Covid-19 : ce qu’il faut retenir des annonces de Jean Castex et d’Olivier Véran – Le Monde

Le premier ministre, Jean Castex, et le ministre de la santé, Olivier Véran, lors de leur conférence de presse le 27 décembre 2021, à Paris.

Emmanuel Macron a tenu lundi 27 décembre un conseil de défense sanitaire consacré au Covid-19, juste avant un conseil des ministres exceptionnel, qui a adopté le projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal. Le premier ministre, Jean Castex, et le ministre de la santé, Olivier Véran, ont ensuite tenu ensemble une conférence de presse en début de soirée. « Tout cela semble être un film qui n’en finit pas », a reconnu le premier ministre au moment de décrire une « situation sanitaire extrêmement tendue ».

A quatre jours du Nouvel An, le nombre de contaminations explose, notamment à cause des vagues des variants Delta et Omicron. En France, le nombre de contaminations a dépassé samedi le seuil symbolique de 100 000 cas en vingt-quatre heures, un chiffre encore jamais atteint.

Lundi, plus de 1 600 nouvelles admissions à l’hôpital ont été enregistrées, portant à près de 17 000 le nombre de personnes hospitalisées en raison du Covid-19, selon les données de Santé publique France. La progression concerne aussi le nombre de personnes soignées dans les services de soins critiques, avec 3 333 patients lundi soir, soit 328 de plus que la veille.

  • Le délai pour bénéficier de la dose de rappel ramené à trois mois

Jean Castex a tout d’abord annoncé la réduction du délai entre l’injection et le rappel vaccinal. Dès mardi 28 décembre, il suffira de trois mois après la précédente injection ou infection au Covid-19 pour bénéficier du rappel vaccinal, suivant la recommandation de la Haute Autorité de santé (HAS). Initialement fixé à six mois, ce délai a été réduit à cinq puis, depuis quelques jours, à quatre mois.

  • Retour des jauges

Les jauges seront rétablies pour les grands rassemblements à partir du 3 janvier et pour au moins trois semaines, a ensuite déclaré M. Castex. Les grands rassemblements seront limités à 2 000 personnes au maximum en intérieur et 5 000 personnes au maximum en extérieur, a précisé le premier ministre. Ces mesures, adoptées quelques minutes plus tôt en conseil des ministres, s’appliqueront dans les enceintes sportives mais ne concerneront pas les meetings politiques et l’exercice du culte.

Dans le secteur musical, l’annonce de l’interdiction des concerts debout a provoqué le « désespoir », selon Malika Séguineau, responsable du Prodiss (syndicat national du spectacle musical et de variété). « On redevient un secteur interdit », a-t-elle réagi auprès de l’Agence France-Presse (AFP). « C’est terrible. Nous n’avons pas été consultés », a-t-elle ajouté. « J’échangeais avec des producteurs concernés par des tournées : elles vont être annulées car il n’y a plus aucune disponibilité sur l’année 2022 entre toutes les dates reportées et les nouveaux spectacles », a-t-elle déploré.

  • Consommation debout interdite dans les bars et cafés

Toujours à compter du 3 janvier, les concerts debout seront interdits et la consommation obligatoirement assise dans les bars et les cafés. « Les secteurs économiques impactés par les décisions que la situation nous commande de prendre seront indemnisés dans le cadre de concertations qui seront sans délai, conduites par le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire », a ajouté M. Castex.

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« Mon sentiment est que la liberté de travailler normalement se réduit de plus en plus. Mais si nous voulons rester ouverts, nous devons suivre les conseils à la lettre », a estimé M. Héguy auprès du Monde. « C’est un tour de vis très sévère. Une catastrophe pour les bars et les cafés. C’est une fermeture déguisée », s’est, de son côté, alarmé Didier Chenet président du Groupement national des indépendants (GNI) autre syndicat professionnel.

De leur côté les patrons de discothèques, fermées depuis le 6 décembre, craignent de ne pouvoir rouvrir le 6 janvier comme prévu : ils déduisent de l’interdiction à venir de la consommation debout dans les bars, une « prolongation de leur fermeture pour trois semaines supplémentaires », s’alarme l’UMIH.

  • Consommation interdite dans les cinémas, théâtres et transports collectifs

Consommer des boissons et des aliments dans les cinémas, les théâtres et les transports collectifs, « y compris longue distance », sera également interdit à compter de lundi prochain.

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  • Télétravail « obligatoire » quand c’est possible, trois jours au minimum par semaine

Le recours au télétravail « sera rendu obligatoire » à partir de la rentrée « pour tous les salariés pour lesquels il est possible », à raison de « trois jours minimum par semaine et quatre jours quand cela est possible », a annoncé lundi Jean Castex. La ministre du travail, Elisabeth Borne, mènera mardi une concertation avec les partenaires sociaux à ce sujet, a ajouté le premier ministre, précisant que la mesure prendrait effet « pour une durée de trois semaines ».

La mesure s’appliquera aussi à la fonction publique, a précisé dans la soirée Amélie de Montchalin : « A partir du 3 janvier, pour trois semaines, nous rendons obligatoire le télétravail dans la #fonctionpublique trois jours par semaine. J’invite par ailleurs les agents publics à télétravailler quatre jours par semaine s’ils le peuvent. Montrons à nouveau l’exemple, j’y serai très vigilante ! », a tweeté la ministre de la fonction publique.

  • Port du masque obligatoire dans certains centres-villes

« L’obligation du masque déjà partout applicable à l’intérieur, sera étendue et mieux respectée, notamment dans tous les centres-villes, a déclaré M. Castex. Les préfets adopteront les dispositions correspondantes en lien avec les maires. »

  • Pas de couvre-feu le 31 décembre et la rentrée des classes maintenue au 3 janvier

Comme annoncé ces derniers jours, le gouvernement écarte le couvre-feu et la fermeture des restaurants et des bars pour l’instant. Aussi, le gouvernement reste sur sa « ligne » de ne fermer les établissements scolaires « qu’en dernier recours » : la rentrée des classes ne sera pas reportée et aura bien lieu le 3 janvier, comme prévu. « Nous ne reporterons pas la rentrée ni ne basculerons les collèges et les lycées en distanciel », a expliqué le premier ministre. « Nous amplifierons à la rentrée notre politique de surveillance et de dépistage dans les établissements scolaires », a fait savoir M. Castex.

Enfin, le gouvernement a fait le choix de ne pas imposer de couvre-feu pour la soirée de la Saint-Sylvestre, le 31 décembre. « Limitons les grandes fêtes et les grands dîners, aérons, testons-nous », a néanmoins demandé le premier ministre, qui a aussi fait savoir qu’un nouveau conseil de défense se tiendrait le 5 janvier 2022.

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  • Nouvelle période d’isolement connue en fin de semaine

Le gouvernement se laisse quelques jours supplémentaire pour trancher et annoncera en fin de semaine la nouvelle durée de la période d’isolement pour les cas contacts d’une personne positive au variant Omicron, actuellement de sept à dix-sept jours, à condition qu’ils disposent d’un schéma vaccinal complet.

« Les caractéristiques d’Omicron », variant du virus en passe de devenir majoritaire, « vont nous conduire, après avis des autorités sanitaires, à ajuster notre doctrine sur la durée d’isolement », a expliqué le premier ministre, ajoutant que l’exécutif « fixer[ait] ces règles nouvelles d’ici la fin de semaine ».

En réduisant la période d’isolement, l’idée est d’éviter la paralysie du pays, alors que la multiplication des arrêts de travail pourrait provoquer la « désorganisation possible d’un certain nombre de services essentiels », parmi lesquels « la distribution alimentaire, la sécurité, l’énergie, les transports, les communications et la santé », avait alerté le conseil scientifique jeudi.

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  • L’état d’urgence sanitaire déclaré à La Réunion

En outre-mer, où la situation se détériore également, le premier ministre a annoncé que l’état d’urgence sanitaire serait déclaré dans l’île de La Réunion. Il sera par ailleurs prolongé à la Martinique.

  • Passe vaccinal : les gérants pourraient contrôler eux-mêmes les identités « en cas de doute avéré »

Mais « la vaccination reste au cœur de la stratégie du gouvernement », a rappelé M. Castex. « Elle prémunit contre les formes graves du Covid. Oui la vaccination nous protège, protège les autres et les services de santé rudement mis à l’épreuve », a assuré le premier ministre. C’est l’objectif de la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal. Initialement prévu pour une entrée en vigueur à la fin de janvier, le projet de loi, présenté lundi en conseil des ministres, sera examiné en commission à l’Assemblée nationale dès mercredi 29 décembre, avant d’aller au Sénat à partir du 5 janvier.

Dans le détail, il transforme le passe sanitaire en passe vaccinal « pour l’accès aux activités de loisirs, aux restaurants et débits de boisson, aux foires, séminaires et salons professionnels ou encore aux transports interrégionaux », notamment ferroviaires. La seule présentation d’un test négatif demeurerait en revanche valable « pour l’accès aux établissements et services de santé et médico-sociaux ».

Le premier ministre a confirmé que les gérants des établissements recevant du public (ERP) « auront la possibilité, en cas de doute avéré, de vérifier eux-mêmes les identités » des personnes présentant leur passe vaccinal. MM. Castex et Véran ont toutefois précisé attendre l’issue de la discussion parlementaire sur le sujet, qui avait été houleuse lors des débats autour du passe sanitaire cet été.

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  • Faux passes sanitaires : sanctions et contrôles seront renforcés

Le gouvernement a réitéré sa volonté de renforcer les sanctions contre les « faux passes sanitaires », dans le cadre de son projet de loi consacré au passe vaccinal, un « acte délibéré de mise en danger d’autrui » qui « scandalise » M. Castex. « Aucune conviction personnelle ne saurait le justifier, ce n’est pas admissible et nous devons collectivement nous donner les moyens de l’enrayer, et de le sanctionner plus lourdement », a martelé le premier ministre.

Le Monde avec AFP

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