Covid-19 en France : avant l’allocution d’Emmanuel Macron, la vaccination des soignants en débat face au variant Delta – Le Monde

Un centre de vaccination à Lyon, mercredi 7 juillet 2021.

Emmanuel Macron s’adresse aux Français à 20 heures, lundi 12 juillet, pour présenter des mesures contre le très contagieux variant Delta du Covid-19, qui contrarie la relance et les ambitions de réforme du président pour sa fin de mandat.

Le chef de l’Etat « parlera de la situation sanitaire et de son évolution » et « de l’importance de la vaccination », selon son entourage, alors que le conseil scientifique pousse à la rendre obligatoire pour certaines professions. Il évoquera aussi « la bonne santé de l’économie française et l’importance de la relance ».

L’objectif initial de son intervention était de définir le cap pour les dix derniers mois du quinquennat, en évoquant les réformes, notamment celle des retraites. Mais il devrait surtout détailler les mesures validées en conseil de défense lundi matin, sur une éventuelle obligation vaccinale pour les soignants ou une extension du passe sanitaire.

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  • La vaccination des soignants en débat

Imposer la vaccination aux soignants est « une hypothèse très probable », prévenait, dimanche, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Clément Beaune. Le gouvernement planche à cet égard sur un projet de loi qui pourrait être adopté avant la fin juillet.

Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, a plaidé lundi sur Public Sénat en faveur d’une vaccination obligatoire pour les professionnels « en contact avec des publics fragiles, pas uniquement les soignants », comme c’est déjà le cas au Royaume-Uni, en Russie ou aux Etats-Unis.

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De son côté, le secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT), Philippe Martinez, a redit sur RTL son opposition à la vaccination obligatoire pour les soignants, laquelle va les « culpabiliser ». A l’inverse, Michel Barnier, potentiel candidat (Les Républicains) à la présidentielle, et François Bayrou, chef du MoDem, suggèrent de l’imposer à « tout le monde ».

  • « Il faudrait vacciner plus de 90 % de la population pour sortir de la pandémie »

Mais pour l’épidémiologiste Dominique Costagliola, également directrice de recherche à l’Inserm, la vaccination obligatoire des soignants « ne sera pas une réponse miracle ». « Il faut potentiellement revenir sur certaines mesures abandonnées le 30 juin [et décider du] retour des jauges dans les salles à l’intérieur » dans les endroits publics, restaurants compris, a-t-elle affirmé sur BFM-TV.

« Le message envoyé a été de dire C’est l’été, c’est fini, on va avoir un bel été. Malheureusement, ce n’est pas ce qui se présente devant nous. On a raté l’opportunité d’envoyer ce message : On va prudemment rouvrir, mais faites attention parce que ce n’est pas terminé, et surtout vaccinez-vous, vaccinez-vous, vaccinez-vous.” »

Selon Mme Costagliola, il faudrait vacciner contre le Covid-19 plus de 90 % de la population française pour sortir de la pandémie, alors que seulement un peu plus de la moitié des Français ont reçu une première dose, et environ 40 %, la vaccination complète.

Le chef de l’Etat pourrait annoncer d’autres mesures pour contrôler les voyages vis-à-vis des pays où la situation se détériore, comme l’Espagne ou le Portugal, et pour abaisser les jauges (actuellement fixées à 1 000 personnes) pour les événements soumis à un passe sanitaire, comme le recommande le conseil scientifique. Ce dernier suggère également des « restrictions » dans les territoires les plus touchés, « y compris en juillet et août et dans des zones de vacances », et évoque la possibilité d’un passe vaccinal pour accéder aux restaurants et aux activités culturelles ou sportives.

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  • Des contaminations en hausse

L’allocution télévisée d’Emmanuel Macron intervient deux mois et demi après son annonce du calendrier de déconfinement. Si la pression hospitalière baisse encore, avec 947 personnes en soins critiques, la tendance est à la hausse des contaminations, avec 4 256 nouveaux cas enregistrés dimanche, contre 2 549 il y a une semaine.

Elles pourraient monter « au-dessus de 20 000 début août si nous n’agissons pas », a mis en garde dimanche le ministre de la santé, Olivier Véran. « Nous sommes au départ de quelque chose qui ressemble à une vague épidémique », en raison de la propagation du variant Delta, un « ennemi nouveau parce que beaucoup plus contagieux », a estimé sur Radio J le ministre, selon qui le variant est devenu (ou est en passe d’être) majoritaire dans les nouvelles contaminations depuis ce week-end.

Il a pris en exemple le Royaume-Uni, avec laquelle la France a « quatre semaines de décalage » : le pays est remonté à 30 000 cas quotidiens, et la pression hospitalière « commence à augmenter de 30-40 % par semaine, avec déjà des hôpitaux qui déprogramment les soins ».

  • Passe sanitaire exigé pour assister au défilé du 14-Juillet

Les personnes souhaitant assister au défilé militaire du 14-Juillet, mercredi, sur les Champs-Elysées, à Paris, devront être munies du passe sanitaire, a annoncé lundi la préfecture de police. « Compte tenu de la situation épidémique, plusieurs mesures sanitaires seront obligatoires pour les spectateurs du défilé, qu’ils assistent aux festivités en tribune ou le long de l’avenue des Champs-Elysées », indique la préfecture. « Chaque personne devra être munie de l’une des trois preuves [un schéma de vaccination complet, un test négatif ou un certificat de rétablissement au Covid-19] constituant le passe sanitaire pour entrer dans le périmètre du défilé. » Le port du masque sera obligatoire.

De plus, « une jauge sera appliquée pour réguler l’accès des personnes le long de l’avenue des Champs-Elysées ». La préfecture recommande aux spectateurs de se présenter sur place à l’avance pour optimiser leur chance d’entrer dans le périmètre du défilé.

En 2020, le format du défilé avait été remplacé par une cérémonie restreinte sur la place de la Concorde. L’absence de défilé en France le 14 juillet était une première depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Le Monde avec AFP

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