Covid-19 : la Martinique et La Réunion de nouveau confinées, la Guadeloupe réinstaure un couvre-feu – Le Monde

Face à une forte détérioration de la situation sanitaire, l’état d’urgence a été déclaré, mercredi 28 juillet, à la Guadeloupe, à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy, tandis qu’à la Martinique un nouveau confinement a été imposé à partir de 19 heures vendredi, et ce pour une durée d’au moins trois semaines. La Réunion sera pour sa part sous le coup d’un confinement partiel, doublé d’un couvre-feu.

La situation dans ces territoires d’outre-mer a été qualifiée de « dramatique » par le premier ministre, Jean Castex, car un trop grand nombre d’habitants y sont, selon lui, « rétifs à la vaccination », a-t-il déclaré jeudi devant des élus du Lot-et-Garonne à la mairie d’Agen, où il a aussi visité un centre de vaccination et le centre hospitalier.

« La vaccination est absolument indispensable », a réaffirmé le chef du gouvernement à cette occasion. « Il y a vraiment une différence nette, visible entre les populations qui se vaccinent et celles qui ne se vaccinent pas », a-t-il insisté, en exprimant sa « pensée pour tous ces pays du monde qui, eux, rêveraient de se vacciner mais qui n’y ont pas accès et où la pandémie fait des ravages ».

  • La Martinique de nouveau confinée

Le préfet de la Martinique, Stanislas Cazelles, a annoncé mercredi le durcissement des mesures sanitaires sur l’île à partir de vendredi 19 heures pour une durée d’au moins trois semaines. « Nous sommes inquiets, la situation sanitaire s’aggrave et les chiffres du Covid-19 explosent », ont assuré lors d’une conférence de presse Olivier Coudin, le directeur adjoint de l’agence régionale de santé (ARS), et Stanislas Cazelles. « Cette hausse se répercute sur le nombre de d’accueils aux urgences, en hospitalisation et en réanimation : le CHUM [Centre hospitalier universitaire de Martinique] a atteint un niveau de saturation », précise la préfecture dans un communiqué.

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En conséquence, le couvre-feu en vigueur à la Martinique à partir de 21 heures sera ramené à 19 heures jusqu’à 5 heures du matin avec des conditions de circulation plus strictes, selon le préfet, qui rappelle que « les premiers confinements avaient permis de faire baisser considérablement les taux de contamination : 45 % en moyenne ». Stanislas Cazelles a précisé qu’il faudrait se munir d’une attestation pour se déplacer au-delà d’un rayon de 10 kilomètres autour du domicile. Tous les commerces resteront ouverts, le port du masque étant globalement respecté, mais les restaurants seront, en revanche, fermés. Pour ces derniers, ainsi que les salles de sport et lieux sportifs couverts, le chômage partiel spécial Covid-19 et le fonds de solidarité seront maintenus, assure la préfecture.

La Martinique est passée à 3 537 cas, contre 2 241 cas la semaine précédente, selon la préfecture, et la tendance à la hausse se confirme, avec 1 100 cas déjà enregistrés sur les deux premiers jours de la semaine. Le taux d’incidence y est passé de 280 cas à 995 pour 100 000 habitants. « Freiner le virus apparaît d’autant plus urgent que la population martiniquaise est moins immunisée, globalement plus âgée, et donc plus fragile, que celles des régions où le Covid-19 a davantage circulé et où le taux de vaccination est plus important », souligne encore la préfecture.

  • Un confinement partiel mis en place à La Réunion dès ce week-end

Un confinement partiel en journée « renforcé [par] un couvre-feu strict de 18 heures à 5 heures » sera mis en place à La Réunion « dès ce week-end, pour une période de deux semaines », a annoncé jeudi le préfet de l’île, Jacques Billant. Une première depuis le confinement du printemps 2020.

En journée, « les déplacements s[er]ont limités à un rayon de dix kilomètres autour d[u] domicile, du lundi au samedi », et ce rayon se verra « abaissé à cinq kilomètres le dimanche », a précisé M. Billant, soulignant que les Réunionnais pourront « aller et venir dans un rayon de dix kilomètres dans les magasins » uniquement, au sein desquels le masque devra être porté en continu.

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  • Des mesures de freinage à la Guadeloupe

L’état d’urgence sanitaire a été décrété dans le département de la Guadeloupe mercredi, où des « mesures de freinage » ont été instaurées par la préfecture, au premier rang desquelles la mise en place d’un couvre-feu de 21 heures à 5 heures du matin à compter de vendredi. Les manifestations et événements sportifs ne seront autorisés que « dans la limite de 50 sportifs maximum » à partir de cette date, précise la préfecture sur Twitter. Enfin, les déplacements des personnes non vaccinées entre la Guadeloupe et la métropole ne seront possibles que sur justification d’un motif impérieux à compter du lundi 2 août.

L’ARS alerte sur la progression « fulgurante » des contaminations dans le département. « C’est violent. Nous avons plus qu’un triplement du nombre de cas d’une semaine sur l’autre, ça n’est jamais arrivé lors des vagues précédentes », constate Valérie Denux, la directrice générale de l’ARS. Le nombre de cas confirmés à la Guadeloupe du 19 au 25 juillet s’élève à 1 072, contre 281 la semaine précédente.

L’inquiétude est d’autant plus forte que 30 % de la population guadeloupéenne est classée à risque en raison de la prévalence forte de nombreuses affections de longue durée, d’un taux d’obésité élevé ou encore d’un vieillissement marqué de la population. En outre, la couverture vaccinale est faible dans l’archipel, avec 21 % seulement de la population qui a reçu une première injection, et « 15 % [qui] est complètement vaccinée », a souligné mercredi le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.

Cette quatrième vague se confirme au CHU de Pointe-à-Pitre, qui craint d’arriver à saturation. Le plan blanc a été déclenché dans l’établissement pour mobiliser de nouvelles ressources, mais la capacité maximale est limitée à environ 70 lits.

Dans le département, cette quatrième vague survient dans un contexte de contestation autour du passe sanitaire et de l’obligation vaccinale. La branche santé du syndicat Union générale des travailleurs de la Guadeloupe (UTS-UGTG) a notamment organisé des rassemblements les deux derniers samedis, qui ont regroupé plusieurs centaines de personnes devant le CHU, et en prépare un troisième à Basse-Terre, ce 31 juillet.

  • L’AP-HP « prête » à recevoir des patients antillais

L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) est « prête » à recevoir des patients antillais malades du Covid-19 « très rapidement » , a annoncé, jeudi, son directeur général, Martin Hirsch. « C’est en train de se préparer pour qu’on puisse très rapidement accueillir quelques » malades antillais, a-t-il ainsi fait savoir sur RTL. Ces transferts de malades pourraient avoir lieu « dans les prochains jours. Ce sont les autorités sanitaires qui décident », mais eux sont « prêts dès aujourd’hui », a-t-il assuré. 

« On va essayer aussi de faire de la solidarité avec nos équipes, puisqu’on a, dans nos rangs, dans les hôpitaux d’Ile-de-France, dans les hôpitaux parisiens, un certain nombre de collègues qui sont d’origine antillaise, (…) dont certains ont eu leurs congés et sont sur place. On va leur proposer de prendre quelques jours de volontariat à l’hôpital », a ajouté M. Hirsch. « On fait tout ce qu’on peut, les uns les autres, pour s’entraider dans ces situations très compliquées », a-t-il poursuivi.

  • Deux premiers cas de variant Delta détectés à Mayotte

Deux premiers cas de personnes diagnostiquées positives au variant Delta du Covid-19 ont été enregistrés à Mayotte, a annoncé, jeudi, la directrice de l’ARS, Dominique Voynet. Il s’agit d’un homme venu de métropole et d’une femme enceinte vivant à Mayotte. Le premier avait été diagnostiqué négatif avant de prendre l’avion. Les deux patients ont été placés à l’isolement, tout comme les personnes qui ont été en contact avec elles.

L’archipel de Mayotte, situé dans l’océan Indien, est le territoire français le moins touché par le Covid-19, avec un taux d’incidence de 3,6 pour 100 000 habitants. Mais la vitesse de propagation du variant Delta, la forte proportion de personnes non vaccinées et le manque de lits en réanimation – seulement 17 pour une population officielle de 256 000 habitants – laissent craindre une nouvelle flambée des contaminations. Au début de l’année 2021, le taux d’incidence était monté à 900 pour 100 000 habitants. L’ARS envisage de renforcer les motifs impérieux pour les voyageurs non vaccinés venant à Mayotte, notamment depuis La Réunion.

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Le Monde avec AFP

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