Covid-19 : faut-il en finir avec les priorités et ouvrir la vaccination à un plus large public ? – Sud Ouest

Par Sylvain Petitjean

Les appels à ouvrir la vaccination à un plus large public se multiplient. Mais le professeur Alain Fischer, coordinateur de la stratégie vaccinale, insiste sur la nécessité de vacciner en priorité les personnes vulnérables.

Avec 400 000 injections réalisées chaque jour en France, la campagne de vaccination a atteint une cadence qui permettrait à la moitié des adultes en France d’être vaccinés d’ici deux mois. C’est en tout cas ce que met en avant le comité médical de la plateforme Doctolib dans une tribune signée par une douzaine de médecins.

Le début de la vaccination avec Janssen cette semaine et l’accélération des livraisons incitent l’un des signataires à interpeller le gouvernement : « il faut ouvrir plus largement la vaccination à davantage de monde. Il faut accélérer le calendrier d’ouverture à de nouveaux publics ».

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Si on ouvre, une personne prioritaire ne sera pas vaccinée »

Le gouvernement s’en tient, pour le moment, à la priorisation de certains publics, pour certaines tranches d’âge et depuis peu, pour certaines professions. « Si on se fixe une cible de 80 % d’une tranche d’âge qui doit être vaccinée pour être protégée, il y a encore 4,3 millions de Français qui relèvent de la vaccination qui n’ont pas encore été vaccinés », a expliqué le ministre de la Santé Olivier Véran, à l’issue d’une visite mardi de la cellule de crise de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France à Saint-Denis.

Selon le professeur Alain Fischer, coordinateur de la Stratégie vaccinale en France, « si on l’ouvrait au premier venu, une personne prioritaire ne sera pas vaccinée […] La priorité doit aller aux personnes qui en ont le plus besoin, celles qui ont le plus de risques d’êtres malades, hospitalisées, de mourir.

Le professeur Alain Fischer insiste donc sur le fait qu’il faut « suivre les priorités et aller au bout du processus de vaccination des personnes vulnérables. Il y a encore des personnes vulnérables, la vaccination va être ouverte aux personnes obèses de moins de 50 ans. » Selon le calendrier vaccinal, la vaccination sera étendue le 15 mai aux plus de 50 ans et mi-juin pour les personnes de moins de 50 ans. Des dates maintenues pour l’instant.

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Débrider la question de l’âge

Selon le site “Vite ma dose !”, qui recense les rendez-vous de vaccination dans près de 800 structures en France, 234.532 créneaux de vaccination étaient encore disponibles mardi 27 avril en fin de journée. Ces rendez-vous non honorés ou non réservés, ainsi que les doses non utilisées, poussent les élus locaux à demander une ouverture plus large de la vaccination. Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur Renaud Muselier (LR) a appelé sur BFMTV à ouvrir la vaccination à « ceux qui veulent être vaccinés », sans différenciation d’âge.

Philippe Martin, président (PS) du conseil départemental du Gers, qui a lancé un appel depuis le vaccinodrome de la ville d’Auch, où la moitié des créneaux étaient encore vacants ce mardi. L’élu demande à ce que l’ensemble des Gersois puissent désormais se faire vacciner contre le Covid-19. “Nous disposons des infrastructures, de l’organisation et des doses pour assumer cette ouverture à l’ensemble de la population gersoise”, a assuré Philippe Martin à La Dépêche. 

Pour la maire de Paris Anne Hidalgo, interrogée par FranceInfo, « il est temps d’être plus souple et pragmatique. Il faut débrider la question de l’âge. »

Interrogée sur les initiatives des maires LR de Cannes David Lisnard et du VIIe arrondissement de Paris Rachida Dati d’élargir les publics vaccinés, Anne Hidalgo rappelle que « ce ne sont pas les maires qui décident de qui doit se faire vacciner ». Elle suggère cependant de « fixer des priorités de professions », pour mieux protéger les métiers « de première et deuxième lignes » : les enseignants, les policiers, les agents de propreté ou les employés des supermarchés, comme c’est déjà le cas en Espagne.

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Et pour les enfants ? « On verra cet été »

La question de la vaccination des enfants a fait également surface ces derniers jours. La plupart des scientifiques comme la présidente du comité Vaccin Covid-19 Marie-Paule Kiény, y voient une étape indispensable pour sortir de la crise : « si on veut limiter encore la circulation du virus et la survenue de variants, il faudra considérer la vaccination des enfants ».

« L’objectif final de cette campagne de vaccination, c’est l’immunité de groupe » a rappelé le professeur Alain Fischer, par ailleurs pédiatre. Pour atteindre ce seuil, il faudrait selon lui avoir vacciné 75 % de l’ensemble de la population (enfants compris) ou 85 % de la population adulte. « Est-ce qu’on peut y arriver ? C’est pas sûr… On verra cet été ce qu’il en est du taux de couverture vaccinale. La discussion sur la vaccination des enfants deviendra plus prégnante. »

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