Covid-19 : la situation à Marseille est-elle “égale à celle de Paris”, comme l’assurent les élus locaux ? – LCI

Santé

LES CHIFFRES – Oui, la majorité des indicateurs montrent que la situation sanitaire à Marseille s’améliore, comme le défendent les élus locaux. Mais deux des trois critères choisis par le ministère de la Santé pour sa classification des départements y sont, en revanche, alarmants.

Le débat prend des airs de Classico. D’un côté le ministre de la Santé, qui a annoncé ce mercredi depuis Paris que la métropole d’Aix-Marseille passait en “zone d’alerte maximale“, entraînant notamment la fermeture totale des bars et restaurants à partir de samedi. De l’autre les élus marseillais, que cette déclaration a plongé dans l’incompréhension. Vent debout, ils répètent que la situation dans la deuxième ville de France n’est pas catastrophique, et qu’elle serait même similaire à celle de la capitale. Alors, qui sort réellement gagnant de ce triste de match ?

Plusieurs indicateurs au vert

C’est Samia Ghali qui a ouvert le feu. Interrogée sur notre antenne quelques instants après la prise de parole d’Olivier Véran, la deuxième adjointe de Marseille a affirmé que sa ville était “dans le même cas de figure que Paris“. Des propos réitérés par son collègue Benoit Payan en conférence de presse. Dans un cadre très officiel, le premier adjoint a lui aussi regretté être “montré du doigt“.

Pour appuyer son propos, l’élu de gauche a avancé le “taux de positivité” dans les Bouches-du-Rhône. De fait, selon les chiffres de l’ARS PACA et de Santé publique France, depuis le 14 septembre, ce taux est 8,2% dans le département, contre 10% pour la capitale. Même constat pour le deuxième argument de Benoit Payant, à savoir celui du dépistage. S’il a dit, à tort, que sont territoire était “le plus testé en France” – il est en fait dépassé par le département du Nord, qui a réalisé 67.700 tests sur la semaine glissante – les Bouches du Rhône dépistent en effet plus massivement que Paris. Ainsi, plus de 54.018 tests y ont été réalisés en 7 jours, contre 46.498 pour la capitale.

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VIDÉO – La réaction de Samia Ghali, à l’annonce des nouvelles mesures

Enfin, si le dernier rapport de Santé publique France relevait que “la circulation virale est particulièrement importante à Marseille“, les données ont radicalement changé. Les chiffres sont plus encourageants, avec un taux d’incidence qui a chuté de 299,5 cas pour 100.000 habitants la semaine dernière à 209 dans la cité phocéenne, selon l’ARS PACA. Au contraire, pour la ville lumière, la situation se dégrade, avec un taux d’incidence qui passe de 160 la semaine dernière à 216,9. Des chiffres qui sont, dans les deux cas, bien au-dessus de la moyenne nationale établie à 99,3. 

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Pourquoi alors, tandis que ces chiffres montrent bien que la situation dans les deux plus grandes villes de l’Hexagone est similaire, seule Marseille a été “sanctionnée“, pour reprendre les termes des élus locaux ? Car ce ne sont pas les indicateurs choisis par le ministère de la Santé pour classer les départements. Lors de sa conférence de presse de mercredi, Olivier Véran a précisé que trois critères permettraient désormais d’établir la situation sanitaire sur les territoires. Il s’agit du taux d’incidence dans la population globale, du taux d’incidence pour les 65 ans et plus et enfin de la part des patients atteints du coronavirus en réanimation. Et c’est sur ces deux derniers points que la situation s’aggrave à Marseille. 

Comme nous l’avons vu ci-dessus, si le taux d’incidence diminue de façon générale dans la population marseillaise, ça se complique à mesure qu’on avance dans l’âge. D’après Santé Publique France, sur toutes les classes d’âge au dessus de 60 ans, le taux d’incidence est plus haut à Marseille et il est même presque deux fois plus élevé chez les 90 ans et plus, avec 219,3 malades pour 100.000 habitants dans les Bouches-du-Rhône contre 78,8 cas pour 100.000 habitants dans la capitale.

Enfin, pour le troisième critère, les données sont bien plus compliquées à analyser. Selon Santé Publique France, il y  a actuellement 113 lits en réanimation occupés dans les Bouches-du-Rhône, contre 125 à Paris. Encore une fois, la situation est plus critique dans la capitale. Seulement, il faut prendre en compte la cartographie hospitalière de ces deux zones, qui n’est absolument pas la même. Ainsi, à Paris, l’AP-HP dispose de 500 lits de réanimation. La part des patients atteints du Covid-19 dans ce service est donc de 25%. De son côté, les Bouches-du-Rhône ne disposent, selon les informations de l’ARS PACA, que de 342 lits. Dès lors, le taux de “patients Covid” dans ce service est supérieur à 33%, justifiant pour le ministère de la Santé que la ville soit considérée comme une “zone d’alerte maximale“. 

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L’info passée au crible

Une décision qui apparaît comme une injustice pour les élus locaux qui, depuis des années, alertent sur les conditions dans laquelle la deuxième ville de France accueille ses malades. Et raison pour laquelle Benoit Payant a encore rappelé ce jeudi matin que “derrière les polémiques“, il y avait une autre réalité : “Celle des services hospitaliers marseillais abandonnés par l’Etat.”

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