Covid-19 : écoles, cantines… Pourquoi le milieu scolaire est au coeur des préoccupations ? – Sud Ouest

Faut-il de nouveau fermer les écoles françaises ? Ou alors simplement les cantines, lieux de brassage et donc de potentielles contaminations au Covid-19 ? Depuis que le coronavirus circule en France, ces questions reviennent régulièrement en tête des préoccupations du gouvernement. Et à coup sûr, le sujet a été évoqué ce mercredi matin, lors d’un conseil de défense qui pourrait déboucher sur l’annonce de nouvelles restrictions, jeudi, au cours de la conférence de presse de Jean Castex.

Il faut dire que le contexte n’incite guère à l’optimisme. Alors que le niveau des contaminations est reparti à la hausse, et qu’un éventuel rebond lié aux fêtes est encore redouté, la diffusion des variants anglais et sud-africains, plus contagieux, fait planer la menace d’une explosion des cas dans les semaines à venir, notamment chez les jeunes.  

Des chiffres préoccupants

Au terme des vacances de Noël, la question d’une non-réouverture des établissements scolaires s’est ainsi posée dans notre pays, mais cette option a rapidement été écartée. Alors que la deuxième vague de l’épidémie sévit partout en Europe, beaucoup de nos voisins, eux, n’ont pas hésité : les écoles sont ainsi fermées en Allemagne, au Danemark, aux Pays-Bas, en Autriche, en Angleterre, Pays de Galles, Écosse ou encore en Irlande du Nord. 

Une fermeture, dans notre pays, est réclamée par certains spécialistes, qui s’appuient sur les chiffres communiqués par Santé Publique France. Ainsi, sur la période du 2 au 8 janvier, au moment du retour dans les écoles, le taux de positivité chez les 0–9 ans a atteint 10%, et 8,4% chez les 10–19 ans, chiffres supérieurs à la moyenne générale (6,4%) et les plus hauts pour ces catégories depuis mi-novembre, rapporte France Info

Argument supplémentaire : une étude suisse, publiée la semaine dernière, a mis en évidence l’impact positif d’une fermeture des écoles sur la circulation globale du virus, grâce à une réduction de “la mobilité de 21,6%”.

Le gouvernement n’y est pas favorable

Mais dans les rangs du gouvernement, on prévient que l’hypothèse d’une fermeture des écoles ne sera envisagée qu’en tout dernier recours : “Il faut vraiment que la situation sanitaire soit gravissime pour envisager la fermeture des écoles”, a dit le Premier ministre Jean Castex. Ce mercredi matin, Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique, s’est également prononcé contre une fermeture des écoles.

Reconnaissant les “conséquences assez dramatiques pour les enfants, en particulier les plus fragiles”, d’une éventuelle fermeture, le “monsieur vaccin” du gouvernement, Alain Ficher a néanmoins concédé qu’il “faudrait s’y résoudre” s’il “s’avérait que la circulation du virus chez les enfants est telle que (cela) devienne vraiment dangereux”.

Cette prudence est notamment liée aux effets, encore largement méconnus, des variants anglais et sud-africains, dont on redoute qu’ils touchent plus les enfants. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a indiqué la semaine dernière qu’”une surveillance accrue dans les écoles” allait être mise en place, notamment à travers des “opérations de dépistage”.

Son homologue chargé de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a pour sa part annoncé “un million de tests en milieu scolaire” en janvier. Il a ajouté que la jauge imposée dans les lycées serait sûrement prolongée au-delà du 20 janvier, et a en revanche exclu un éventuel prolongement des vacances de février.

Les cantines, “hauts lieux de contamination”

Ce que redoutent certains spécialistes, c’est évidemment que les enfants, qui développent moins de formes graves de la maladie, ne se contaminent entre eux avant de ramener le virus à la maison. À ce titre, une distinction doit être faite entre les élèves des maternelles et primaires, d’une part, et ceux des collèges et lycées d’autre part, affirme Djillali Annane, chef de service réanimation à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, interrogé par BFMTV :

“Il faut distinguer les petits enfants (…) des collégiens et des lycéens, qui sont plus fréquemment porteurs”, explique-t-il. “Les considérer de la même façon, c’est peut-être faire une erreur grossière”. 

Si la fermeture des écoles est donc loin de faire l’unanimité, notamment en raison des “dégâts”, selon une enseignante, que provoque l’enseignement à distance, l’hypothèse d’une fermeture des cantines est largement évoquée. Et pour cause : alors qu’un protocole strict limite les risques pendant les heures de cours, les repas nécessitent d’enlever le masque et entraînent une multiplication des contacts, favorisant la probabilité d’une contamination.

“Les cantines sont des hauts lieux de transmission et c’est là qu’il faut faire des efforts, estime ainsi l’épidémiologiste suisse Antoine Flahault. On ne peut plus aller dans les bars et restaurants, on réduit les probabilités de transmission chez les adultes, mais cela reste chez les jeunes, qui vont contaminer les classes d’âges plus âgées”.

Fermer les cantines poserait cependant de nombreux problèmes aux parents ne pouvant s’occuper de leurs enfants pendant la pause déjeuner : “Dans beaucoup de cas”, cela reviendrait de facto “à fermer les collèges et les lycées”, assure à BFMTV Philippe Vincent, secrétaire général des personnels de direction SNPDEN-UNSA, car certaines familles renonceraient tout bonnement à scolariser leurs enfants.

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