Crack à Paris : abandon du projet de déplacement des toxicomanes dans le 12e arrondissement – sortiraparis

Par Caroline J. · Photos par My B. · Publié le 28 janvier 2022 à 14h01

Nouveau rebondissement dans le bras de fer opposant la mairie de Paris à la préfecture de police autour des consommateurs de crack. Dans un communiqué publié ce vendredi 28 janvier, la préfecture annonce renoncer au déplacement des toxicomanes dans le 12e arrondissement de Paris.

Un nouveau terrain pour les consommateurs de crack à Paris ? Dans un communiqué publié le mardi 25 janvier, la préfecture de police de Paris annonçait avoir trouvé un « terrain susceptible d’accueillir les usagers de crack », regroupés depuis plus de quatre mois dans le 19e arrondissement de la capitale.

Finalement, la préfecture de police annonce l’abandon de ce projet et renonce au déplacement des toxicomanes dans le 12e arrondissement de Paris. Dans un communiqué publié ce vendredi 28 janvier 2022, le préfet de police Didier Lallement y explique prendre « acte de la virulente opposition de la maire de Paris à tout projet de déplacements des usagers du crack, hors de la place Auguste-Baron ». « Dans ces conditions, il ne peut que constater son empêchement par la Ville à réaliser l’évacuation vers le site du 12e arrondissement ou vers tout autre site », poursuit la préfecture. Le préfet de police dit regretter la décision de la Mairie de Paris qui a refusé « de faire la moindre proposition », dit-elle. 

Par ailleurs, la préfecture de police explique qu’elle continuera à demander à la Ville de Paris de « nettoyer cette place » où s’accumulent, selon elle, des « débris » et des « cabanes », refusant qu’un « bidonville se construise à cet endroit masquant à la vue des policiers, les trafics ».


Pour rappel, à la demande du ministre de l’Intérieur, le préfet de police était parti en quête d’un nouveau terrain pour accueillir les consommateurs de crack. Ce site devait répondre à plusieurs critères : « d’une part, le plus possible éloigné des quartiers résidentiels, commerçants ou des nœuds de transport, et, d’autre part, accessible aux services sanitaires et sociaux, de façon à ce que l’accompagnement social et médical déjà mis en place puisse y être déployé ».

Finalement, ce nouveau terrain – mis à disposition par le Groupe SNCF – se situait à l’intersection de deux faisceaux ferroviaires et du boulevard Poniatowski dans le 12e arrondissement de Paris. La préfecture précisait que des « travaux de pose d’une clôture sécurisée » devaient être réalisés avant l’arrivée des toxicomanes.

« Déplacer les usagers de drogue ne permet pas de résoudre définitivement la problématique du crack », admettait la Préfecture, « mais c’est un devoir vis-à-vis des riverains du 19e et du 18e qui ont trop longtemps été éprouvés par la présence des usagers de drogue » estimait-elle.

Dans une lettre consultée par l’AFP, la maire de Paris Anne Hidalgo avait exprimé son opposition au déplacement des consommateurs de crack. « La Ville de Paris ne participera en aucune manière à toute nouvelle opération qui ne ferait que déplacer le problème sans chercher à le résoudre de manière efficace et durable », expliquait-elle dans ce courrier adressé au préfet de police Didier Lallement.

Depuis, les réactions s’étaient multipliées, que ce soit du côté des politiques comme des associations. « Jusqu’où ira votre ignominie ? Un terrain éloigné de tout et entouré de clôtures sécurisées ne permet pas une prise en charge décente des personnes et marque votre mépris pour les professionnels du secteur médico-social » avait notamment dénoncé Médecins du Monde.

De son côté, Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo, réclamait l’abandon du déplacement des usagers de drogue, et appelait à « la mise en place d’un comité de pilotage avec l’ensemble des acteurs sous l’égide de l’État ». « Il est nécessaire de travailler à des solutions pérennes en dehors des à-coups médiatiques » avait-il expliqué sur Twitter.

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