiques sont les seuls moyens de faire baisser la criminalité dans le monde. Nous pouvons prendre comme indicateur ce qu’il se passe aux États-Unis. D’après les autorités compétentes, il semblerait que la criminalité ait diminué non seulement grâce au déploiement d’une police de proximité avec plus de 200 policierspoliciers supplémentaires dans les rues, mais également parce que certaines villes s’appuient sur des référents pour renouer le dialogue dans les quartiers sensibles. L’Homme est donc le seul à pouvoir réduire toutes les infractions et incivilités qui ont lieu sur cette planète.