Covid-19 : quatre questions sur la vaccination des jeunes après le premier feu vert de l’Agence européenne des – franceinfo

Faut-il vacciner les enfants contre le Covid-19 ? La question se pose en France, alors que la campagne vaccinale chez les moins de 16 ans est déjà lancée dans quelques pays. De son côté, l‘Agence européenne des médicaments (EMA) a approuvé, vendredi 28 mai, l’utilisation du vaccin de Pfizer-BioNTech pour les 12-15 ans au sein de l’Union européenne, une première.

En France, des mineurs peuvent aujourd’hui y prétendre seulement dans certains cas. Alors que de récentes études appellent à reconsidérer la question pour accroître l’immunité collective et protéger les plus jeunes, franceinfo fait le point sur la vaccination des mineurs.

1Qui sont les mineurs qui peuvent accéder à la vaccination ?

Seuls les mineurs entre 16 à 18 ans atteints de certaines maladies graves ou proches de personnes immunodéprimées sont à ce jour éligibles à la vaccination en France. Le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer, a estimé le 21 mai lors d’une interview sur BFMTV que la vaccination contre le Covid-19 des adolescents âgés de 16 à 18 ans pourrait commencer “courant juin” en France.   

Pour les moins de 12 ans, ce n’est “pas à l’ordre du jour, parce qu’on n’a pas de donnée d’aucune sorte en terme de sécurité et d’efficacité” des vaccins. “Il y a des essais cliniques qui débutent, mais si jamais il devait y avoir vaccination des enfants, ce n’est probablement pas avant le début de l’année 2022”, a assuré l’immunologue.

A l’étranger, certains pays permettent la vacccination pour des personnes plus jeunes. L’agence américaine du médicament (FDA) a annoncé le 11 mai avoir étendu aux adolescents de 12 à 15 ans l’autorisation d’urgence donnée au vaccin de Pfizer-BioNTech. Au 18 mai, près de 600 000 jeunes dans cette tranche d’âge avaient déjà reçu une dose, a souligné la FDA, citée par NBC (article en anglais).

De son côté, l’Allemagne a expliqué jeudi qu’elle ouvrirait en juin la vaccination contre le Covid-19 aux mineurs de plus de 12 ans si l’EMA donnait son accord, ce qui est donc le cas depuis vendredi. Le vaccin de Pfizer-BioNTech y est déjà autorisé pour les plus de 16 ans.

Israël a vite fait part de son intérêt pour la vaccination des 12-15 ans après la décision de la FDA aux Etats-unis. Le pays se prépare ainsi depuis le 11 mai à administrer le vaccin aux jeunes adolescents. Toutefois, selon le ministère de la Santé cité par Reuters (article en anglais), un rapport est attendu la semaine prochaine sur les effets secondaires de la vaccination contre le Covid-19 chez cette catégorie de la population avant de rendre officielle l’autorisation.

2Quels sont les arguments en faveur de la vaccination des mineurs ?

L’immunité collective est ici l’argument principal. Selon une modélisation de l’Institut Pasteur, parue le 6 avril, “une épidémie importante” est attendue chez les enfants, qui pourrait contribuer “à l’infection des parents et des grands-parents non protégés”, estiment les auteurs. “Si on ne vaccine que les adultes, le virus va continuer à circuler chez les enfants, et dès lors, on aura un réservoir d’infection qui va faire que ces enfants vont pouvoir contaminer leurs proches”, a confirmé sur France 2 Simon Cauchemez, de l’unité de modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur.

Ainsi, s’il est démontré, au terme des études cliniques en cours, que les vaccins sont sûrs chez les enfants et qu’ils réduisent efficacement la susceptibilité dans cette population, “la vaccination de 60-69% des 0-64 ans et de 90% des plus de 65 ans pourrait permettre le relâchement complet des mesures de contrôle” et donc des restrictions sanitaires, explique l’institut.

“Même si les enfants sont beaucoup moins touchés par le Covid-19, avec très peu de formes graves, il y a quand même une maladie spécifique aux enfants [proche de la maladie de Kawasaki], une inflammation déclenchée par le virus, qui a touché quand même 500 enfants en un an en France”, a rappelé le professeur Alain Fischer lors d’un entretien à BFMTV.

3Qu’en pense le gouvernement français ?

Après la décision de l’Agence européenne des médicaments, vendredi, la Haute Autorité de santé (HAS) devrait rapidement dire si le vaccin de Pfizer-BioNTech peut être administré aux adolescents de 16 à 18 ans, voire de 12 à 16 ans, a expliqué le ministère à l’AFP.

Lors d’une interview au micro de BFMTV, le 17 mai, Olivier Véran, interrogé sur une potentielle vaccination des mineurs, avait déclaré que le gouvernement ne voulait “pas aller trop vite”. Cela se fera “peut-être”, mais “pas tout de suite”.

“Nous l’anticipons bien sûr. Nous nous dotons des vaccins nécessaires (…) mais vous dire à quel endroit et à quelle date des enfants pourraient être vaccinés, si les vaccins étaient efficaces et sûrs, et si les autorités nous le disaient, là j’irais un petit peu trop loin”, avait précisé le ministre de la Santé qui disait vouloir avant tout vacciner les adultes. Néanmoins, Olivier Véran pense que cela reste envisageable, car “des autorités sanitaires estiment que ça pourrait être nécessaire”.

4Où en sont les recherches des laboratoires sur le sujet ?

Pfizer-BioNTech avait déposé une demande dans l’Union européenne fin avril en se basant sur les résultats d’une étude clinique de phase 3 sur les 12-15 ans, annoncés fin mars, montrant selon les laboratoires “une efficacité de 100%” du vaccin pour prévenir la maladie.

Les 16-17 ans étaient, eux, déjà inclus dans les premiers essais. Pfizer et BioNtech ont aussi une étude en cours pour les enfants de 5 à 12 ans, avec des résultats attendus en juillet.

Moderna a annoncé, mardi, que son vaccin contre le Covid-19 était “hautement efficace” chez les adolescents âgés de 12 à 17 ans. Il souhaite déposer une demande d’autorisation d’utilisation de son vaccin pour cette tranche d’âge au début de juin auprès des autorités sanitaires dans le monde. 

L’étude de Moderna a porté sur plus de 3 700 participants âgés de 12 à 17 ans aux Etats-Unis, dont deux tiers ont reçu le vaccin et un tiers un placebo. “Après deux doses, aucun cas de Covid-19 n’a été observé dans le groupe vacciné, contre quatre cas dans le groupe placebo, résultant en une efficacité du vaccin de 100% 14 jours après la seconde dose”, a déclaré Moderna dans son communiqué.

Le 16 mars, dans un communiqué (en anglais), Moderna a également annoncé le début d’un essai clinique afin de tester un vaccin contre le Covid-19 chez des enfants âgés de 6 mois à moins de 12 ans. Le laboratoire, qui conduit l’opération avec les National Institutes of Health, entend étudier “la sûreté, la tolérance, la réactogénicité et l’efficacité” de son produit.

AstraZeneca avait, lui, lancé en février un essai sur les 6-17 ans, mais son partenaire, l’université d’Oxford, a annoncé sa suspension le 6 avril, dans l’attente des résultats sur le risque rare de thromboses atypiques observé chez des adultes. Il n’y avait pas à ce stade “pas d’inquiétude concernant la sécurité de l’essai clinique pédiatrique”, selon l’université britannique.

Johnson & Johnson a précisé début avril avoir commencé la deuxième phase de ses essais cliniques sur les enfants de plus de 12 ans (communiqué en anglais). Des négociations sont en cours pour lancer une étude sur les femmes enceintes et les nourrissons de plus de 6 mois.

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