Covid-19 : pourquoi le protocole sanitaire pour la rentrée scolaire est critiqué par plusieurs syndicats d’ens – franceinfo

Peut mieux faire. C’est en résumé l’appréciation des syndicats enseignants, qui ont réagi à la décision du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, de faire appliquer le niveau 2 (sur 4) du protocole sanitaire dans la quasi-totalité des établissements scolaires, dès le 2 septembre. Champ d’application, seuils d’alerte, sorties scolaires… A dix jours de la rentrée scolaire, franceinfo vous résume les principaux points de friction.

Un même protocole malgré des situations sanitaires variées

Hormis en outre-mer, et notamment en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane, où des “mesures spécifiques” seront prises dans les prochains jours, les règles seront donc les mêmes à la rentrée dans l’ensemble de l’Hexagone ainsi qu’en Corse. Un régime commun qui interpelle dans le monde enseignant, alors que la quatrième vague épidémique du Covid-19 frappe certaines régions plus que d’autres

Niveau 2 pour toute la métropole alors que les taux d’incidence vont de 56 en Creuse à 680 dans les Bouches-du-Rhône“, remarquait ainsi une directrice d’école primaire en Occitanie, interrogée ce dimanche par Le Parisien (article payant).

Pour certains syndicats, les consignes sanitaires devraient pouvoir être durcies dans les zones les plus touchées.Le protocole niveau 2 dit ‘pas de masque en extérieur’, notamment dans les cours de récréation, a pointé sur franceinfo Guislaine David, co-secrétaire générale du SNUipp-FSU, syndicat majoritaire des professeurs des écoles. Est-ce que tout ça, c’est bien raisonnable alors qu’on a une circulation du virus dans certains départements qui est très élevée ?”

D’autant que les conditions de passage entre les différents échelons du protocole sanitaire n’ont pas été précisées par le ministre de l’Education. “Je regrette qu’il n’y ait pas de seuil permettant de dire à quel taux d’incidence correspond le niveau 2 et à quel moment on passerait au niveau 3″, a pour sa part réagi Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, dans Le Parisien.

Une absence de mesures particulières pour les plus jeunes

L’inquiétude porte notamment sur les élèves de maternelle et de primaire, âgés de moins de 12 ans. Ces enfants ne sont pour le moment pas concernés par la campagne de vaccination contre le Covid-19. Ces élèves sont pourtant loin d’être préservés du virus, comme l’a rappelé sur franceinfo Guislaine David, du SNUipp-FSU : “Le variant Delta circule beaucoup, la contamination est importante et le taux d’incidence auprès des moins de 10 ans est très important.”

Face à cette situation, la responsable syndicale s’étonne du nouveau protocole du gouvernement, qu’elle juge “plus allégé que lorsqu’on a quitté l’école au mois de juillet”, notamment parce que des rotations étaient alors effectuées pour éviter le brassage des élèves, à la cantine par exemple. C’est le moment où les enfants vont le plus se contaminer parce qu’effectivement, ils n’auront pas de masque. Cette mesure-là, elle n’existe pas dans le niveau 2 du protocole”, déplore-t-elle.

Une règle restera néanmoins aussi stricte que l’année dernière, y compris en maternelle et en primaire : une classe devra obligatoirement être fermée dès le premier cas de Covid-19 identifié, avec une bascule immédiate des apprentissages en distanciel.

Des sorties scolaires dans le flou

“Comment vont s’organiser les sorties scolaires dans les musées et les théâtres ?” a demandé sur Twitter le Snes-FSU. Les principaux syndicats de l’enseignement se posent la question, et pointent plusieurs situations problématiques. Quand on va aller effectivement à la médiathèque, au musée, on va rencontrer d’autres populations que la population scolaire, parce qu’on n’est pas forcément sur des créneaux réservés aux écoles, a résumé sur franceinfo Guislaine David, donc comment on doit pouvoir s’y prendre ?”

Si les enfants non-vaccinés pourront bien participer aux sorties scolaires, comme l’a assuré Jean-Michel Blanquer, ces derniers devront faire un test dès lors qu’ils seront mélangés à d’autres personnes, et dans tout lieu où le pass sanitaire est réclamé. Problème : à moins de disposer d’une prescription médicale, les tests de dépistage du Covid-19 deviendront payants à la mi-octobre, ce qui s’oppose au principe de gratuité des sorties régulières. Comme pour d’autres mesures, le ministre de l’Education nationale a déclaré que des précisions seront données “dans les prochains jours”.

Des enseignants et des maires mis à contribution

D’autres points de friction alimentent le débat entre le ministère et les syndicats, comme l’installation de purificateurs d’air, dans les cantines notamment, ou celle de capteurs de CO2 dans les établissements, pour mieux surveiller le renouvellement de l’air. Jean-Michel Blanquer dit vouloir “généraliser” ces derniers “en partenariat avec les collectivités locales”, mais il n’a pas encore précisé si tous les établissements scolaires seraient concernés, ou simplement ceux du primaire, et si des fonds seraient débloqués pour épauler les communes.

“Les communes ne sont pas en capacité de financer ces appareillages pour l’ensemble de leurs classes. L’Etat doit nous accompagner. Nous avons déjà fait cette demande en mars, sans succès”, estime dans Le Monde (article payant) Delphine Labails, maire socialiste de Périgueux (Dordogne) et responsable des questions scolaires à l’Association des maires de France.

Les tests de dépistage sont aussi un point d’achoppement. Jean-Michel Blanquer souhaite que 600 000 tests par semaine soient effectués à partir de la rentrée. Mais ces auto-tests et ces tests salivaires n’ont pas rencontré un franc succès au cours de la dernière année scolaire. “Il faut être raisonnable sur les volumes, juge dans Le Monde Bruno Bobkiewicz, secrétaire national du SNPDEN-Unsa et proviseur à Vincennes (Val-de-Marne). J’ai des tests de l’année dernière plein mes armoires.”

Les syndicats déplorent enfin les méthodes de communication de Jean-Michel Blanquer, qui a annoncé ces mesures dans Le Journal du dimanche avant d’en aviser enseignants et organisations. On remarque que ces informations nous arrivent une fois de plus par la presse puisqu’on a appris les détails du protocole sanitaire [samedi] soir à 23h45 dans un article de journal”, a regretté sur franceinfo Sophie Vénétitay, du Snes-FSU.

“Il y a beaucoup d’imprécisions, qui ne sont pas de nature à rassurer la profession”, a tranché Guislaine David. Pour discuter de cette rentrée 2021 encore placée sous le signe du Covid-19, les syndicats seront finalement reçus, mercredi 25 août, au ministère de l’Education nationale.

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