Covid-19 : qui est Alain Fischer, le «monsieur vaccin» du gouvernement – Le Parisien

Sur la photo, il est agenouillé, regardant avec tendresse un garçonnet rieur. On en oublierait presque l’énorme bulle, tel un chewing-gum géant, qui les sépare. Pour les amoureux de belles histoires médicales, Alain Fischer est le médecin des « bébés bulle ». En 1999, lui, Marina Cavazzana et leur équipe traitaient pour la première fois par la thérapie génique des enfants atteints de maladie les privant de défenses immunitaires. Des succès, des déceptions et une pluie de prix scientifiques.

Ce jeudi soir, ce professeur d’immunologie est revenu sur le devant d’une scène qui s’annonce médiatique et périlleuse. A 71 ans, Alain Fischer devient le « monsieur vaccin » du gouvernement. En titre officiel, cela donne « président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale ». Alors que la campagne de vaccination contre le Covid commencera dans quelques semaines, il lui faudra guider les choix scientifiques et fédérer les médecins et les administrations. Mais aussi, et peut-être surtout, rassurer des Français inquiets, méfiants, voire défiants face aux injections. Déjà, 200 millions de doses ont été commandées par la France, pour immuniser 100 millions de personnes.

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Sur les vaccins, le chercheur aux petites lunettes et à la chevelure blanche, n’est pas à son coup d’essai. En 2016, il avait été nommé à la tête d’une « concertation citoyenne » chargée de comprendre les mécanismes de résistance de la population. A son issue, onze vaccins pédiatriques allaient devenir obligatoires. « Fischer, c’est le calme, l’écoute, l’accessibilité. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il ne fait jamais de faux pas, il est droit et réfléchi », synthétise Claude Rambaud, figure du monde associatif, qui fut sa vice-présidente. « On a interrogé pendant des heures des sociologues, des anthropologues, des citoyens pour comprendre d’où venaient les verrous. Cela lui sera utile dans l’immense tâche à venir », croit-elle savoir.

Choisir un docteur, alors que la rumeur évoquait un haut fonctionnaire, « une bonne nouvelle » pour Rémi Salomon, représentant des médecins des hôpitaux de Paris qui fut interne dans l’ancien service d’Alain Fischer à Necker, le temple parisien de la pédiatrie. « Il est connu et reconnu par ses pairs, et très largement à l’international. En plus d’un sens aigu de la recherche, il a des qualités humaines indéniables », assure le Pr Salomon.

Déjà attaqué par des antivaccins

En septembre, le pédiatre appelait dans nos colonnes toute la population à se faire vacciner contre la grippe, enfants compris. Sur le vaccin Covid, il enjoignait à se « méfier des effets d’annonce » et tablait sur des résultats « au mieux début 2021 ». Face à une recherche d’une vivacité jamais vue, le calendrier s’est accéléré.

Mais ce jeudi, lors de la conférence du Premier ministre, Alain Fischer n’a pas caché ses attentes, ni sa prudence. « Pour l’instant, nous ne disposons que de communiqués de presse des industriels. En tant que scientifique, j’attends avec impatience des publications scientifiques. » « Rétablir la confiance, cela ne peut être une injonction verticale », a-t-il aussi souligné, expliquant vouloir s’appuyer sur les professionnels de santé, la société civile et les spécialistes de l’hésitation vaccinale.

Il a encore sûrement en tête cette anecdote : lorsque Alain Fischer présidait la concertation citoyenne, « il avait reçu plus de 4 000 mails d’antivaccins en un week-end », rapporte un ancien collègue. Résultat : sa messagerie avait planté.

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