Covid-19 : le calendrier du déconfinement à la mi-mai en question – Le Monde
De l’engagement à l’hypothèse, il n’y a parfois qu’un pas. En annonçant, lors de son allocution, le 31 mars, une réouverture progressive du pays « dès la mi-mai », Emmanuel Macron s’est placé dans une seringue : celle du calendrier.
Le chef de l’Etat, soucieux de désigner le « bout du tunnel » du troisième confinement, s’est engagé « à ouvrir avec des règles strictes certains lieux de culture », ainsi que les terrasses des cafés et restaurants, « sous conditions ». Mais à un mois de l’échéance, alors que le cap des 100 000 morts du Covid-19 vient d’être franchi, le discours public n’est plus aussi ferme.
Lors d’un échange en visioconférence avec une quinzaine de maires de villes moyennes, jeudi 15 avril, Emmanuel Macron a parlé d’un horizon « vers la mi-mai », comme pour ôter la pression d’une date stricte. Le déconfinement, a précisé le président de la République, devrait ensuite se dérouler en plusieurs phases, selon un calendrier qui doit faire l’objet d’une concertation avec les élus locaux.
Crainte du variant brésilien
La perspective du 15 mai ne s’évanouit pas totalement, mais elle n’est qu’une « hypothèse », selon Bruno Le Maire. « La première des priorités, c’est d’abord de réussir la victoire contre le virus », a expliqué le ministre de l’économie sur France 2, jeudi soir, en se montrant volontairement prudent sur le calendrier : « Qui peut avoir des certitudes en la matière ? Je ne veux pas jouer avec les rêves des Français. »
La crainte d’un développement incontrôlé du variant brésilien du Covid-19, dit P.1, glace le sommet de l’Etat. D’autant que la troisième vague de l’épidémie ne reflue toujours pas. « Le pic des hospitalisations n’a pas encore été atteint, cela signifie que nous avons encore devant nous des jours très difficiles », a prévenu, mercredi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
Emmanuel Macron estime que ce pic pourrait être atteint entre le 25 et le 30 avril. Le président de la République devrait à nouveau s’exprimer d’ici à la fin du mois afin de détailler un calendrier de réouverture, sur le modèle de celui donné aux habitants du Royaume-Uni, il y a quelques semaines, par le premier ministre britannique, Boris Johnson.
Imiter le Royaume-Uni
L’idée est d’imiter ce voisin anglais, où les images de « pubs » ouverts ont rendu jaloux de ce côté-ci de la Manche. « Il faut des “quick wins”, des petites victoires qui redonnent le moral à tous. Les terrasses, c’est une petite victoire pour éclairer notre quotidien », estime Olivia Grégoire, secrétaire d’Etat à l’économie sociale et solidaire. Et s’il reste prudent, l’exécutif est conscient du risque politique que représenterait un chamboulement radical de son calendrier. « La crédibilité du chef de l’Etat est en jeu », note un proche.
Il vous reste 61.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.