Covid : la France n’a jamais connu autant de morts depuis 1945 – Les Échos

Publié le 19 janv. 2021 à 18:40Mis à jour le 19 janv. 2021 à 19:08

L’épidémie du Covid pèse sur la démographie française. Le recensement de la population effectué par l’Insee, présenté ce mardi, en témoigne. La hausse des décès a été l’an passé la plus importante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 2020, 667.400 Français sont morts , soit 54.000 de plus qu’en 2019. C’est le chiffre le plus élevé jamais enregistré en temps de paix.

Mécaniquement, cette hausse des décès a aussi un impact sévère sur l’espérance de vie des Français. Celle des hommes à la naissance a reculé de six mois et n’est plus que de 79,2 ans, revenant à son niveau de 2014. Pour les femmes, l’espérance de vie a baissé d’un peu moins de cinq mois, à 85,2 ans. Là encore, ce recul de l’espérance de vie est le plus fort depuis les années 1960. La baisse est même deux fois plus forte qu’en 2015, dernière année de recul où l’épidémie de grippe hivernale avait été particulièrement dure.

« Augmentation sans commune mesure »

Il faut dire aussi que « la génération du baby-boom vieillit et atteint désormais des âges où l’on décède plus », souligne Sylvie Le Minez, démographe à l’Insee. Ainsi, au 1er janvier 2021, plus d’une personne sur cinq en France a 65 ans ou plus. Et le nombre de décès a tendance à augmenter ces dernières années. Près de 100.000 personnes de plus sont décédées en 2019 par rapport à 2004. Mais, reconnaît l’Insee, « l’augmentation en 2020 est sans commune mesure ».

A trois reprises l’an dernier, le nombre de décès quotidiens a dépassé la barre des 2.000 dans l’Hexagone. Ce fut le cas en mars, avril et novembre, quand les infections du Covid-19 étaient les plus nombreuses. Les régions les plus touchées par l’épidémie ont été l’Ile-de-France, qui a connu une hausse de 18 % du nombre de décès, suivie de l’Auvergne-Rhône-Alpes où les décès ont grimpé de 14 %, puis le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté et les Hauts-de-France. Dans cinq départements, la hausse a dépassé les 20 %. Cela a été le cas en Seine-Saint-Denis, Haute-Savoie, Seine-et-Marne, Haut-Rhin, Savoie et Essonne.

Hausse de la mortalité chez les plus de 65 ans

Preuve aussi que le Covid est largement responsable de ce boom des décès, sur l’année 2020, la hausse de la mortalité a concerné uniquement les personnes âgées de 65 ans et plus. Les autres classes d’âge n’enregistrent pas d’augmentation significative des morts. Pour les 25 à 49 ans, les décès ont chuté de 1 % l’an passé par rapport à 2019 et chez les moins de 25 ans, ils ont même reculé de 6 %. Les deux confinements et le développement du télétravail ont entraîné une baisse de la mobilité et donc des accidents de la route.

Malgré ces chiffres impressionnants, la France n’est pas le pays européen ayant le plus souffert de la pandémie. « L’excédent de mortalité, toutes causes confondues, lors de la première vague de la pandémie, en mars et avril 2020 par rapport à la moyenne 2016-2019 est plus élevé en Espagne (70 %), en Italie (47 %), au Royaume-Uni et en Belgique (43 %) qu’en France (28 %) », note l’Insee.

De même, lors de la deuxième vague, le surplus de décès depuis début octobre jusqu’à la troisième semaine de novembre est plus élevé en Belgique et en Espagne qu’en France. C’est une piètre consolation, mais le Royaume-Uni et l’Italie, pays avec une population comparable à l’Hexagone, ont enregistré plus de morts du Covid que la France.

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