Covid-19 : la riposte de l’impression 3D s’organise

Covid-19 : la riposte de l'impression 3D s'organise

Les industriels et chercheurs prennent le relais des initiatives utilisant l’impression 3D popularisées sur Internet. Le masque de snorkeling Easybreath de Decathlon, présenté comme une alternative pour protéger les professionnels de santé, continue de stimuler les ingénieurs. L’enseigne sportive, qui avait annoncé fin mars qu’elle accompagnerait les centres de recherche dans la conception de kits 3D, fait aujourd’hui partie d’un consortium international pour lutter contre le Covid-19.

Une équipe pluridisciplinaire internationale regroupant des ingénieurs, des médecins, des chercheurs et des industriels, dont Decathlon et BIC font partie, a récemment mis au point un adaptateur pouvant se fixer sur le masque Easybreath de Decathlon afin de protéger les professionnels de réanimation. Cet accessoire d’équipement de protection individuelle (EPI) est en cours de déploiement à grande échelle.

Initiée à l’Université de Stanford, cette solution open source est un adaptateur pour filtres antiviraux qui se fixe aux masques de snorkeling. Les inventeurs sont catégoriques, cet équipement n’est pas destiné à un usage personnel, mais sert uniquement pour les professionnels de réanimation à l’hôpital, puisque « seul l’hôpital permet de respecter les conditions d’utilisation, et, en particulier, de désinfection » soulignent-ils. « L’équipement est disponible dans différentes tailles pour s’adapter au mieux aux visages. L’adaptateur est universel pour toutes les tailles de masque EasyBreath. L’équipement fonctionne avec les filtres antiviraux/antibactériens standards disponibles dans les hôpitaux » précise le consortium.

 
Quelques jours ont suffit pour dessiner l’adaptateur et l’imprimer en 3D pour les essais en milieu  hospitalier. La production industrielle de l’adaptateur a aujourd’hui démarré. Au total, ce sont « 25 000 adaptateurs » qui seront expédiés aux hôpitaux qui en font la demande afin de transformer le masque en un équipement de protection réutilisable. « Le consortium est en cours de discussion avec le Ministère de la Santé et se tient prêt à expédier en une semaine plusieurs dizaines de milliers de masques et adaptateurs additionnels aux hôpitaux selon les besoins identifiés par le Ministère » indique-t-il. Les plans 3D et industriels seront prochainement disponibles en open source à cette adresse.

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Safran et Segula Technologies présentent leur solution

Safran et Segula Technologies ont eux aussi annoncé cette semaine avoir adapté le masque Easybreath de Decathlon pour un usage médical. Destiné à protéger les soignants contre le risque d’aérosolisation, lors des traitements d’oxygénation des patients, le masque de snorkeling de l’enseigne sportive a été revu avec le concours de l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA) en recourant à l’impression 3D.

« Equipé de cartouches de filtration antivirales disponibles en milieu hospitalier et de raccords et accessoires utilisés dans les services de soins intensifs, le masque Easybreath ainsi équipé du kit anti-Covid-19 couvre à la fois les besoins du personnel soignant et ceux des patients ventilés” évoque un communiqué. Le masque agit de deux façons : « Pour les soignants, il assure une protection en filtrant l’inspiration grâce à deux filtres placés sur les voies hautes et basses du masque dont l’efficacité est de 99,99%. Pour les patients, la voie haute filtre l’expiration, ce qui limite la contamination de l’environnement et rend possible l’oxygénothérapie, la voie basse étant équipée d’un kit d’assistance respiratoire. »

Safran et Segula Technologies ont ouvert l’accès aux fichiers permettant l’impression 3D, via une licence gratuite, pour que les professionnels de santé puissent être en mesure d’imprimer le kit d’adaptation, ont-ils précisé. Safran a d’ores et déjà annoncé avoir fabriqué des kits sur ses propres imprimantes 3D et « 200 masques modifiés » ont ainsi déjà été mis à disposition des CHU.

Prendre la mesure de l’urgence sanitaire

Le groupe Safran planche aussi sur d’autres initiatives. Une équipe de Safran Aero Boosters, la filiale belge du groupe, s’est notamment portée volontaire pour fabriquer, avec ses machines d’impression 3D, des pièces de rechange pour les respirateurs. « En à peine deux semaines, cette version clonée du débitmètre a été testée avec succès au CHC Liège Montlégia. Importante dans le fonctionnement du respirateur, elle sert à mesurer le débit d’air envoyé au patient. Et elle est à présent disponible pour les hôpitaux » a annoncé l’équipe dans un post.

Aux Etats-Unis, la filiale Safran Cabin a aidé Hardy Diagnostics, un fabricant de dispositifs médicaux qui développe notamment des tests de dépistage du Covid-19, pour fabriquer des plateaux métalliques via l’impression 3D. Ces pièces, qui ne pouvaient plus être produites en quantité suffisante, servent pour le stockage et la stérilisation des produits.

Safran travaille par ailleurs sur l’adaptation de ses propres produits à un usage médical, comme les masques de protection destinés aux fantassins, conçus pour être utilisés en milieu contaminé. Le groupe dit également travailler à la mise au point par l’impression 3D d’un masque FFP2 réutilisable par nettoyage et changement de cartouche. Ce modèle utilisera les cartouches filtrantes comprises dans les masques à oxygène EROS réalisés par Safran Aerosystems. « Une fois les étapes de validation passées, l’objectif sera d’industrialiser le masque, et de fabriquer dans un premier temps environ 20 000 exemplaires de cartouches filtrantes par semaine. »

Face à l’urgence sanitaire, rappelons que l’AP-HP s’était doté il y deux semaines d’un parc de 60 imprimantes 3D installées à l’hôpital Cochin pour répondre à la pénurie de matériel médical en Ile-de-France. Ces machines, fonctionnent nuit et jour pour être e mesure de produire des dispositifs médicaux en grand nombre, comme des visières de protection, des valves de respirateur ou encore des masques et du matériel d’intubation.

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