Covid-19 : le variant Delta peut-il remettre en cause le déconfinement en Nouvelle-Aquitaine ? – Le Parisien

C’est le variant désormais majoritaire au Royaume-Uni, dont il menace le plan de déconfinement : le « Delta » – ainsi renommé pour ne plus stigmatiser l’Inde où il a été identifié en avril. Il y est la cause de trois contaminations sur quatre. Et depuis quelques jours, il inquiète les autorités sanitaires françaises, dont l’attention se porte sur le sud-ouest, notamment dans les Landes, où l’on constate une recrudescence des cas de Covid-19. Depuis mercredi, 31 contaminations ont été attribuées à « Delta », pour une quinzaine de foyers de contamination. L’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a indiqué en avoir recensé « une vingtaine d’autres probables ». De quoi remettre en cause le déconfinement, au moins localement ?

Invité ce dimanche de l’émission « BFM Politique », en partenariat avec Le Parisien-Aujourd’hui en France, le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’est voulu rassurant. La situation n’est « pas du tout la même qu’en Grande-Bretagne, assure-t-il. Il n’y a pas d’extension de l’épidémie mais des clusters », ajoutant qu’il n’y a « pas d’inquiétude majeure » à ce stade. Pourtant, plusieurs points inquiètent les épidémiologistes.

« Avec la réouverture des restaurants, des bars, des brassages de personnes plus importants qui vont avoir lieu mercredi, le sud-ouest est, dans une certaine mesure, en train de devenir une zone, sinon à risque, où il faut redoubler de vigilance », confirme Jonathan Roux, épidémiologiste à l’École des hautes études en santé publique de Rennes. D’autant que, selon une étude britannique, il est 40 fois plus contagieux que l’anglais, lui-même 50 fois plus contaminant que la souche originelle du Covid-19.

« Il peut donc, comme au Royaume-Uni, se développer à grande vitesse si l’on relâche la vigilance », poursuit le spécialiste. Ainsi, mercredi dernier, Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, notait des « signaux d’alerte » dans plusieurs départements de Nouvelle-Aquitaine, notamment les Landes, en Charente-Maritime, le Lot-et-Garonne, mais surtout, les Pyrénées-Atlantiques, où le taux d’incidence a progressé de presque 80 % en une semaine.

« Mais ce sont des départements qui avaient jusqu’ici été épargnés par l’épidémie, le taux d’incidence y était bas avant ces cas de Delta, donc l’augmentation semble spectaculaire », note Jonathan Roux. « Si l’on teste plus, c’est normal qu’il y ait un taux d’incidence en hausse », a aussi rappelé Olivier Véran.

« Un rétro-tracing généralisé »

Paradoxalement, le fait d’avoir été une zone peu touchée par le virus peut aussi être un facteur de l’explosion des cas. « Il y a une immunité naturelle peu développée, puisque peu de gens ont été malades », rappelle Jonathan Roux. La vaccination s’y déroule sans accroc, à un rythme qui place même le sud-ouest parmi les départements les mieux vaccinés de France. « Mais on peut imaginer que les clusters identifiés concernent des jeunes. Certes, 24 % des gens dans les Landes ont reçu leurs deux doses. Mais il reste 75 % des habitants », ajoute l’épidémiologiste.

Pour traquer ce variant Delta et empêcher sa diffusion, « le rétro-tracing est généralisé », indiquait Alaa Ramdani, responsable du pôle testing- séquençage à l’ARS Paca, ce dimanche au JDD. « On ne recherche plus seulement les personnes cas contact, mais celles qui l’ont infecté », détaille-t-il. Un « travail de dentellière » qui oblige les enquêteurs à remonter jusqu’à 14 jours avant la contamination.

Fastidieux, mais l’arme la plus efficace contre une reprise de l’épidémie. « Si on n’arrive pas à freiner ce variant, on peut craindre des mesures restrictives localisées », anticipe ainsi Jonathan Roux. Ce qui n’étonnerait pas les habitants.

« Ces dernières semaines, on a vu un afflux de touristes, les restaurants ont rouvert, les gens sortent. C’est difficile de ne pas relâcher la vigilance, souligne Cécile, enseignante dans une école à côté de Mont-de-Marsan. Elle-même s’est fait vacciner, anticipant un éventuel rebond épidémique et voulant « prendre toutes les précautions » pour éviter une fermeture de son école. « Ma classe fait 32 m2, il y a 27 élèves et moi. Avec ce variant plus contagieux, c’est un cluster en puissance. »

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