Covid-19. Autotests pour enfants dans un mouchoir et mouche-bébé : est-ce vraiment efficace ? – actu.fr

Des enfants testés positifs lors de la campagne de dépistage par tests salivaires ont été testés négatifs 24 h après à l'aide de tests nasopharyngés. (Photo d'archives)
Pour avoir des résultats les plus fiables, il faut que les enfants soient testés dans des laboratoires. (© Photo d’archives Le Courrier des Yvelines)

Face à la vague de cas de Covid-19 dans les écoles, le gouvernement a fait des autotests un outil qui doit permettre de garder les classes ouvertes. Même si 21 049 d’entre-elles sont fermées dans le pays, cela ne représente « que » 3,99% de l’ensemble des classes. 

Mais cette stratégie d’autotests pèse sur les parents qui ont parfois du mal à tester leurs progénitures. L’écouvillon dans le nez peut être un acte délicat à réaliser et certains enfants le redoutent. 

Dans le mouche-bébé ou le mouchoir directement

Depuis plusieurs jours, fleurissent sur les réseaux sociaux des témoignages de parents qui ont décidé de prélever le mucus à l’aide d’un mouche-bébé, ou dans un mouchoir usagé. Ils glissent ensuite l’écouvillon directement dedans au lieu de le mettre dans la narine.

Une « astuce refilée par une voisine infirmière pédiatrique », indique un internaute sur Twitter. « Un peu dégueu, mais efficace s’il y a du mucus, et pas invasif. »

« Je confirme que cette méthode réalisée mardi dernier pour mon fils de 2 ans (avec le mouche-bébé) a donné un + (cas positif NDLR) », explique une autre personne sur Twitter. 

Si elle permet de déceler des cas positifs, cette méthode n’est pas des plus efficaces.

C’est quoi un mouche-bébé ?

Il s’agit d’un dispositif médical qui permet de moucher et de nettoyer le nez du bébé par aspiration.

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Il faut une charge virale très importante

« C’est une alternative », reconnaît Éric Guiheneuf, biologiste médical d’Amiens, contacté par actu.fr. « Mais clairement, la qualité est moindre qu’avec un prélèvement ordinaire. » 

Plusieurs raisons expliquent cette baisse de qualité. Cette méthode permet de récupérer les sécrétions nasales de l’enfant, mais pas les cellules. « Or, c’est là où on va trouver le virus », précise Éric Guiheneuf. 

François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes joint par actu.fr, assure que cette méthode « n’a pas été validée, ni scientifiquement, ni techniquement, […] les gens prennent un risque ». 

Oui, mais certains tests reviennent tout de même positifs

Si l’enfant est porteur d’une grande quantité de virus, il y en aura peut-être dans les sécrétions nasales. Plus une personne est porteuse d’une charge virale importante, plus l’autotest est sensible.

François BlanchecottePrésident du Syndicat des biologistes

« Il n’est pas prévu que des autotests soient utilisés de cette manière-là« , ajoute Éric Guiheneuf.

Pour autoriser cette méthode, il faudrait ainsi faire des essais sur des centaines de patients, afin de voir si cela fonctionne, avoir un retour d’expérience, avec des données scientifiques.

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« Un filet avec de très grandes mailles »

Surtout, avec cette méthode, François Blanchecotte craint que de nombreux cas positifs passent au travers des tests. 

C’est comme si le filet avait de très grandes mailles, vous attraperez les hyper-positifs [ceux qui ont une charge virale importante NDLR] et vous laisserez tomber les autres.

François BlanchecottePrésident du syndicat des biologistes

Pour Éric Guiheneuf, c’est un compromis à trouver : « La sensibilité n’est déjà pas très bonne avec les autotests. Mais aujourd’hui l’intérêt n’est plus médical, il est de sortir de l’isolement », estime-t-il. 

Le président du Syndicat des biologistes va, de son côté, plus loin dans le raisonnement : « L’autotest n’a de valeur que dans la répétition. Pour les enfants, c’est mieux de venir en laboratoire. » 

Là-bas, les tests seront plus fiables, qu’ils soient antigéniques ou PCR, mais une alternative sera aussi proposée aux familles, le test salivaire, « pour les enfants qui sont capables de cracher au moins un millilitre ».

Toutefois, le délai de rendu sera plus long. « Mais l’intérêt d’aller en laboratoire, c’est d’avoir des opérateurs expérimentés, notamment avec les enfants », certifie Éric Guiheneuf. Sauf que voilà, « nous n’avons pas la capacité de faire tous les tests », déplore ce biologiste. 

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Des astuces pour réussir l’autotest

Dès lors, il faudra bien se résoudre à tester son enfant. Et pour cela, Éric Guiheneuf nous donne quelques conseils. « Avant tout, il faut demander conseil en officine sur comment le faire », rappelle le biologiste. Si on a un doute, « de très bons tutos existent sur internet » (comme celui-ci). 

« Il ne faut pas enfoncer l’écouvillon trop loin dans le nez, pour ne pas abîmer la fosse nasale », prévient François Blanchecotte. 

Il faut bien orienter l’écouvillon, non pas vers le haut du crâne, mais vers le fond : à l’horizontal par rapport à la fosse nasale.

Éric GuiheneufBiologiste médical

Et le biologiste de rajouter, « un prélèvement bien réalisé sera désagréable, mais ne sera pas douloureux ». 

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