Covid-19 : à quand la fin du port du masque à l’extérieur ? – Le Parisien

La vue sur la tour en pierre du Castella, le tintement des verres qui s’entrechoquent, le visage baigné par le soleil. Tout le visage. Car que ce soit sur la terrasse du Donjon ou aux abords, les tissus bleus sur le bout du nez ne sont plus légion. Voilà plus d’un mois qu’un arrêté préfectoral permet aux habitants de Tarascon-sur-Ariège, de ne plus porter le masque à l’extérieur, sauf aux abords des écoles ou sur le marché. Ce que ça change pour cette petite ville au pied des montagnes ? « Mais tout ! s’exclame Martine Mazoin, la gérante de la brasserie. On se voit, on se reconnaît, on se comprend, on se sourit. On vit, tout simplement », liste-t-elle, sans oublier le détail choc, la fin de la buée sur ses lunettes quand elle se promène.

«Ce n’est pas une décision prise à la légère»

Contrairement à Israël ou aux États-Unis – qui ont respectivement assoupli cet usage mi et fin avril – la France avance masquée. Même si les initiatives locales se multiplient. Dehors, le masque disparaît ainsi progressivement dans le Cher (excepté dans l’hypercentre de Bourges), la Creuse, la Lozère. Dans les communes de moins de 10 000 habitants du Puy-de-Dôme. Dans les Alpes-Maritimes, il n’est plus obligatoire sur le littoral ou dans les espaces verts. À Arcachon (Gironde), on peut s’en passer, même au centre-ville.

« Ce n’est pas une décision prise à la légère », insiste Françoise Mesnard, la maire (PS) de Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime), qui a sauté le pas le 15 mai. « Notre incidence est basse, à 38, en deçà du seuil d’alerte de 50. Nous avons une population un peu plus vaccinée que la moyenne nationale, et avec la vallée de la Boutonne ou le Plan d’eau, on a de la place. Toutes les conditions sont réunies pour soulager un peu les habitants à l’extérieur », relève l’élue, qui est aussi médecin de santé publique. « Et puis, l’enlever n’est pas une obligation, rappelle-t-elle. Chacun fait ce qu’il veut. » Elle-même a du mal à se découvrir… « C’est un peu schizophrénique cette histoire, plaisante-t-elle. D’un côté, on en a ras le bol. De l’autre, on a peur de l’enlever. »

Le ministère y réfléchit

À mesure que l’épidémie recule dans l’Hexagone et que les lits d’hôpitaux se libèrent progressivement, la question se fait pressante. Retour (enfin) du beau temps, perspective du 9 juin et de la réouverture totale des restaurants, vaccination pour tous dès ce lundi… Face à ces portes ouvertes sur une vie normalisée, le masque apparaît comme le dernier verrou. « Il est trop tôt pour dire on le lâche le port à l’extérieur. À l’intérieur, n’en parlons même pas ! Mais la pression épidémique étant de moins en moins forte, sans doute va-t-il falloir réévaluer son utilité, notamment dans certaines zones à l’air libre », nous confie-t-on dans l’entourage d’Olivier Véran, le ministre de la Santé.

Cela tombe bien, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), qui aide aux décisions sanitaires, n’attend que cela, une saisine du ministère pour s’exprimer sur le sujet. « Nous pourrions rendre un avis en quelques jours », confirme le coprésident de son groupe de travail Covid-19, le professeur Didier Lepelletier, spécialiste de la prévention et du contrôle des infections au CHU de Nantes (Loire-Atlantique). Selon lui, il faudrait diviser l’extérieur. « En clair, ce serait : si vous êtes seul, ne portez pas de masque, vous n’avez personne à protéger. Si vous êtes entouré d’une forte densité de personnes, continuez à le mettre », synthétise-t-il. Mais attention, prudence, surveillance et progressivité sont de mise. « Se comparer par exemple aux États-Unis n’est pas une bonne idée. Ils ont un trimestre d’avance sur nous sur la vaccination. Nous commençons juste celle des 20-40 ans qui est la population qui transmet le plus », appuie-t-il.

« Il est encore trop tôt pour l’abandonner, même à l’extérieur, tranche de son côté Patrick Chamboredon, président de l’Ordre des infirmiers. Tant que l’immunité collective n’est pas atteinte, il faut rester prudents. Certes, les réas se désemplissent, mais cet été, les soignants seront confrontés à une forte activité avec toutes les reprogrammations. Se relâcher maintenant, c’est prendre le risque de voir l’épidémie flamber à nouveau ! » Pour éviter cela, tout en assouplissant la contrainte du masque, Didier Lepelletier propose, lui, de miser sur l’information et la pédagogie. « Éduquer la population aux bons gestes, c’est primordial. De nos comportements individuels va naître le succès collectif. On peut y arriver. »

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