Covid-19: l’exécutif prépare les esprits à un reconfinement – Le Figaro
Le pouvoir tranchera mercredi en fonction de l’efficacité du couvre-feu et de l’évolution des variants.
Et de trois. Après le couvre-feu, le retour du confinement. L’heure de vérité approche pour le dispositif en vigueur depuis un peu plus d’une semaine. Au cours du prochain Conseil de défense sanitaire, prévu mercredi matin à l’Élysée, l’exécutif évaluera si les restrictions actuelles sont effectivement suffisantes ou non pour contenir la progression de l’épidémie. Les chiffres apportent un début de réponse, hélas peu réjouissante. Avec plus de 20.000 contaminations par jour, «soit 1000 par heure», pointe Matignon, la France connaît un «plateau haut». En fin de semaine, le premier ministre, Jean Castex, attendait l’actualisation des taux de pénétration des variants du virus parmi les tests positifs, une donnée clé dans la prise de décision. «L’impact du variant anglais dans les tests va compter. Et on sait que ça peut évoluer très vite, fait savoir un proche du chef du gouvernement. Entre pas de confinement et un confinement, c’est le confinement qui est le plus probable.»
À lire aussi :Covid-19: un reconfinement est-il inévitable?
Depuis plusieurs jours, le pouvoir prépare de toute façon les esprits à l’imminence d’un troisième confinement. Les Français semblent l’avoir intériorisé. Les scientifiques font pression. «Il faudra probablement aller vers un confinement», a admis le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, dimanche soir sur BFMTV. Selon lui, le variant anglais, qui serait responsable de 7 % à 9 % des contaminations dans certaines régions, «change complètement la donne». «Si les variants commencent à se diffuser partout, alors on prendra des mesures supplémentaires, évidemment, a prévenu le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans Le Parisien. Et cela s’appelle le confinement.»
«Il y a une préoccupation très forte, et la volonté de prendre les décisions qui s’imposent», a indiqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, sur France 3. «Les Français font énormément d’efforts. Les soignants travaillent depuis des mois au service des Français. On leur doit d’être cohérents» dans les décisions et dans le calendrier, appuie l’entourage du président. Si «rien n’est acté pour savoir si on doit passer à un stade complémentaire de mesures», insiste pudiquement Matignon, tous les signaux semblent converger vers un reconfinement du pays, alors que le cap de un million de Français vaccinés a été franchi samedi.
Plusieurs scénarios
Reste à trancher quant au degré d’enfermement. Après mars et novembre, à quoi pourrait ressembler celui de février? L’exécutif travaille sur plusieurs scénarios. «On est plutôt sur un format novembre, avec écoles ouvertes et commerces fermés», croit savoir un membre du gouvernement. Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, fait campagne pour que les élèves puissent continuer à aller à l’école. «Je préfère les modalités qui ont prévalu en novembre, avec les établissements ouverts, d’autant que nous constatons a posteriori que notre stratégie a fonctionné», a-t-il plaidé dans Le Journal du dimanche. «Le président et le premier ministre sont dans l’idée qu’il faut préserver le plus possible l’école», souligne un proche de Jean Castex. Le dispositif d’aides pour accompagner l’éventuelle fermeture d’établissements et de commerces devra une nouvelle fois être revu.
Matignon a bloqué l’après-midi de jeudi dans l’agenda du premier ministre pour une potentielle conférence de presse consacrée à la situation sanitaire. Si un confinement devait intervenir cette semaine, le président pourrait lui-même l’annoncer aux Français, comme le 16 mars et le 28 octobre. «Le président a toujours été au rendez-vous quand il fallait prendre des mesures difficiles et les expliquer aux Français», a rappelé Gabriel Attal.
À lire aussi :Covid-19: plus contagieux, le virus anglais serait aussi plus mortel
Lundi, Jean Castex et Olivier Véran inaugureront les nouveaux locaux de l’agence régionale de santé d’Île-de-France, où un système d’alerte et de traçage a été mis en place pour mieux détecter les variants. Le déplacement du premier ministre consacré à la politique de la ville, prévu pour cette semaine, a en revanche été reporté. L’exécutif mise sur le retour du printemps, et donc des beaux jours, pour parvenir à une «situation plus acceptable», «après des mois de février et mars sûrement difficiles». «Il faut qu’on puisse tenir le choc dans la durée, car c’est loin d’être fini», reconnaît Jean Castex en privé. La plupart des experts n’imaginent pas de retour à la vie normale avant des mois. Dans Le JDD, Yves Lévy, professeur d’immunologie clinique, estime même qu’il faut se préparer à ce que le virus circule «pendant des années».